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Démonstration de kimono au Japan Film Festival in Brussels

Konnichiwa,
Il est temps de vous parler de ce que nous avons découvert avec beaucoup de plaisir lors des activités culturelles organisées autour du Japan Film Festival in Brussels.


Il y a beaucoup de choses à dire et c’est pourquoi nous avons pris la décision, Sébastien et moi, pour ces articles à 4 mains, de vous présenter une activité à la fois.

Pour commencer, celle pour laquelle nous avons fait le déplacement : la démonstration de Kimono avec Madame Hiromi Fujiwara avec l’aide du CISM.be. Vous trouverez toutes les données de contact à la fin de l’article.

Une chose est sûre, on n’a pas du tout regretté d’être venus ! Cette démonstration de kimono était vraiment instructive et intéressante, sans parler de la beauté des tissus…


Je tiens à souligner que les Japonaises venues donner les explications, pendant que madame Hiromi s’affairait, ont fait l’effort de présenter à la fois en français et en néerlandais. Cela m’a beaucoup touché car cela démontrait une volonté de rendre l’art de porter le kimono accessible au plus grand nombre !


Sans plus attendre, voyons ensemble quelques informations générales si vous le voulez bien…


Tout d’abord, le mot « kimono » signifie « quelque chose que l’on porte [sur soi] » et désigne un vêtement en forme de T avec des manches tombantes que l’on noue à la taille au moyen d’une ceinture « Obi ».

Historiquement, l’étude du terme de « kimono » est très intéressante. En effet, Madame Nagasaki Iwao, dans l’Introduction du livre intitulé « Kimonos » et paru aux éditions « La bibliothèque des Arts » en 2015, nous dit ceci : « Le terme « kimono » apparait pour la première fois dans les sources documentaires du XIIIe siècle.

Il se réfère alors à l’habillement en général, plutôt qu’à un type particulier de vêtement. Pendant la période Momoyama, le mot figure dans les rapports des missionnaires portugais pour décrire la forme et l’apparence spécifique, suggérant qu’à ce moment-là, le kimono était devenu synonyme de « Kosode ».

Mais qu’est-ce qu’un « Kosode » (小袖) ? Il s’agit d’un terme générique qui désigne tous les vêtements longs fabriqués avant l’ère Meiji (1868-1912) et qui signifie littéralement « petites manches », renvoyant aux ouvertures relativement étroites pour le passage des mains et des bras. De ce fait, il ne fait pas référence à la longueur de celles-ci.

Son emploi remonte à la période Heian et était porté par l’aristocratie comme vêtement de dessous. La mode vestimentaire évolua au fil du temps et le « kosode » incarna le reflet des changements politiques d’une société en mouvement pour devenir petit à petit le principal vêtement extérieur utilisé dans toutes les couches de la société à partir du XVIe siècle.

Comme l’auteure de l’extrait le souligne, on assiste à un glissement de signification entre les termes de « Kosode » et de « Kimono ». Elle poursuit en précisant « Mais c’est véritablement au cours de la période Edo que l’emploi de ce dernier se généralisa ». Au vu de ces informations, il existe donc une filiation directe entre ces deux notions.

Autrefois vêtement quotidien des Japonais, il n’est plus porté, malheureusement, que pour les occasions, les fêtes, les moments solennels, etc. C’est pourquoi, c’est si important de le (re)découvrir !

Bon à savoir…

Précisons que, contrairement à notre habitude occidentale, le mot kimono ne doit pas être confondu avec le nom des vêtements utilisés pour les arts martiaux (judôgi, karategi,…).

Il est important de savoir qu’il faut impérativement mettre le pan de tissu gauche par-dessus le droit ! Le contraire est réservé aux personnes défuntes…

Kimono ou Yukata?

N’étant pas habitués, nous, Occidentaux, pourrions facilement confondre le kimono et le yukata qui sont pourtant bien différents !

Le kimono est fait dans un tissu précieux, généralement de la soie et richement décoré. Il se porte obligatoirement par-dessus un sous-vêtement nommé « nagajuban » qui a pour mission de protéger le kimono de la transpiration entre autres.

D’ailleurs, on l’aperçoit au niveau du col, c’est la doublure blanche sous le beau tissu du kimono.

Avec le kimono, on porte également des tabi blanches (chaussettes avec une séparation entre le gros orteil et les autres) et des geta (sandales en bois avec une lanière passant entre le gros orteil et les autres). Le kimono est porté pour des occasions formelles.

