À la rencontre de Mizukawa Masashi

みずかわまさしさんに会う

Bonjour à toutes et tous, l’équipe de WalloNihon et moi-même sommes très fiers de vous présenter l’interview que Mizukawa Masashi, chanteur et compositeur nous a accordé.

皆さん、こんにちは。WalloNihonチームと私が、歌手であり作曲家であるみずかわまさしさんに行ったインタビューをご紹介します。

Plus qu’une interview, je vous invite à découvrir l’homme et l’artiste.

インタビューを通して、この人、このアーティストを発見してください。

W. Merci d’avoir accepté de répondre à quelques questions. Nous aimerions que les membres de la communauté WalloNihon et plus largement le public belge vous découvre. Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?

W. 質問にお答えいただき、ありがとうございました。WalloNihonコミュニティのメンバー、そしてより広くベルギーの人々にあなたを発見してもらいたいと思います。一言で自己紹介をお願いします。

MM. Je suis Mizukawa Masashi, un chanteur/compositeur masculin du Japon. Je joue de la guitare, tantôt en la grattant, tantôt en la frottant, en tirant le meilleur parti du « son » que la guitare peut produire.

MM. 日本で活動してる男性シンガーソングライターのみずかわまさしと申します。時にはギターを叩いたり、さすったり、ギターから出せる「音」を最大限に駆使して弾き語ります。

W. Vous avez commencé la musique au lycée. Est-ce aussi à ce moment que vous avez commencé à écrire vos chansons ? Pourquoi avez-vous choisi la guitare ?

W. 高校時代から音楽を始めたそうですね。曲作りを始めたのもこの頃ですか?なぜギターを選んだのですか?

MM. J’ai commencé à écrire des chansons quand j’étais au lycée. À cette époque, la guitare acoustique était très populaire au Japon. J’ai été immédiatement fasciné par le son chaud et clair enveloppés dans une boîte en bois. Depuis lors, je suis obsédé par la coloration de ma musique à travers la guitare acoustique.

MM. 高校時代から曲作りを始めました。当時、日本ではアコースティックギターがとても流行していました。私も木の箱に包まれたアコースティックギターの、暖かみのある、透き通った音色にいち早く魅せられました。以来、今に至るまでアコースティックギターを通して私の音楽を彩ることにひたすらこだわり続けています。

W. Dans votre dernière chanson, vous parlez de l’histoire d’une Oiran. Pourquoi avez-vous choisi ce thème ? Plus largement, quelles sont vos sources d’inspirations ?

W. 最新の曲で、花魁の話をされていますね。なぜこのテーマを選んだのですか?インスピレーションの源は何ですか?

MM. L’inspiration pour cette chanson est venue d’un rêve que j’ai fait. Un jour, j’ai fait un rêve dans lequel le refrain de cette chanson était joué. Lorsque je me suis réveillé de mon rêve et que j’ai entendu la mélodie, j’ai eu le flash d’une courtisane dansant sur la scène. Plus tard, lorsque je me suis rendu dans une librairie d’occasion pour en savoir plus sur les courtisanes, je suis tombé sur une magnifique courtisane de la période Edo appelée « Komurasaki ». C’était ça ! J’étais convaincu que c’était la bonne et je n’ai pas hésité à en faire le personnage principal. J’ai écrit les paroles en me basant sur sa vie et son histoire d’amour. Cette chanson parle de son amour tragique et de la façon dont elle devient un démon.

MM. この曲のインスピレーションの源は、なんと私の見た「夢」なんです。ある日見た夢の中でこの曲のサビの部分が流れていました。私が夢から覚めて、このメロディを口ずさむと、舞台の上で踊る花魁がパッと閃いたのです。後日、古書店に出向き花魁について学んでいると「小紫」という江戸時代の美しい花魁に行き当たりました。私はこれだ!と確信し迷わず彼女を主人公にしました。そして彼女の半生と恋物語をモチーフに作詞作曲に至りました。この曲は悲恋に狂い、鬼と化す彼女を歌っています。

W. Vous avez donné de nombreux concerts au Japon. En 2016, j’ai lu que vous aviez organisé un mini-concert pour des enfants souffrant de troubles du développement. Qu’est-ce qui vous a poussé à mener ce projet ?

W. 日本では多くのコンサートを開催されていますね。2016年には、発達障害の子どもたちのためのミニコンサートを開催されたとのことですが、このプロジェクトを行うきっかけは何だったのでしょうか?

MM. Ce concert a été prévu non seulement pour les enfants souffrant de troubles du développement, mais aussi pour leurs parents. Le frère de ma femme est autiste et ma belle-mère m’avait dit combien il était difficile d’élever un enfant handicapé. Elle m’a dit qu’elle n’avait plus le temps d’apprécier la musique depuis longtemps, alors j’ai décidé d’organiser ce concert pour que les parents et leurs enfants puissent profiter de mes contes.

MM. このコンサートは、私の歌で発達障害のこども達のみでなく、その親の為に立案企画いたしました。実は妻の兄が自閉症で、私は義理の母から、障害のあるこどもの子育ての大変さを聴いていました。ずっと音楽を楽しむ余裕がなかったというエピソードを聴き、親子で私の弾き語りコンサートを楽しんでもらいたいと開催に至りました。

W. Comment imaginez-vous la suite de votre carrière ? Envisageriez-vous des concerts en Europe et en Belgique ?

W. ご自身のキャリアをどのように考えていらっしゃいますか?ヨーロッパ、ベルギーでのコンサートは考えていらっしゃいますか?

MM. Je crois, par expérience, que la musique peut transcender les frontières et toucher le cœur des gens, même si la langue est différente. Je crois aussi que les histoires en direct plaisent aux gens plus que toute autre forme de musique. C’est pourquoi j’aimerais me rendre dans le plus grand nombre d’endroits possible pour diffuser mes récits. En tant qu’artiste indépendant, je ne suis pas encore très connu au Japon. Je continuerai à faire de mon mieux pour faire connaître ma musique !

MM. 言語は違えど、音楽は国境を超えて、人の心に刺さると実体験より信じてます。また目の前で聴かせる生弾き語りがどの音楽より訴えると思います。そのため出来る限り、あらゆる場所に出向き、弾き語りを広げて行きたいと考えています。個人で活動している為、日本での知名度はまだまだです。これからも私の音楽を広めるべく頑張っていきます!

