Au cœur de la petite Kyoto d’Iyo

Bien que je sois rentré en Belgique, des souvenirs impérissables continuent d’occuper mon esprit et aujourd’hui, je souhaite partager avec vous ceux qui prirent vie à Ôzu (大洲市), la petite Kyoto d’Iyo.

Bien que je sois rentré en Belgique, des souvenirs impérissables continuent d’occuper mon esprit et aujourd’hui, je souhaite partager avec vous ceux qui prirent vie à Ôzu (大洲市), la petite Kyoto d’Iyo.

À notre arrivée, une douce chaleur succéda à la fraicheur matinale et nous commençâmes notre visite par la pause déjeuner ! Une entrée en matière tout à fait délicieuse. Nous nous arrêtâmes donc dans le restaurant Ôzurobata Aburaya (大洲炉端 油屋), une ancienne auberge traditionnelle reconvertie en restaurant en 2012.

C’est dans ce bâtiment traditionnel que nous pûmes savourer une spécialité locale dans sa version du sud d’Ehime, le Taimeshi (鯛めし).

Ragaillardis par ce succulent repas,  nous reprîmes notre route et déambulâmes dans le cœur historique d’Ôzu pour nous arrêter un moment dans la ruelle Pokopen Yokochô (ポコペン横丁). Cette dernière plonge le visiteur dans le Japon de l’ère Shôwa (1926-1989) au travers, notamment, de ses plaques émaillées publicitaires. Un marché se tient à cet endroit tous les dimanches à partir du 3e dimanche de mars jusque fin novembre, un rendez-vous à ne pas manquer pour les amoureux d’objets rétro !

Le quartier est aussi marqué par d’importants travaux de restauration depuis 2018 afin de préserver le patrimoine architectural et de revitaliser le quartier dans une approche durable.

De ce fait, si vous vous promenez dans cet agréable dédale de rues, vous pourrez voir des bâtiments à l’entrée embellie d’un noren et marqué du terme « Nipponia », l’un des résultats de cette initiative conjuguant les efforts des habitants du quartier, des autorités et de différents partenaires extérieurs. Ainsi, certains bâtiments ont été reconvertis en hôtels, d’autres en commerces ou en espaces culturels. C’est notamment ce qui a permis à Ôzu d’être choisie en 2021 comme « Destination durable » par l’Agence japonaise du tourisme.

Nous continuâmes notre promenade le long du fleuve, offrant un magnifique panorama sur la nature environnante et le château que je ne tarderai pas à vous présenter. Mais pour l’heure, nos pas nous menèrent progressivement vers la villa Garyû Sansô.

Mon attention fut toutefois retenue par les embarcations que vous pouvez voir sur la photo ci-dessous.

Ayaka Sakamoto m’expliqua que ces dernières sont liées à ce que l’on appelle l’Ukai (うかい), la pêche traditionnelle au cormoran dont les premières références remontent au VIIIe siècle et qui perdure encore aujourd’hui. En effet, de juin jusqu’à septembre, les visiteurs peuvent monter dans l’un de ces bateaux et assister à l’Ukai d’Ôzu, considéré comme l’un des trois plus importants du Japon.

D’ailleurs, si vous vous promenez dans les rues d’Ôzu, n’hésitez pas à baisser les yeux et vous pourrez trouver cette plaque représentant les cormorans, ce qui témoigne, entre autre, de l’importance de cette tradition dans la ville.

Mais revenons-en à notre parcours qui nous mena donc à la villa Garyû Sansô (臥龍山荘). Construite sous la supervision du riche marchand de cire Kawachi Torajirô (河内寅次郎), la résidence fut achevée en 1907 et a été désignée comme Bien Culturel Matériel de la préfecture d’Ehime en 1985.

De l’extérieur, le bâtiment principal, Garyûin (臥龍院), possède une apparence bucolique de par les bois utilisés ainsi que le toit de chaume visible du côté jardin. À l’intérieur se dévoilent des pièces décorées avec soin. Une décoration raffinée liée au passage des saisons et qui constitue un fabuleux témoignage de l’esthétique japonaise et il n’est pas exagéré de dire que Kawachi Torajirô fut sans doute très attaché à cet endroit.

À l’extérieur, un splendide jardin de mousse invite le visiteur à la rêverie et nous nous arrêtâmes d’ailleurs un instant, profitant de ce moment de calme, un peu hors du temps.

Ensuite, nous traversâmes tranquillement le jardin pour arriver au Furoan (不老庵), le salon de thé. Une construction tout aussi remarquable et qui offre une vue idyllique sur le fleuve. Ayaka Sakamoto m’expliqua qu’à la nuit tombée, la lumière solaire reflétée par la lune traverse le plafond et éclaire la pièce naturellement, baignant ainsi l’espace d’une douce clarté. Un spectacle qui doit être absolument magnifique, vous ne trouvez pas ?