Le yukata, en revanche, est un vêtement décontracté, généralement en coton qui se porte sans « nagajuban » ; les tabi ne sont pas obligatoires.

Pour encore un peu corser l’histoire, sachez qu’il y a plusieurs sortes de kimono mais nous n’allons pas toutes les détailler ici. Retenons déjà celles-ci :

  • Kurotomesode : kimono noir avec des motifs uniquement sous la taille, réservé aux femmes mariées. Utilisé pour les occasions très formelles.
  • Tomesode : Kimono d’une autre couleur que le noir avec des motifs uniquement sous la taille, réservé aux femmes mariées. Utilisé pour les occasions formelles
  • Furisode : Kimono aux motifs plus colorés, ayant de plus longues manches, réservé aux femmes célibataires et jeunes (avant la trentaine). Utilisé pour les occasions formelles
A gauche : yukata – A droite : kimono furisode

Arrêtons-nous un instant sur les motifs décoratifs. Reconnaissez-vous la fleur ci-dessous ? Il s’agit de l’espèce considérée comme la reine des fleurs, la pivoine, « Botan » (牡丹).

Emblématique du printemps, ces pétales créent une impression de grande dignité et de prospérité.

C’est bien beau tout ça mais comment le porte-t-on, ce kimono ?

Grâce à Hiromi-san et ses amies du CISM.be, on a vu à quel point c’est technique et précis de revêtir un kimono. Voyez plutôt :

Notez le Kurotomesode porté par Hiromi-san

Elles nous ont expliqué que la silhouette idéale pour que le kimono tombe bien est une silhouette cylindrique.

Pour cette raison, on attache des essuies à la taille de cette jeune dame pour combler le creux naturel à ce niveau. On utilise des cordons pour bien les fixer, il ne faudrait pas qu’ils tombent !

A l’étape suivante, on ferme le nagajuban en prenant bien soin de croiser le pan gauche au-dessus du droit. On utilise de longues et fines bandes de tissu pour bien le fermer.

Il est temps de mettre le kimono proprement dit. Notons que le tissu est trop long et arrive au sol. C’est tout à fait normal, cela permet d’ajuster le vêtement à la hauteur de la personne qui le porte.

Pour se faire, on utilise de nouveau de longues bandes de tissus, deux pour être exact. Une par-dessous pour ajuster la hauteur et une par-dessus pour bien maintenir le tissu et que le tout ne s’ouvre pas.

Remarquons les très belles fleurs de cerisier qui ornent ce kimono.

Du fait de sa durée de vie éphémère, elle est souvent comparée aux samouraïs qui étaient prêts à mettre leur vie en péril pour leur maître, ce qui en fait donc un important symbole de loyauté.

Dans les représentations artistiques, les fleurs de sakura ressemblent à s’y méprendre aux fleurs de prunier mais la différence la plus facilement reconnaissable est que la fleur de cerisier présente un léger retrait au centre de chaque pétale, tandis que les pétales de la fleur de prunier sont parfaitement ronds. Maintenant, vous ne pourrez plus vous tromper 😉

Reprenons notre premier mannequin pour voir la dernière étape de l’habillage avec le kimono : la mise en place de la ceinture obi et de son noeud à l’arrière.

On utilise un obi-makura, petit coussin (ici en vert pâle) afin de donner du volume au noeud de l’obi et aider à le maintenir. On termine en nouant l’obijime (dans les mains de Hiromi-san), un cordon décoratif en soie. Il termine joliment la tenue et maintient en place l’obi.

Voici le noeud de l’obi terminé. C’est beau n’est-ce pas?

Pour aller plus loin…

Il faut beaucoup de savoir-faire pour réussir à bien mettre en place le kimono et nouer joliment l’obi.

Hiromi-san donne d’ailleurs des cours pour enseigner cela et se fait un plaisir de partager ainsi sa culture. Qui parmi vous voudrait assister à l’un de ces cours ?

Si vous êtes intéressé(e)s par le sujet des kimono, voici quelques liens pour pouvoir prendre contact avec Hiromi-San ou ses amies du CISM.be:

Instagram de Madame Himori: https://www.instagram.com/kimono_madamehiromi/?hl=fr

Boutique de Madame Himori sur Instagram: https://www.instagram.com/lartdukimono/?hl=fr

Compte Facebook de Madame Himori: https://www.facebook.com/hiromi.fujiwara.902

Boutique de Madame Himori sur Facebook: https://www.facebook.com/search/top?q=l%27art%20du%20kimono

Page Facebook du CISM.be:

https://www.facebook.com/cism.be

Les livres japonais anciens

Bonjour tout le monde, je suis très heureux de vous retrouver pour cet article destiné aux livres anciens japonais.