W. Y-a-t-il un message que vous aimeriez adresser à la Belgique ?

W. ベルギーに送りたいメッセージはありますか?

MM. La Belgique est une terre de gastronomie. Au Japon, elle est célèbre pour son chocolat, ses gaufres et sa bière. En particulier en ce qui concerne le chocolat, les produits belges sont désormais reconnus comme les « vrais » produits. J’aimerais beaucoup m’y rendre dans un avenir proche. La Belgique est un pays qui conserve les bonnes vieilles traditions et qui continue à se développer, je m’en sens donc proche. Personnellement, j’aimerais en savoir plus sur la Belgique, ses traditions et ses légendes qui ne figurent pas dans les guides. Enfin, j’espère que la musique de Mizukawa Masashi donnera aux Européens, notamment aux Belges, un avant-goût du Japon. Merci à tous pour votre soutien !

MM. 美食の国ベルギー。日本ではチョコレートやワッフル、ビールが有名です。特にチョコレートに関してはベルギー産が「本物」として認知されるに至ります。是非とも近い将来訪れてみたいです。ベルギーは古き良き伝統を守りつつ発展し続けている国で親近感があります。個人的にはガイドブックにはないレアなベルギーの新鮮な情報、また知られざるベルギーの伝統や伝説などを知りたいです。最後に、ヨーロッパ、特にベルギーの方にみずかわまさしの音楽から、少しでも日本を感じて頂けたらと思います。皆さん、応援よろしくお願いいたします!

L’équipe de WalloNihon vous remercie pour le temps que vous nous avez accordé. Nous remercions également Sanae san pour son aide et sans laquelle cet article n’aurait pas été possible.

WalloNihonチーム、お疲れ様でした。また、この記事はサナエさんの協力なしには成り立たなかったと感謝しています。

Si vous souhaitez en savoir plus sur Mizukawa Masashi, n’hésitez pas à suivre les liens ci-dessous / みずかわまさしさんのことをもっと知りたい方は、以下のリンクをご参照ください。

Vous pouvez également suivre Sanae san sur son compte Instagram : サナエさんのインスタグラムアカウントでもフォローできます : @shimashima9900

Les secrets du savoir-vivre nippon » de June Fujiwara

Bonjour chers amis,

Aujourd’hui je vous présente un livre qui m’a gracieusement été offert par Les Editions de l’Opportun que je remercie chaleureusement.

Ce livre c’est « Les secrets du savoir-vivre nippon » de June Fujiwara

Sans faire durer le suspense, je peux déjà vous dire que j’ai profondément aimé ce livre. Il m’a fait comprendre ce que j’aime et ce qui m’attire tellement dans la culture japonaise. Et pour moi, c’est comme un retour aux sources qui fait du bien…

Résumé de la quatrième de couverture :

Née à Tokyo, June Fujiwara vit à Paris depuis une vingtaine d'années. Elle fait l'admiration de ses collègues français pour sa capacité de résistance au stress et à la violence du quotidien. Son secret ? Les 4 piliers de la sagesse nippone qu'elle vous propose de découvrir pour accéder, vous aussi, à une vie plus "zen".

Les notions de Mujo (éloge de l'impermanence), Wa (quête de l'harmonie), Wabi Sabi (beauté du dépouillement) et Okiyome (rituel de la purification) n'auront bientôt plus de secrets pour vous ! En les adoptant, vous combattrez vos angoisses, gagnerez en sérénité et en authenticité. C'est promis !

June Fujiwara partage les valeurs ancestrales qui font la force de vie du peuple japonais. Un voyage intérieur joliment illustré au cœur de "l'énigme zen".

QUI EST JUNE FUJIWARA ?

Au début de son ouvrage, l’auteure nous explique qu’elle est née à Tokyo et a passé une partie de son enfance en Angleterre, ce qui lui a permis d’être très tôt bilingue Anglais-Japonais. Vers 18 ans, elle est prise d’un inexplicable désir de vivre en France alors, que rien dans son entourage ne l’y encourageait.

Qu’à cela ne tienne, elle s’est mise à apprendre le français avec acharnement au point de gagner, lors d’un concours, un séjour linguistique en France. Là elle comprend qu’elle veut un jour écrire en français tant son amour de cette langue est viscéral.

En attendant de trouver « quoi écrire », elle s’installe à Paris, travaille dans l’artisanat de luxe et s’intègre parfaitement à sa vie désormais française. Vingt ans plus tard, elle qui pensait s’éloigner de ses origines japonaises avec le temps, finalement elle s’est rendu compte qu’elle était définitivement et irréductiblement Japonaise.

Comment en est-elle arrivée à ce constat ? C’est par le questionnement de ses collègues qui lui demandaient constamment comment elle parvenait à rester « zen ». Tout d’abord elle ne comprenait pas vraiment la question car le mot « zen », bien que japonais, n’a pas du tout le même sens dans la bouche d’un francophone.

En effet, le mot « zen », au Japon, renvoie à une branche du bouddhisme qui prône l’éveil par la méditation. Pour les locuteurs francophones, il n’y a aucune connotation religieuse, ce mot est plutôt synonyme de « calme », « tranquillité » et « sérénité » face à une situation difficile, stressante.

C’est après avoir compris ce questionnement chez ses interlocuteurs que June Fujiwara a décidé de partager sa « japonitude ». Voici comment est né cet ouvrage que j’ai eu le plaisir de lire, l’auteure ayant trouvé le sujet qu’elle écrirait en français…

QU’EST-CE QUE LA « JAPONITUDE », CE SAVOIR-VIVRE À LA JAPONAISE ?

Pour apporter sa réponse à cette question (sans prétendre qu’il s’agit de LA réponse), June Fujiwara nous présente 4 notions très importante dans la culture japonaise :

  • Le « mujô »
  • Le « wa » 
  • Le « wabi sabi » 
  • Le « Okiyome » 

L’auteure nous détaille ces notions afin que nous les comprenions bien et nous enseigne aussi comment nous pouvons les adopter et les appliquer dans notre vie quotidienne.