Laissant derrière nous ce fabuleux endroit, nous partîmes alors en direction du château d’Ôzu ! Facilement accessible à pied, le trajet nous permis de lui laisser tout le temps de se dévoiler à nous, nous offrant de multiples vues très agréables.

Successeur du château Jizôgadake (地蔵ヶ岳城) construit à la fin de la période Kamakura par le gouverneur de la province d’Iyo, son histoire est aussi intimement liée à celle de la Hijigawa dont la puissance destructrice s’avéra être une difficulté de taille lors de sa construction. D’ailleurs, l’histoire de sa fondation est entourée d’une légende pour le moins tragique. Celle-ci raconte que malgré des efforts colossaux déployés pour édifier le château, les murs finissaient par s’effondrer sous les assauts implacables des crues du fleuve, à tel point que l’on crut le château hanté. Fut pris alors la décision d’avoir recours au Hitobashira (人柱), littéralement pilier humain et qui consistait à enterrer vivante une personne près ou sous des édifices de grande importance. Les kamis pouvaient alors donner leur bénédiction et protéger l’édifice.

Dans le cas du château d’Ôzu, le choix se porta sur une jeune fille de 16 ans du nom d’Ohiji. Avant son sacrifice, celle-ci aurait prononcé les mots suivants : « Je veux que le nom du château et le nom de la rivière qui coule au pied du château soient les mêmes que mon nom afin que les générations futures ne m’oublient pas… ». C’est pourquoi le château d’Ôzu porte également le nom de château d’Hiji et que la Hijigawa est la rivière de Hiji.

La construction fut achevée et par la suite, de nombreux seigneurs occupèrent le château jusqu’à la Restauration Meiji, période durant laquelle de nombreux bâtiments furent démantelés dont la tour principale en 1888. En 1994, d’importants travaux de restauration commencèrent pour redonner à la tour principale sa gloire d’antan. Reposant sur des sources documentaires extrêmement rares et précieuses, ceux-ci s’achevèrent en 2004 et constituent une reconstruction extrêmement fidèle de l’originale.

Nous visitâmes la tour principale, suivant un parcours très intéressant racontant l’histoire du château, de son origine jusqu’à la forme qu’on lui connait actuellement.

Poursuivant notre ascension au cœur de l’édifice, le sommet nous offrit une vue magnifique sur la région et sur la Hijigawa.

Jouissant d’une rôle culturel important, le château est également le théâtre d’une expérience unique proposée par la ville d’Ôzu : incarner le rôle du seigneur de la région et séjourner une nuit dans cet illustre bâtiment.

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo, cette expérience est également accompagnée d’une représentation de Kagura, une danse théâtrale très ancienne autrefois dédiée aux divinités shintoïstes. Chaque performance est accompagnée de danses, de musiques traditionnelles et chaque acteur est vêtu de costumes flamboyants, de véritables trésors artisanaux ! L’immersion se poursuivra le lendemain par un déjeuner dans la villa Garyû Sansô dont j’ai parlé précédemment avant d’explorer le cœur historique de la ville.

En écrivant ces lignes, je dois bien avouer que ce programme doit être incroyable ! Vous pourrez retrouver plus d’informations sur ce dernier en suivant le lien référencé en fin d’article.

Lorsque nous quittâmes les lieux, nous échangeâmes un instant sur la colline que l’on avait aperçu à la villa Garyû Sansô et que l’on avait encore vue depuis le dernier étage de la tour du château… Le tapis de fleurs à son sommet avait éveillé notre curiosité tout au long de la journée et il ne nous fallut pas un long moment de réflexion pour décider de nous y rendre…

Nous partîmes donc à l’ascension du mont Tomisuyama culminant à 320 m de hauteur. Ainsi, nous primes la voiture et arrivâmes à destination au bout d’une dizaine de minutes. À l’entrée du parc, vous trouverez un parking, des commodités ainsi qu’une plaine de jeux pour les enfants, de quoi passer une journée très agréable en famille !

Avant d’arriver au sommet de la colline, celle-ci vous demandera encore un petit effort de marche mais celui-ci sera récompensé par un magnifique spectacle offert par la fleuraison des azalées au printemps et une vue imprenable sur la région et la Hijigawa. D’ailleurs rappelez-vous la plaque d’égout sur-laquelle figurait des cormorans… Y figurent également des azalées !

Cet article touche à sa fin mais je tiens encore une fois à remercier Ayaka Sakamoto de m’avoir fait découvrir Ôzu. Son expertise, sa bonne humeur et sa simplicité m’ont permis de m’imprégner pleinement de cette région dont la beauté est une source de souvenirs impérissables !

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter les liens suivants :

Ayaka Sakamoto :

Office du tourisme d’Ôzu :

Villa Garyû Sansô :

Château d’Ôzu :

Expérience au château d’Ôzu :

Restaurant Ôzurobata Aburaya :

Pokopen Yokochô :

Ukai d’Ôzu :

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