Plusieurs d’entre vous m’ont fourni des observations très pertinentes mais un livre a tellement d’autres secrets à livrer… C’est ce que nous allons voir aujourd’hui. Néanmoins, je ne souhaite pas entrer dans une analyse approfondie mais bien de présenter les différents éléments auxquels vous devrez faire attention si vous souhaitez vous lancer dans l’acquisition de telles pièces.

Avant de commencer, je trouve intéressant de m’attarder un instant sur la manière de manipuler ces ouvrages. Pour ce faire, j’ai choisi deux méthodes. La première est d’utiliser des gants en coton ou en nitrile. L’avantage est que la matière constitue un rempart efficace entre vos doigts et le papier, protégeant ce dernier des bactéries et du sébum, une matière présente naturellement sur la peau mais qui fait le bonheur de ces organismes indésirables. Avantage majeur mais qui présente aussi deux inconvénients. Le premier est que vous devez exercer une pression plus importante sur le papier, ce qui augmente le risque de déchirure. Le second est le port de gants qui vous prive du toucher et des informations que vous pouvez en tirer.  La seconde méthode est de manipuler l’ouvrage avec vos doigts. Vous l’aurez compris, l’avantage de la première méthode est l’inconvénient majeur de celle-ci. Pour y remédier, lavez-vous minutieusement les mains et n’hésitez pas à le faire plusieurs fois durant toute la durée de votre étude, de vos observations. Bien entendu, des sites spécialisés dans la conservation des manuscrits vous fourniront d’autres méthodes ainsi que de précieux conseils.

Entrons maintenant dans le vif du sujet et intéressons-nous tout d’abord à l’état général. Comme Jennifer l’a souligné, la couverture du livre présente des manques sur les côtés et on peut observer des taches sur différentes pages sans que celles-ci en viennent à altérer leur lecture. Toutefois, on peut considérer que l’ouvrage est en bon état.

Photo personnelle

Un second élément à observer est la taille du livre. Le professeur Wataru Ichinohe, enseignant à l’université Keio et spécialiste de la bibliographie et de la littérature japonaise à la période Edo fournit une explication très importante : « Classiquement, la taille du livre dépend de celle du papier utilisé pour le fabriquer et en fonction de celle-ci, il est également possible d’en déterminer le contenu ». Les dimensions de ce dernier sont de 21.6 cm de longueur sur 14,7 cm de largeur. Au regard de ses dimensions, je classerais ce livre dans la catégorie des Hanshibon, les livres demi-format très généralistes et qui ont tendance à se concentrer sur un contenu éducatif, illustré ou lié aux haïku. Je reviendrai sur le contenu du livre dans un instant.

Concentrons-nous à présent sur la couverture du livre. Que nous apprend-t-elle ? Tout d’abord, la couleur bleue est obtenue par l’indigo, ai (藍) et provient de l’indigotier. Il est tout à fait possible de rencontrer des nuances différentes allant d’un bleu clair à un bleu profond, assombri par des teintures répétées. Ensuite, remarquons qu’il n’y a pas de décoration sur celle-ci et qu’elle réalisée en papier. En effet, plusieurs techniques peuvent être utilisées pour amener de la décoration et les couvertures n’étaient pas toutes réalisées en papier, il est tout à fait possible d’en rencontrer recouvertes de tissu.

Un second élément à observer est le titre et sa position. Le livre est intitulé « Onnayô kinmozui » (女用訓蒙図彙) et renvoie à une encyclopédie illustrée de vêtements féminins et d’objets utilitaires de la période Edo. Deuxième élément, la position du titre présent sur le côté gauche de la couverture. En règle générale, le titre de couverture, gedai (外題), se trouve soit à gauche, soit au centre de la couverture. En effet, Le professeur Takahiro Sasaki, spécialiste de la bibliographie et de la littérature japonaise à la période médiévale souligne que les livres présentant un titre à gauche contenaient des textes liés aux waka (recueils de poésie) alors que ceux dont le titre est au centre renseignaient un contenu lié aux contes (monogatari) et dont vous pouvez voir un exemple ci-dessous. Au cours de ma formation sur les livres rares japonais, il a été précisé que cette règle trouvait sa source dans un manuel de calligraphie de la période Kamakura.