Ici, je ne vous résumerai que les très grandes lignes car je ne vais pas vous réécrire le livre de June Fujiwara. Je vous invite évidemment à vous procurer l’ouvrage afin d’en apprendre davantage et de pouvoir vous en imprégner à votre guise. Ce livre est vraiment très riche en explications et mon résumé ne leur rendrait pas justice.

1. MUJÔ : l’éloge de l’impermanence

Ce mot pourrait se « traduire par « Rien n’est éternel ». Il s’agit d’un concept bouddhiste qui enseigne que toute chose a un début et une fin, tout est en transformation permanente et tout est voué à disparaître un jour.

Il s’agit de vivre l’instant présent avec intensité car il est éphémère. On pourrait le comparer au « Carpe Diem » latin si on enlève le sens hédoniste que la modernité lui a ajouté erronément.

Le « mujô » comme l’expression « carpe diem » dans son tout premier sens philosophique, c’est une conscience aigüe que tout, y compris notre vie, a une fin et que cette mort peut intervenir à n’importe quel moment.

Plutôt que de combattre cet inéluctable, il convient de l’accepter et de composer avec.

2. WA : la quête de l’harmonie

Le « wa », c’est la valorisation du bien-être collectif, l’harmonie sociale. Le « seken » (opinion publique) est extrêmement important au Japon. Ainsi, « ce que vont penser les autres » a le même poids que ce que veut l’individu. Le bien-être du groupe prime sur la volonté de l’individu.

Il ne s’agit pas de renoncer à sa personnalité ni à sa créativité, loin de là. Il s’agit de pouvoir exprimer ce que l’on est, avec respect et humilité (kenson) sans abîmer l’harmonie sociale.

Le « kenson » est l’art de s’abaisser pour mieux valoriser l’autre. La vantardise n’a pas vraiment sa place au Japon…

Le « wa » (harmonie) est devenu, par extension, un mot qui représente le Japon. On parle par exemple de « washoku » (cuisine japonaise) par opposition au « yôshoku » (cuisine occidentale). Les exemples sont nombreux : « washitsu », « wagashi », « washi », etc.

3. WABI SABI : la beauté du dépouillement ainsi que l’éloge de ce qui est patiné par le temps

Le « wabi » renvoie aux notions de « sobriété » et « dépouillement ». C’est la capacité d’y déceler de la beauté et de la satisfaction spirituelle. C’est le contraire de l’amour du « strass et paillettes ».

Le « sabi », c’est le passage du temps et ce qui en découle. Il ne faut pas le traduire par des mots négatifs comme « décadence », « dégradation » ou « délabrement ». Ce mot évoque plutôt la beauté des choses qui portent la trace du temps.

L’expression « wabi sabi » évoque donc un état d’esprit serein, une capacité à trouver de la beauté et de la richesse dans la simplicité, l’authenticité et même l’imperfection.

4. OKIYOME : le rituel de la purification

Il y a une grande différence entre ce qui est considéré comme salissant l’âme chez nous et au Japon. Il convient donc de faire cette petite comparaison…

Pour les chrétiens, le « péché » est une transgression de la loi divine. Pour s’en laver, il s’agit de se repentir pour obtenir le pardon et la grâce de Dieu. On parle ici du « Bien » et du « Mal ».

Dans la religion shinto, typiquement japonaise, on ne parle pas de « péché » mais de « kegare » (souillure). L’âme des humains est un don des « kami » (dieux), c’est un bien vivant et brillant.  On parle ici du « Pur » et « Impur ».

Toute faute commise est comme une tâche à la surface de l’âme. Ce qui sépare les humains du kami, c’est cette impureté, cette souillure. Ce qui constitue ce « kegare », c’est tout ce qui dérange le « wa ». Pour s’en laver, il faut pratiquer l’« okiyome », le rituel de purification.

Par extension, au-delà de préserver la pureté de leurs âmes, les Japonais veillent à ce que leur environnement soit également propre. C’est la raison pour laquelle l’hygiène est si importante dans le quotidien au Japon, tant dans les maisons qu’à l’extérieur.

EN CONCLUSION

Il est très difficile d’aborder et de comprendre une autre culture, surtout quand elle si différente de la sienne. Y arrive-t-on seulement un jour complètement ? L’exercice, cependant, reste extrêmement enrichissant et on y gagne à apprendre et même, à adopter l’un ou l’autre élément des autres cultures. Cela permet de s’améliorer soi-même…

Cela m’a émue de constater que certains concepts que June Fujiwara nous explique tels que le « mujô » entrent en résonance avec mon ressenti personnel sur certains sujets. Grâce à elle, j’ai appris les mots adéquats pour le décrire.

J’ai également appris une multitude d’autres notions dont je n’ai pas parlé dans ce présent article. Tout est intéressant mais j’ai choisi de ne vous parler que des 4 notions clés pour ne pas être trop longue…

Je vous souhaite vraiment de pouvoir lire ce livre et de l’aimer comme je l’ai aimé… Après ça, vous saurez vraiment ce qu’est « être zen ».

Pour aller plus loin

Fiche technique du livre :

Titre : Les secrets du savoir-vivre nippon

Auteur : June Fujiwara

Editions : Les Editions de l’Opportun

Date de parution : Octobre 2021

ISBN : 978-2-38015-332-3

Nombre de pages : 232

Atelier de fabrication de miso chez Nuu Miso

Bonjour à tous,

En octobre 2021, Ombline et moi avons eu la chance de participer au tout premier atelier de fabrication de miso organisé par Nuu Miso. Ce fut une très belle expérience gustative, l’accès à une multitude d’informations et surtout, une belle rencontre.

Nous avons été accueillies par Hiro san qui a eu à cœur de nous transmettre sa passion, ses connaissances et sa gentillesse.

Je vous présente Hiro san

Elle a commencé par nous expliquer comment est née l’aventure « Nuu Miso ».

Dans nos contrées, le seul miso qu’on peut trouver est importé du Japon, soit il est pasteurisé ou s’il ne l’est pas, il a subi un traitement ou un ajout d’additif qui stoppe la fermentation.

L’équipe de nuu miso a donc voulu retrouver le vrai bon miso traditionnel et vivant, d’abord par passion plus que pour le côté commercial. Ils souhaitent avant tout partager leur savoir-faire. Ils ont également fait le choix de n’utiliser que des ingrédients bio.