Nara e-hon, hachikatsugi, auteur inconnu, période Edo (XVIIe siècle)

Photo personnelle

Cela n’explique toujours pas la raison d’être du titre à gauche ou au centre me direz-vous. J’y arrive… Le professeur Sasaki précise que les ouvrages liés aux waka pouvaient être transformés en rouleau. Cette méthode de reliure porte le nom de kansusô (巻子装) et constitue la méthode de reliure la plus prestigieuse. À l’inverse, les récits de fiction ne pouvaient bénéficier de ce changement de « statut » car ils étaient perçus comme moins prestigieux, sauf s’ils contenaient des images. De fait, lorsque vous observez la couverture d’un livre relié au format rouleau, vous verrez que le titre apparaît à gauche, exactement comme sur le livre que nous étudions.

Vous pouvez trouver un très bel exemple de livre au format rouleau sur le site du Musée National de Tokyo en suivant le lien ci-dessous :

Musée National de Tokyo : e国宝 – 漢書楊雄伝第五十七 (nich.go.jp)

Je me permets également une petite parenthèse car ce site est très enrichissant et les explications de chaque pièce sont très détaillées. À bon entendeur 😉

Mais en ce qui concerne celui qui nous intéresse, le titre est à gauche et ce n’est pas un recueil de poésie ni un conte illustré alors comment l’expliquer ? Ces règles ont été respectées jusqu’au XVIIe siècle. À cette époque, les livres imprimés entrèrent dans une phase exponentielle de développement suite au perfectionnement des méthodes d’impression et avec elles, de plus en plus d’exceptions à ces règles virent le jour. Ainsi, le livre que nous étudions aujourd’hui ne respecte pas cette convention.

Photo personnelle

Le troisième élément à observer est la reliure. Celle-ci est de type Fukurotoji (袋綴). Le professeur Sasaki résume brièvement l’histoire de ce type de ce procédé en ces termes : « Les livres les plus anciens reliés à l’aide de cette technique datent du XIIIe siècle et son usage s’est généralisé à partir du XVe siècle pour s’accroître encore davantage au XVIIe siècle afin de répondre à une demande de plus en plus importante, à tel point qu’aujourd’hui, lorsque l’on parle de livres anciens japonais, l’image qui apparaît en premier est celle de ce type de livre. »

Mais quelles sont les caractéristiques d’une reliure Fukurotoji ? Tout d’abord, les feuilles de papier sont pliées verticalement et empilées les unes sur les autres mais la particularité se trouve au niveau des bords du pli. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessous, le pli se trouve sur la partie externe du livre. Ainsi, c’est la partie libre du papier qui est cousue et lorsque que l’on observe le papier, celui-ci se présente sous la forme d’un tube, ce qui signifie qu’une seule face est utilisée. Durant le processus de fabrication, les pages sont provisoirement reliées à l’aide d’une ficelle de papier portant le nom de koyori (紙縒り). Enfin, une couverture est apposée et la couture est réalisée avec du fil.

Photo personnelle

Je profite de la photographie ci-dessus pour attirer votre attention sur un autre élément important et non des moindres, le type de papier utilisé. Celui-ci est blanc, très fin et doux au toucher. Je pense que vous voyez où je veux en venir 😉 Le papier n’est utilisé que sur une seule face, ce qui est à mettre en relation directe avec sa finesse qui n’aurait pas permis d’écrire sur chaque côté. Raison pour laquelle la plupart des livres de type Fukurotoji ont été réalisés avec un papier très fin.

Maintenant, de quel type de papier s’agit-il ? Vous avez déjà plusieurs de ses caractéristiques : blancheur, finesse et douceur. Lorsque l’on tourne les pages du livres, elles n’émettent pas un bruit spécifique. Allons plus loin et observons les fibres du papier. Sur la photo ci-dessous, vous pouvez observer une page agrandie cent fois. Vous remarquerez qu’il y a des fibres plus larges, d’autres plus étroites et de manières générales, les fibres de ce papier sont longues. Ces différents éléments permettent de déterminer qu’il s’agit d’un papier fabriqué à partir du murier à papier et qui porte le nom de kôzogami (楮紙). C’est un papier couramment utilisé en raison de sa facilité de production. Toutefois, il existe une multitude de papiers différents et tous possèdent des spécificités qu’il convient de vérifier.

Photo personnelle

Vous pensez qu’on en a terminé !?! Vous êtes encore très loin de la vérité 😀

Observez la photo ci-dessous. Sur le côté, je pense que vous pouvez voir une multitude de lignes horizontales. De quoi s’agit-il ? Ces lignes portent le nom de sunome (簀の目) et sont les marques laissées par le tamis utilisé lors de la fabrication de la feuille de papier. Ces marques varient en fonction du tamis employé et leur étude permet, dans certains cas, de déterminer avec une certaine exactitude la période de fabrication.

Photo personnelle

Je terminerai cet article en parlant de l’impression et de l’écriture. Béatrice et Jacky m’ont interpellé concernant ces deux éléments et je les en remercie.

Concernant la technique d’impression, j’opterais pour une impression au bloc de bois dont je vais présenter le principe général. Concrètement, une plaque de bois, la matrice, est gravée en fonction des motifs à reporter sur le papier. Il peut s’agir de texte ou de dessins. Lorsque la matrice est prête, de l’encre est déposée sur celle-ci. Ensuite, on dépose le papier et on presse. Dans ce cas-ci, il n’y a qu’une seule couleur donc il n’y avait qu’une matrice pour chaque page mais pour amener de la couleur avec ce procédé, il faut autant de matrices qu’il y a de couleurs et c’est notamment avec l’apparition de l’Ukiyo-e que l’impression en couleur se développa considérablement durant la période Edo.

Il me reste à parler de l’écriture et là, soufflez un instant parce que notre histoire se complique. Attardons-nous un moment sur la langue japonaise.

Les kanji possèdent deux prononciations principales : la lecture « on », à la chinoise et la lecture « kun », à la japonaise. Le professeur Sasaki souligne que le Japon ne disposait pas de système d’écriture et qu’en conséquence, ils n’ont eu d’autre choix que d’utiliser l’écriture chinoise. Toutefois, le Japon ressentait le besoin de codifier la langue japonaise telle qu’elle était. Il ajoute que pour lire des textes écrits en kanji, ils devaient comprendre à la fois la signification et la prononciation de chaque caractère. Afin que la prononciation des kanji correspondent à la langue japonaise orale, ils inventèrent leur propre façon de prononcer les kanji, de sorte qu’un kanji correspondait à un son. Toutefois, plusieurs kanji pouvaient représenter le même son. De ce fait, le professeur Sasaki précise qu’ils utilisèrent les caractères chinois pour leur signification mais également pour représenter les sons de leur langue. Ce système a été utilisé dans une anthologie de poésie du VIIIe siècle, le Man’Yôshû qui a donné son nom à cette méthode de rattacher un kanji par son, le Man’yôgana. Toujours selon l’étude du professeur Sasaki, ce système présentait deux inconvénients. Le premier est qu’avec cette méthode, les phrases avaient tendance à devenir très longues. En outre, certains caractères étaient trop élaborés en tant que représentations de sons uniques, ce qui rendait leur lecture et surtout leur écriture, trop longue. C’est pourquoi les syllabaires hiragana et katakana ont été développés.

Sur l’extrait ci-dessous, j’ai mis en évidence deux exemples de hentaigana (変体仮名). Ceux-ci sont une forme d’hiragana découlant directement des kanji simplifiés des man’yôgana. Ils sont aujourd’hui obsolètes car le système d’écriture a été standardisé en 1900, de sorte que chaque syllabe corresponde à un son. Les deux hentaigana mis en évidence sur l’image ci-dessous pourraient correspondre aux hiragana actuels « no » et « zu » mais je tiens à préciser qu’il s’agit d’une hypothèse car je ne suis pas un spécialiste des hentaigana.

Photo personnelle

1 : No

2 : Zu

Notre exploration touche à sa fin et je vais conclure cet article par une phrase du professeur Sasaki qui m’a profondément touché lors de mes deux formations : « Les livres traditionnels se déclinent en une grande variété de reliures, de tailles, de formes et de styles de couverture, mais ils ont tous en commun la finesse de leur fabrication. Cela pourrait bien être une caractéristique de la culture japonaise dans son ensemble. » J’ajouterai que chaque pièce, que ce soit un livre, un objet laqué, une porcelaine s’inscrivent dans un contexte historique, économique, artistique. Respectons ces témoins du passé, apprenons à les connaître.

J’espère que cet article vous a plu 😊 N’hésitez pas à me faire part de vos interrogations, remarques en commentaires.