TOUT D’ABORD, QU’EST-CE QUE LE MISO ?

Le miso ( 味噌・みそ) est un aliment qui se présente sous forme de pâte fermentée, à haute teneur en protéines, de goût plus ou moins prononcé selon la fermentation et relativement salé.

Il y a trois grandes catégories de miso : le miso de riz (riz et soja), le miso d’orge (orge et soja) et le miso de soja (uniquement soja). Et il y a encore plusieurs sous catégories selon la région ou la durée de fermentation (blanc, rouge, jeune, mi-vieux, vieux, doux, brut, etc.). On peut également fabriquer du miso avec d’autres légumineuses telles que le pois chiche ou les lentilles.

La fabrication du Miso est un savoir-faire particulier : c’est une alimentation vivante, incluant des procédés qui évoluent selon les conditions de fabrication. Le miso est fermenté dans une pièce où il y a des fluctuations de température qui influencent le miso, lui-même étant composé de bactéries vivantes .

Anciennement au Japon, chaque foyer et chaque région avait sa propre recette de miso.

Particularité propre à nuu miso, les fûts de fermentation :

Traditionnellement, les fûts de Saké en bois étaient toujours recyclés par les ateliers de fabrication de shoyu ou miso. La vie du fût en bois durait environ 30 ans chez le fabriquant de saké, puis 100-150 ans dans les ateliers de miso ou de shoyu. Ainsi, les artisans pratiquaient le recyclage des fûts de bonne qualité.

Nuu miso fait renaître cette pratique traditionnelle avec des fûts de vin en bois : les fûts s’enrichiront de plus en plus de bonnes bactéries au fur et à mesure de leur utilisation, donnant un goût particulier au miso. Cela donne ainsi un miso unique, « travaillé » avec du vin européen !

PASSONS A LA FABRICATION…

PREMIERE ETAPE : LE KOJI

Préparer le miso n’est pas une mince affaire ! Il faut commencer par une étape très difficile mais importante : la préparation du koji. L’équipe de Nuu Miso doit le produire elle-même car on n’en trouve pas chez nous.

Le koji est du riz cuit à la vapeur puis ensemencé à l’aide du champignon microscopique Aspergillus oryzae qu’on ne trouve qu’au Japon. La fermentation du koji dure 3 jours et il faut respecter une procédure, une température et un niveau d’humidité précis.

Notons qu’il est possible de faire du koji avec d’autres plantes comme l’orge ou le soja…

Avant qu’on lui ajoute du sel pour stabiliser sa fermentation, le koji a un étonnant goût sucré qui m’a beaucoup plu personnellement.

Le koji est capital car il sert d’amorce à la fermentation du miso mais il a également beaucoup d’autres applications importantes telles que l’élaboration de l’amazaké (boisson de riz pas ou peu alcoolisée), le mirin, le shoyu (sauce soja) et bien sûr, le célèbre saké ! Il y a encore beaucoup d’autres possibilités gourmandes ! Le koji est donc vraiment fondamental dans la gastronomie japonaise.

Permettez-moi de faire une toute petite parenthèse sur le saké…   
Au Japon, le terme « Saké (酒) » désigne l’alcool au sens large. Ce que nous appelons « Saké » pour indiquer l’alcool issu de la fermentation du riz se nomme en réalité « Nihonshu (日本酒) » et il titre entre 14° et 17°.

Notons encore que le saké japonais (nihonshu) n’a absolument rien à voir avec le saké qui nous est proposé dans les restaurants chinois chez nous. Celui-ci est en réalité du « Baiju » (白酒 – alcool blanc), un alcool distillé qui titre entre 40° et 60°…
DEUXIEME ETAPE : LE SOJA

Maintenant que le koji est prêt, il faut préparer les fèves de soja… Après le trempage durant de longues heures vient le moment de les cuire. La durée de la cuisson est assez longue et dépend surtout des fèves utilisées, leur degré de déshydratation, etc. Le soja est cuit quand on peut l’écraser entre les doigts.

Après l’avoir égoutté et tant qu’il est chaud, il faut le réduire en purée. Pour nous aider, l’usage de mixers est vraiment bienvenue car la fève de soja, même correctement cuite est tout de même un peu résistante. On s’y met ensemble à tour de rôle…

TROISIEME ETAPE : L’ASSEMBLAGE

C’est maintenant l’heure de réunir les différents ingrédients. En plus du koji et du soja, il faut ajouter du sel dans des proportions très précises. La quantité de sel diffère en fonction du poids total du koji (et donc de son taux de sel déjà présent) et du soja (pesé à sec). Il faut également tenir compte de la durée de fermentation souhaitée, moyenne ou plus longue.

Ce sont vraiment des calculs savants pour déterminer le grammage exact de chaque ingrédient. Attention à ne pas oublier d’ajouter un peu de vieux miso pour faciliter et accélérer la fermentation.

Autre point important, chacun doit mettre la main à la pâte, littéralement. Ombline s’est prêtée à mon objectif pour la photo mais nous avons tous malaxé le mélange. Hiro san nous a expliqué que les bactéries présentes sur nos mains (lavées bien sûr) ont une influence notable sur le goût final du miso.

Ainsi, à recette rigoureusement identique, le goût final sera différent selon les personnes qui auront préparé le miso. Hiro san nous a encore dit que dans certains villages du Japon, traditionnellement, lors de la préparation annuelle du miso, il était très important que chacun des habitants participe à cette étape du processus.

Cette information culturelle ouvre sur une dimension communautaire du miso que je ne soupçonnais absolument pas. Cela m’a fait saisir encore plus l’importance du miso, pas seulement dans la cuisine, mais dans la culture japonaise en général et cela m’a beaucoup touchée.

Voici à quoi ressemble le miso à cette étape. Les grains de koji, parfaitement visibles à ce stade, disparaîtront pendant la fermentation
QUATRIEME ETAPE : LA FERMENTATION

Une fois que la préparation a bien été mélangée et malaxée par chaque personne, il faut mettre le tout nouveau miso dans un récipient pour qu’il puisse reposer et fermenter. Lorsque l’on goûte le miso à cette étape, il est extrêmement salé mais bien entendu, son goût va s’affiner avec le temps.

Hiro san nous met en garde au moment de mettre le miso dans le récipient (désinfecté au saké): le miso n’aime pas l’oxygène ! Il faut à tout prix faire en sorte de bien tasser des boulettes de miso progressivement avec le poing afin d’éviter toute bulle d’air à l’intérieur du pot.

Quand le récipient est bien rempli, on ajoute une bonne couverture de sel par-dessus le miso pour le protéger et on ferme avec le couvercle. Ensuite on le place dans un endroit à température ambiante et on n’y touche pas.

Après 4 mois, il faut enlever la couche de sel et retourner le miso dans sa boîte puis on le laisse à nouveau reposer pendant encore au moins 4 mois. A l’issue de ces longs mois d’affinage, le miso est prêt et peut offrir son goût délicieux et ses bienfaits. Pour stopper la fermentation quand il est « à point », il convient alors de le mettre au frigo.

A l’heure où j’écris ces lignes, mon miso n’a pas encore 4 mois et je ne peux donc pas vous montrer mais je ferai une mise à jour à ce moment-là. Rendez-vous en février 2022 😉

UPDATE: Nous voici en février 2022, mon miso a maintenant 4 mois et je l’ai retourné, comme prévu.

Voici ce que j’ai pu observer en retournant mon miso:

  • La couleur a évolué et il est devenu un peu plus « doré »
  • Le koji est encore visible mais est déjà plus discret par rapport au moment de la fabrication
  • La consistance fait penser à une crème très épaisse et compacte
  • Le miso a une bonne odeur
  • Il a déjà un bon goût même si on sent qu’il est encore trop jeune

Ce miso promet d’être fantastique et j’ai hâte qu’il arrive à maturité ! Je vous donne maintenant rendez-vous entre juin et août 2022 pour voir comment mon miso aura évolué.

Petit aparté :
Après une très longue fermentation, un liquide apparaîtra en plus du miso, ce liquide c’est le tamari. Ce tamari ressemble à s’y méprendre à la célèbre sauce soja (shoyu en japonais) mais quelle est la différence entre les deux ? 

Le shoyu, bien que largement utilisé au Japon, est d’origine chinoise et contient du blé pour adoucir son goût. Le tamari, lui, est un produit d’origine purement japonaise et possède un goût plus riche mais contient également plus de sel. Notons qu'il a l’avantage d’être sans gluten et donc, sans danger pour les intolérants.
CINQUIEME ET DERNIERE ETAPE : LA DEGUSTATION

Hiro san nous a préparé une délicieuse soupe miso avec du bouillon dashi, des haricots de soja, de la patate douce, des champignons et bien entendu… du miso ! Pour cette soupe, elle nous a fait découvrir le miso de pois chiche et c’était vraiment délicieux.

Pour accompagner, nous avions du riz avec du kurumi miso, un condiment à base de miso sucré aux noix, c’était d’une gourmandise incroyable, j’ai adoré !

Bien entendu, le miso de soja est lui aussi à tomber par terre ! J’en ai d’ailleurs acheté un peu pour pouvoir déjà en profiter en attendant que mon bébé miso s’épanouisse… Je ne me vois plus acheter du miso dans le commerce, tant le miso de chez Nuu Miso est sans comparaison. J’en bave rien que d’y penser hi hi hi

D’un point de vue cuisine, sachez que le miso peut remplacer avantageusement le sel ! Il apporte un goût plus complexe, plus riche. On peut par exemple donner du caractère à une sauce bolognaise en ajoutant du miso dedans. N’hésitez pas à faire des expériences !

POUR ALLER PLUS LOIN…

Le miso vivant a beaucoup de bienfaits pour la santé physique : il contient beaucoup d’acides aminés, vitamines, et minéraux. Par la richesse des bactéries qu’il contient, il renforce la flore intestinale.

Les études au Japon ont déjà montré que les personnes qui mangeaient du miso tous les jours avaient moins de chance d’être atteintes de maladies comme : cancer, hypertension, artériosclérose, ulcère gastro-duodénal, de l’estomac, etc. Il a un effet antioxydant, donc anti-vieillissement, qui va renforcer le système immunitaire.

Le miso de Nuu miso est bon pour le côté social et environnemental : « Nuu miso contribue aux circuits courts en privilégiant les matières premières locales et issues de l’agriculture biologique (notre soja bio est cultivé en Belgique). Nous sommes très sensibles à l’économie durable et à l’écologie, qui sont aussi à la base de notre projet : sensibiliser en proposant une solution concrète. En plus, dans la fabrication de miso, il n’y a (quasiment) aucun déchet ! »

Pour en découvrir plus, je vous invite à visiter…

Gochisousama deshita!

Concert du Trio Kanade: à la découverte du shamisen

Le 25 octobre dernier, l’équipe de WalloNihon et moi-même assistions à un sublime concert du Trio Kanade et diffusé sur la page TV de l’Arboretum Studio.

Tout au long de cet événement, les instruments entrèrent en communion et nous offrirent un moment magique. Toutefois, lorsqu’Aki Sato entama se performance solo au shamisen, le temps sembla se figer… Telle une fenêtre ouverte sur le passé, je n’assistais plus à un concert mais à la transmission d’un héritage culturel, musical qui prend naissance dans des temps reculés…

Source : photo personnelle.

Mais pour le moment, laissons de côté l’histoire et concentrons-nous un instant sur le présent. Je vous invite à découvrir l’extrait vidéo ci-dessous, témoin de la maitrise technique d’Aki Sato.

Crédit vidéo: Arboretum Studio

Le shamisen est un instrument surprenant, n’est-ce pas ? Comme vous avez pu le constater dans cet extrait, Aki Sato utilise un plectre afin de gratter les cordes.

Simple en apparence, il est capable de produire une grande variété de notes différentes. Mais qu’est-ce qu’un shamisen ?

Un peu de vocabulaire…

Il existe plusieurs types de shamisen mais tous répondent à la même structure de base. De ce fait, nous pourrions le définir simplement comme un corps creux traversé par un manche et muni de trois cordes.