Je tiens à remercier Jennifer, Béatrice et Jacky pour leur contribution.

N’hésitez pas à suivre Jennifer sur son compte Instagram : 7jenn_japanista

Découvrez les magnifiques photos de Jacky sur sa page Facebook : Kyoto and Japan Discovery

À bientôt 😉

Guide illustré du Japon traditionnel – 1 – Architecture et objets du quotidien

Le Japon a beau être un pays moderne avec beaucoup de technologies, il n’en reste pas moins ancré dans ses traditions, héritage de sa culture ancestrale. Cette tradition, on la retrouve partout au Japon, non pas en contradiction avec la « modernité » mais, au contraire, mêlée à elle. Le tout formant un ensemble indissociable.

C’est avec un livre qui présente ces éléments traditionnels nippons que je reviens vers vous. Il s’agit du premier opus d’une série de trois ouvrages, ayant des thématiques différentes et indépendantes les unes des autres.

La particularité des ouvrages de cette collection est de fournir de nombreuses illustrations détaillées et attrayantes avec des explications très précises mais parfaitement compréhensibles. Chaque entrée de ce lexique est accompagnée de sa traduction en japonais ainsi que sa lecture en rômaji (caractères latins).

Que l’on soit néophyte ou déjà initié, chacun y trouvera son compte. Le premier pourra découvrir des explications culturelles et historiques importantes sur ce qu’il peut rencontrer en allant au Japon. Le second retrouvera rapidement des termes précis pour améliorer ses connaissances.

Ce premier volume, absolument passionnant, est scindé en deux parties. D’une part l’architecture des maisons, temples, sanctuaires, jardins, etc.  D’autre part, le matériel quotidien tels que les meubles, les objets pour offrir des cadeaux, les « trésors » pour la calligraphie, le culte religieux et bien d’autres…

Au fil des pages on apprend donc la composition extérieure et intérieure d’une machiya (maison traditionnelle de Kyôto), la fonction de ces cloisons en papier si emblématiques, ce que représente un jardin sec… On découvre ensuite le mobilier, les lampes, le washi (papier japonais fabriqué à la main), l’encens et les cadeaux sous formes d’enveloppes.

Pour les curieux qui veulent en apprendre toujours plus sur la culture et les traditions au Japon, je gage que cet ouvrage leur apportera une très grande satisfaction.

Pour ma part, je trouve qu’il est un bon guide de référence, permettant de retrouver facilement une information culturelle.

またね (= Matané : à bientôt)

Fiche technique du livre :

Titre : Guide illustré du Japon traditionnel

Direction éditoriale : Seichiro Yamamoto

Traduction depuis le Japonais : Marie Maurin

Editions : Sully – Le Prunier

Date de parution : juillet 2019

ISBN : 978-2-35432-321-9

Nombre de pages : 144

Direction Tokyo !

Vous êtes bien installés ?

Parce qu’il est enfin temps de rêver de voyage et ainsi de présenter la première destination touristique du Japon, sa célèbre capitale, Tokyo !

Après de longues heures de vol, vous êtes enfin dans la région de Kantō, sur l’île principale Honshū.

Japon Kanto Tokyo
Illustration par Tahysse Wanzoul

Oui , vous êtes à Tokyo ! Enfin, plus précisément, dans un des deux aéroports internationaux, soit Haneda ou Narita. 

Afin de commencer votre aventure dans la plus grande préfecture du Japon, vous allez devoir rejoindre le centre et là, vous avez l’embarras du choix entre les navettes, le bus, le train ou encore le monorail.

Une fois dans le centre, l’ancienne Edo de plus de 14 millions d’habitant va vous sembler vertigineuse et déconcertante. Mais rassurez-vous ça va bien se passer.

Tokyo, c’est le coeur du Japon, contenant les institutions les plus importantes. Mais c’est aussi son poumon économique avec une zone urbaine immense.

De plus, la capitale administrative du Japon se compose de 23 arrondissements, vous proposant ainsi un large choix pour découvrir ses multiples facettes.

Parce que oui, de nombreuses ambiances flirtant entre traditions et modernités vont s’offrir à vous lors de votre visite. Mais, ne prenez pas peur et organisez-vous en faisant quartier par quartier et de profiter de toutes ses ambiances.

Encore une fois, vous pouvez utiliser de nombreux transports pour vos déplacements, mais aussi de vos pieds et pourquoi pas à vélo !

Après de nombreuses visites, n’oubliez quand même pas de vous reposer, ainsi penser à bien choisir votre logement, son emplacement et surtout son style (qui sont aussi variés que ses quartiers).

Enfin, qu’importe les saisons et aussi bien de jour comme de nuit, la mégalopole est toujours en mouvement telle une fourmilière avec une sécurité rassurante.

Vous n’oublierez jamais ce séjour !

Après cette petite mise en bouche, de futurs articles vont compléter celui-ci, vous présentant  les arrondissements et quartiers avec ce qu’il faut faire, voir , … Dans cette belle capitale.

Carte : Tahysse Wanzoul

Texte : Morgane

Photo de couverture : Sébastien

Shuwa-Shuwa & 99 onomatopées japonaises illustrées

Deuxième livre : Shuwa-shuwa (1)

Miaou, paf, vroum, tchac, plouf, … Ces petits mots nommés « onomatopées » imitent des bruits de la vie courante et sont très utilisés dans toutes les langues.

Dans la langue japonaise, les onomatopées sont plus fréquentes encore que dans toutes les autres langues. On en dénombre plus de 4000 et elles ont la particularité, en plus de reproduire un son, d’exprimer également des états, des sentiments et des mouvements.

Hormis le dictionnaire, on les retrouve partout : mangas, films d’animation, conversations quotidiennes, etc.

Vous l’aurez compris, si on veut parler le japonais « pera-pera » (2), connaître les onomatopées est un grand atout. Justement, le livre shuwa-shuwa est l’aboutissement du travail d’écriture, de compilation et de sélection de la famille M&M&m&m.

Au départ, simple inventaire dressé par le papa et les enfants apprenant la langue de Mishima, il s’est étoffé au point de devenir ce recueil que nous connaissons aujourd’hui.

Il faut noter que les onomatopées et leurs exemples sont présentés en japonais et traduits en français et en anglais afin d’être accessibles pour le plus grand nombre. L’autre caractéristique originale de shuwa-shuwa est de contenir, pour chaque onomatopée, une illustration dont les enfants Maïté et Maceo sont à chaque fois les vedettes.

Ce sont au total 100 illustrateurs, professionnels ou amateurs, issus de 35 pays différents qui ont apporté leur contribution graphique à cet ouvrage collectif.

Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié la lecture de ce livre et je leur dis « pachi-pachi » (3) !

Jennifer pour WalloNihon

  1. L’onomatopée shuwa-shuawa signifie « l’effervescence d’une boisson gazeuse »
  2. pera-pera signifie « parler couramment une langue étrangère »
  3. pachi-pachi signifie « applaudissements »

Fiche technique du livre :

Titre : Shuwa-shuwa

Auteur : M&M&m&m

Editions : M&M&m&m LAMRI-SHIGEMATSU

Année de parution : 2021

ISBN : 978-2-9576275-0-9

Nombre de pages : 208

Format : Broché

Japonaises. Celles qui éclairent le ciel

Par Florence Plissart

Dessinatrice belge, j’ai vécu au Japon pendant 18 mois.

Utilisant mon art pour susciter la rencontre (et pallier mes très mauvais résultats dans l’apprentissage du japonais ^^), j’y ai lancé un projet artistique de longue haleine autour du portrait.

Dans 3 régions (Hokkaido, Tokyo et l’île d’Amami située entre Kyushu et Okinawa), j’ai fait poser 40 femmes du Japon, que j’ai également interrogées sur leur culture et leur histoire de vie (avec l’aide d’interprètes).
Ce projet a attiré l’attention des Editions Partis Pour (maison d’édition Belge indépendante consacrée au voyage) et un livre d’art incluant les 40 portraits, les récits de vie et mes impressions de voyage verra le jour en novembre sous le titre “Japonaises.Celles qui éclairent le ciel”.

Pour en soutenir l’impression, nous lançons une campagne de crowdfunding sur Ulule le 1er septembre !

Plus d’informations sur nos pages respectives :
> @Partis Pour Éditions
> @Florence Plissart – L’aventurine

Au plaisir de partager avec vous !

Florence

Fête des poupées (Hina Matsuri)

Dans de nombreux foyers la coutume veut que les filles au sein du foyer exposent des poupées quelques jours avant le 3 mars. Le soir du Hina matsuri (雛祭り elles les enlèvent de l’autel dressé pour l’occasion.