Shamisen réalisé par Takechi Matsukawa, 1891

Source : Takechi Matsukawa | Shamisen | Japanese | The Metropolitan Museum of Art (metmuseum.org) (Domaine public)

Entamons notre découverte par le corps de l’instrument, dô (胴). Celui-ci est composé de quatre pièces de bois issues de différentes essences : bois de santal rouge/kôki (紅木), bois de rose/shitan (紫檀) ou encore padoauk/karin (花梨). Chaque essence possède des spécificités qui peuvent influencer le son produit par le shamisen.

Dans l’article sur le koto, j’avais mentionné la présence de motifs sculptés à l’intérieur du corps et connus sous le nom d’ayasugi (綾杉). Il est intéressant de souligner que ces motifs peuvent également se retrouver sur la face interne du corps des modèles de shamisen destinés aux concerts. Motifs qui, rappelons-le, améliorent considérablement la tonalité de l’instrument.

Traditionnellement, la partie externe du corps est recouverte d’une peau de chat ou de chien, kawa (皮). La peau de chat, plus fine, offrirait un son plus léger alors qu’à l’inverse, la peau de chien, plus épaisse, donnerait un son plus lourd.

À la lecture de ces dernières lignes, certains pourraient trouver cette pratique condamnable mais c’est un débat sur-lequel je ne m’étendrai pas car ce n’est pas mon but. Néanmoins, notons qu’il existe des peaux synthétiques même si celles-ci offrent une tonalité nettement inférieure à celle des peaux naturelles. Toutefois, ces dernières sont notamment conseillées aux amateurs ou aux personnes qui ne souhaitent pas entrer dans un apprentissage approfondi du shamisen.

Pour protéger la peau des coups du plectre, bachi (撥), une pièce de peau, bachigawa (撥皮) est ajoutée sur la partie supérieure du corps. Enfin, une pièce de tissu mais qui peut aussi prendre la forme d’une coque laquée, le doûkake (胴掛け) recouvre un côté du corps pour protéger la peau et supporter la main qui tient le plectre lorsque la personne joue.

Source : Takechi Matsukawa | Shamisen | Japanese | The Metropolitan Museum of Art (metmuseum.org) (Domaine public)

Passons maintenant au manche du shamisen, sao (棹). La composition de ce dernier peut varier. En effet, il peut être réalisé en une seule pièce ou constitué un assemblage de trois morceaux de bois qui peuvent être désassemblés pour en faciliter le transport, permettre des réparations locales et réduire la déformation du bois. Tout comme le corps de l’instrument, l’essence utilisée pour la fabrication du manche va avoir un impact sur le son produit.

Classiquement, les trois cordes utilisées sur le shamisen sont en soie bien que des cordes en nylon existent également. Celles-ci sont attachées à un cordier, neo (音緒) fixé à l’extrémité inférieure du corps à l’aide de chevilles en bois ou en ivoire. La sommet du manche prend une forme incurvée appelée ebio (海老尾). Dans celui-ci, on retrouve un espace ajouré qui contient le cheviller, l’itogura (糸蔵). Les trois cordes sont enroulées autour de ce dernier et sont tendues sur le haut du manche par le biais de chevilles qui traversent la pièce de bois. Celles-ci portent le nom de itomaki (糸巻). Exercer un mouvement de rotation sur ces dernières permet de régler la tension des cordes.

Source : photo personnelle.

Apporter une modification à ces différentes pièces va avoir un impact considérable sur le ton et le son du shamisen. En outre, il existe de multiples combinaisons de pièces, cordes et plectres qui vont également produire les mêmes changements.

De surcroît, vous l’avez sûrement remarqué dans l’extrait vidéo mais à la différence d’une guitare, le shamisen ne dispose pas de frettes, les ligatures permettant de changer les notes avec une plus grande précision. Ce détail témoigne du haut niveau d’habileté nécessaire afin d’obtenir la hauteur spécifique des notes.

Au regard de ces éléments, le shamisen est simple en apparence mais d’une grande complexité. Sur la photo ci-dessous, vous pouvez retrouver les différents éléments que je viens de citer.

Légende :

  • 1 : Dô (胴)
  • 2 : Kawa (皮)
  • 3 : Bachi (撥)
  • 4 : Doûkake (胴掛け)
  • 5 : Sao (棹)
  • 6 : Neo (音緒)
  • 7 : Ebio (海老尾)
  • 8 : Itogura (糸蔵)
  • 9 : Itomaki (糸巻)

Retournons maintenant dans le passé et découvrons l’histoire de cet instrument dont les racines sont enfouies au-delà de l’archipel nippon.

Histoire

Bien que de nombreuses hypothèses entourent l’histoire du shamisen (三味線), son origine semble s’enraciner en Chine. Sous la dynastie Qin (221-206 aCn) apparut le Xiantao qui évolua progressivement vers ce que l’on appelle le Sanxian sous la dynastie Ming, entre les XIIIe et XIVe siècle. Cet dernier est très intéressant car il possède différentes similitudes avec le shamisen au travers notamment de sa forme générale et de la présence de trois cordes,  la caractéristique dont il tire son nom.

Sanxian, XIXe siècle

Source : Sanxian (三弦 ) | Chinese | Qing dynasty (1644-1911) | The Metropolitan Museum of Art (metmuseum.org) (Domaine public)

Il serait ensuite arrivé dans le Royaume de Ryûkyû, la région actuelle d’Okinawa, à la fin du XIVe siècle. À ce moment-là, l’instrument portait le nom de sanshin (三線), littéralement trois cordes ou encore jamisen (蛇味線), une référence à la peau de serpent qui recouvre le corps de l’instrument et que possède également son homologue chinois. Il arriva finalement dans le port de Sakai, près d’Osaka dans la seconde moitié du XVIe siècle avant d’évoluer progressivement et d’adopter, dans le courant du XVIIe siècle, la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.

Une évolution notable se produisit entre le jamisen et l’instrument que l’on connait aujourd’hui. Celle-ci concerne la matière qui recouvre le corps de l’instrument. Comme je l’ai mentionné précédemment, le corps du shamisen est recouvert d’une peau de chat ou de chien mais il n’en fut pas toujours le cas puisque son ancêtre était recouvert d’une peau de serpent. L’explication est due à deux facteurs. Le premier fut la difficulté d’approvisionnement. Le second est en lien avec cette première explication car pour répondre à cette difficulté et dans une volonté d’amélioration, les japonais découvrirent que les peaux de chats et de chiens répondaient à cet objectif.

Sur la carte ci-dessous, vous pouvez voir le trajet parcouru par ce formidable instrument.

Source : monprof carte chine japon | patricia m | Flickr (Domaine public)

Mais son parcours ne s’arrêta pas là… Au fil du temps, il accompagna différents styles musicaux. C’est ainsi qu’il fut le partenaire idéal des chansons populaires mais il accompagna également le théâtre Kabuki, le bunraku et fut l’un des trois instruments composant le sankyoku : la réunion du shamisen, du koto et du kokyû, ce dernier étant un autre instrument à cordes et archet.

Il est temps de plonger à nouveau dans la musique d’Aki Sato et de découvrir ce qu’elle dissimule…

Tanuki

Elle nous emmena à la découverte d’une chanson intitulée Tanuki et qui est très représentative d’un autre style musical, le sakumono (作物). Mais de quoi s’agit-il ? Regardez la vidéo ci-dessous et vous pourrez en voir un aperçu.

Crédit vidéo: Arboretum Studio

Comme vous l’avez remarqué, Aki Sato accompagne son jeu avec un côté narratif qui est très présent dans ce style. Caractérisé par un contenu comique, ce genre musical n’en reste pas moins extrêmement difficile car il nécessite une diversité technique extrêmement riche.

En outre, le sakumono fait partie de ce que l’on appelle le jiuta (地歌) qui est un morceau de musique joué au shamisen et qui a vu le jour dans les régions de Kyôto et d’Osaka à la fin du XVIe siècle.

Notre aventure touche doucement à sa fin mais terminons sur une dernière note. Lors du concert, nous avons eu l’occasion de voir le parcours musical de chaque artiste et je n’ai pu m’empêcher de m’intéresser au parcours d’Aki Sato, Maitre de shamisen de l’École Nogawa (野川流). Cette dernière a été fondée par Nogawa Kenkô (… – 1717) entre les XVIIe et XVIIIe siècle. Durant sa vie, il édita 32 chansons et les transmit en tant que style Nogawa. Actuellement, il n’existe que deux écoles de jiuta dont l’école Nogawa qui perpétue la transmission de son fondateur.

À la lumière de ces informations, je pense qu’il n’est pas exagéré de dire qu’Aki Sato nous a offert bien plus qu’une performance, elle nous a permis d’entrer dans l’essence même de sa pratique musicale et nous a plongé au cœur même d’un héritage d’une valeur inestimable.

N’étant pas spécialiste de la musique traditionnelle japonaise, ce n’est pas un avis d’expert que je vous livre ici mais celui d’un passionné. Ainsi s’achève notre histoire qui, je l’espère, vous aura plu.

Je tiens à remercier le Trio Kanade et plus particulièrement Aki Sato ainsi que l’Arboretum Studio pour m’avoir permis de donner vie à cet article.

Je souhaite également remercier l’équipe de WalloNihon qui m’a soutenu dans son écriture, non sans peine.

Si vous souhaitez suivre ces artistes talentueuses, suivez les liens suivants :

Pour revoir le concert et découvrir le programme qui était proposé, une seule adresse, celle indiquée ci-dessous :

ACER JAPONICUM, une belle découverte

Bonjour à tous,

Aujourd’hui, je viens avec un livre que j’ai vraiment adoré. Je l’ai lu d’une seule traite tant il m’a captivée immédiatement, ce qui ne m’était plus arrivé depuis longtemps !

Ce livre, c’est « Acer Japonicum » d’Aurélien Gouttenoire. L’auteur a d’ailleurs eu la gentillesse de m’accorder une interview que vous retrouverez à la fin de l’article. Pour être transparente avec vous, j’ai reçu ce livre gratuitement de la part de Books On Demand, la solution d’autoédition qui a également imprimé cet ouvrage.

Venons-en au livre proprement dit et voici le résumé que vous trouverez sur la quatrième de couverture :

« Sous les feuilles rousses du Soleil-Levant, il y avait deux hommes. L’un, français, charmé par la société nipponne et son intimité ombreuse, condamné au sort de l’étranger à l’étranger. L’autre, japonais, prodige de l’ikebana aux amours interdites, prisonnier des mœurs de son pays. Cette histoire est celle d’une rencontre : celle de deux peuples que tout oppose ; celle de deux apatrides que tout unit. »

Ce résumé, pour ne pas me gâcher la surprise, j’avais décidé de ne pas le lire au préalable ! Je voulais découvrir le roman sans aucune idée de ce dont il parlait. Les seuls indices venaient donc du titre et de la photo de couverture, « Acer » étant le nom botanique de l’érable et « Japonicum » faisant référence au Japon de façon évidente.

Etant donné que j’aime les végétaux en général et donc, les érables du Japon, que je suis passionnée par le Japon (je suppose que vous l’aviez deviné), j’imaginais bien que ça pourrait me plaire. Mais, si le cadre de l’histoire se déroule bien au Japon lors de la magnifique saison de l’automne, j’étais à mille lieues de deviner ce que le protagoniste principal (qui n’est pas nommé mais que nous appellerons « Watashi ») allait raconter au fil des pages !

Notre personnage, « Watashi », est un expatrié français vivant au Japon dans une solitude pesante. C’est alors qu’il décide de trouver une activité qui lui permettrait de rencontrer des personnes. C’est de cette manière qu’il découvre l’ikebana, cet art japonais fondé sur la composition florale. Là, parmi les élèves, exclusivement féminines, il y a un seul autre homme, un Japonais aux abords peu amicaux et pourtant, véritable prodige dans cet art traditionnel. Voilà le point de départ du bouleversement qui va suivre…

Ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus sur cette histoire, je ne voudrais pas vous gâcher la découverte. Ce que je peux vous dire en revanche, c’est que j’ai d’abord été captivée par l’ambiance poétique dès la première page. Ensuite j’ai été retenue par la narration réaliste, ni idéalisant, ni diabolisant la culture japonaise mais étant empreinte d’une forme d’honnêteté et de clairvoyance à ce sujet.