Les poupées représentent les personnages principaux de la cour et cela depuis l’ère Heian (794-1185). Parfois, transmises de génération en générations elles protègent les jeunes filles des mauvais esprits.

C’est aussi l’occasion pour les familles de décorer la maison avec des fleurs de pêchers, de déguster des plats traditionnels et de revêtir ses plus beaux habits.

Cette journée est devenue non seulement une journée dédiée aux filles mais aussi par extension à toutes les femmes.

A suivre : Kodomo no hi (こどもの日), le Jour des enfants le 5 mai.

A voir : Le musée aux poupées à Togyoku. Près de la gare d’Iwatsuki, Saitama-shi, Saitama-ken. Iwatsuki à 15 minutes en train de la gare d’Omiya.

Sources : JNTO, Wikipédia

Le Shōgi

Le Shōgi (将棋) est un jeu traditionnel japonais. Il se joue à deux au tour par tour.

Le tablier (plateau de jeu) se compose de 9 cases sur 9 de couleur uniforme.

Comme aux échecs le but est de capturer le roi adverse. Pendant la partie, vous pouvez « parachuter » une pièce capturée ou la promouvoir. Ce qui augmente la difficulté mais aussi les variations dans le déroulement du jeu.

Ses origines

Cousin du jeu d’échec tel que nous le connaissons le Shōgi est aussi très ancien. Ses origines remontent au VI siècle dans le nord de l’Inde ou le Sud de la Chine. Les échanges commerciaux entre la Chine et le Japon au VIII siècle le jeu apportent le jeu à Nara et puis Kyoto.

Au XVI siècle, le Japon décide de s’ouvrir au monde extérieur après 400 années d’isolement. Pendant ce laps de temps, des écrits ont fixé les règles du jeu. Les règles du jeu sont restées figées depuis.

Les fédérations de shōgi

La Fédération Japonaise de Shōgi à été fondée en 1947.

Elle gère les calendrier des tournois professionnels et se composes d’hommes. C’est la JSA (Japan Shogi Association).

Une ligues féminine séparée existe. La LPSA (Ladies Professional Shogi-players Association of Japan).

La fédération européenne de shōgi (FESA) chapeaute 19 fédérations nationales. Elles tiennent le classement des joueurs et joueuses à jour.

Pour différencier les niveaux il existe un système de grades comme en karaté. Ceux-ci s’échelonnent du 20 kyū à 1 kyū puis de 1 dan et au-delà.

Les classements professionnels et amateurs sont distincts.

Les règles

Elles sont relativement simples. Contrairement aux échecs traditionnels la possibilité d’utiliser une pièce capturée à l’adversaire augmente ajoute des difficultés et des combinaisons stratégiques infinies.

Pour les règles du jeu la page Wipédia ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Shōgi ) en français dédiée est un bon départ.

Où jouer en Belgique

Il existe trois clubs à Bruxelles, Liège et Leuven.

  • Shogi Dojo Bruxelles – tous les lundi soirs à partir de 19H30 au café ludique Outpost Gamecenter situé rue de la Tribune n°8, 1000 Bruxelles.
  • Passerelle-Japon – tous les mercredi soir de 19h30 à 22h30, au « Pixels Café », Rue du Mery 14, 4000 Liège.
  • A Louvain – un jeudi sur deux, à partir de 20h, au « Café Sport », Martelarenplein 13, 3000 Leuven (face à la gare).

Vous souhaitez découvrir par vous même ce jeu encore plus rapidement alors rendez-vous en ligne via les sites (en anglais) :

Notre événement

Ce vendredi 28 février, l’événement « initiation au shogi » dispensé par Passerelle-Japon, WalloNihon et le support de la Fédération Belge de Shogi aux 3D Board Games Café à Namur à donné à plusieurs personnes l’occasion de comprendre les bases du jeu.

Ce type d’activités vous intéresse ?

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A la découverte du Japon

Quels types d’articles dans cette catégorie

Régulièrement, vous y trouverez des publications variées.

De nombreux sujets vont êtres abordés tels que :

  • Présentations de places touristiques
  • Suggestions de circuits
  • Des informations pratiques
  • De bonnes adresses
  • Albums photos
  • Récits de voyages
  • Astuces pour les voyageurs
  • Expériences de voyages (aéroports, avions, hotels…)

Vous souhaitez présenter votre circuit de voyage, votre expérience alors contactez-nous.

Nous étudierons votre demande et de sa possible mise en ligne avec vous.