Quand est arrivé le tournant de l’histoire, passée la surprise, d’autant plus grande que je n’avais rien vu venir me l’annonçant, je n’ai pas pu me détacher des pages tant je voulais connaître la suite. J’étais dans une forme de compassion pour les personnages, oscillant entre inquiétude et soulagement. J’ai été tenue en haleine de cette manière jusqu’à la toute dernière page qui a confirmé que j’aimais vraiment ce livre !

Qui est Aurélien Gouttenoire ?

Voici ce que nous pouvons découvrir de lui en lisant la quatrième de couverture :

« Aurélien Gouttenoire est un auteur français, né en 1996. Passionné de botanique et d’anthropologie, c’est d’abord adolescent, par la création de courts métrages d’animation, qu’il donne vie à son imagination. Puis, à vingt-et-un ans, l’envie de prendre la plume germe en secret. De ce travail naît « Acer japonicum », premier roman issu de sa fascination pour le Japon. Désormais, son souhait est de continuer à écrire, de confectionner un jardin littéraire dont chaque serre, chaque récit, s’enracinerait toujours plus profondément dans la nature humaine, se nourrirait de nos errances, de nos fantasmes, de nos désillusions pour croître vers un horizon qui nous échappe et nous dépasse. »

Souhaitant le connaître un peu plus et pour mieux comprendre son travail, ses inspirations et son parcours, j’ai rédigé une interview et monsieur Gouttenoire a gentiment pris le temps de me répondre.

Je vous retransmets cette interview, dans son intégralité :

(Attention, il y a un spoiler dans l’interview)

JEN : Bonjour, Tout d’abord félicitations pour ce très beau roman que j’ai lu d’une traite tant il m’a captivée ! Je voudrais vous poser quelques questions pour compléter l’article que j’écris concernant votre livre si vous le voulez bien…

Aurélien GOUTTENOIRE : (C’est surtout moi qui vous remercie d’avoir pris le temps de lire mon travail, et encore plus de vouloir écrire un article dessus ! Je suis vraiment heureux qu’il vous ait plu en tout cas, surtout que j’ai remarqué que vous étiez passionnée par le Japon. Je craignais un peu d’avoir mal retranscrit l’archipel ou de lui avoir donné une vision trop personnelle.)

JEN : Ecrire un roman, cela n’est pas donné à tout le monde… Comment cette idée vous est-elle venue ? Avez-vous rencontré des difficultés dans le parcours ?

Aurélien GOUTTENOIRE : Depuis que je suis enfant, j’ai beaucoup d’histoires qui me viennent spontanément à l’esprit (comme tous les enfants, non ?). Alors, quand j’ai découvert, vers mes onze ans, un site internet qui permettait de créer ses propres dessins animés, ç’a été le Saint Graal. J’y ai passé le plus clair de mon temps, au point de délaisser les devoirs une fois rentré de l’école. On était très loin d’un Pixar, mais certains internautes parvenaient à réaliser de véritables bijoux. Ces courts et moyens-métrages ont été ma cour de récréation jusqu’à mes vingt-et-un ans. Puis, lorsque l’histoire derrière Acer japonicum a commencé à prendre forme, j’ai eu le sentiment que l’animation ne serait pas un support adapté. Elle appelait un regard et une voix différents, une manière de retranscrire les émotions contrastées du personnage principal, et surtout, ses réflexions sur la société nipponne. Je ne sais ni peindre, ni chanter, ni sculpter, ni danser, alors, faute de mieux, je me suis essayé à l’écriture.

Je ne vous cache pas que mes premiers essais ont été chaotiques. Je ne suis pas un homme de lettres ; lorsque j’ai commencé à écrire, je me suis dit : « bon, tu vas faire un travail littéraire, il va donc falloir utiliser des mots très très littéraires, pour que ça fasse très très intelligent ». Je rédigeais les phrases telles qu’elles me venaient, puis, avec un dictionnaire de synonymes, je remplaçais tous les mots un brin trop simples par des équivalents archi-soutenus. J’obtenais ainsi un texte illisible au possible, prêt à imploser, et dont je ne comprenais plus rien. Un jour, il m’a bien fallu admettre que je n’allais nulle part ainsi, et le manuscrit a fini à la poubelle. J’ai recommencé depuis zéro, rebalancé à la poubelle, re-recommencé, re-rebalancé… jusqu’à trouver ce qui me semblait être la juste note. Vous l’aurez compris, ce projet était loin d’être une entreprise facile et il m’a fallu trois ans pour aboutir à quelque chose d’un minimum convenable.

JEN : Où avez-vous trouvé l’inspiration pour votre livre ? Vous êtes-vous inspiré de faits réels ?

Aurélien GOUTTENOIRE : Le déclic a été la projection au cinéma du film Call me by your name, tiré du roman d’André Aciman. J’ai été subjugué par la manière dont cette romance était imprégnée de culture méditerranéenne, avec cette chaleur estivale étouffante, l’ombre des oliviers et le chant des cigales. En rentrant chez moi, je me souviens m’être demandé « qu’est-ce que ça donnerait, une histoire comme celle-là, mais imprégnée de culture japonaise ? ». De cette interrogation, une intrigue a commencé à prendre forme, avant de devenir le roman qui nous occupe ici.

S’agissant de l’inspiration de faits réels, je répondrais non et oui. Non, car l’histoire constitue véritablement une fiction (qui flirte avec l’autofiction). Je tenais d’ailleurs à ce qu’elle soit déconnectée d’unités de lieu et de temps précises, afin de me focaliser le plus possible sur les personnages et extraire leur part d’universalité et d’intemporalité. C’est pour cela qu’ils évoluent au sein de villes fictives (comme Kumigawa ou Yugatari), afin qu’elles représentent le Japon sous une forme condensée, comme des boules à neige. Cela étant, je me suis tout de même inspiré de fragments de faits réels que j’ai vécus lors de mes quelques échappées là-bas. Certains lieux visités par les personnages existent bel et bien, même s’ils ne sont pas clairement identifiés. Ils sont des devinettes pour les lecteurs…

JEN : Un sujet tel que l’homosexualité n’est pas si banal en littérature, qu’est-ce qui vous a motivé à choisir d’en parler ?

Aurélien GOUTTENOIRE : Même si le rapport à l’homosexualité tend à s’améliorer en Europe de l’Ouest, notamment au sein des nouvelles générations, il reste difficile de trouver des productions (livres, films, séries etc.) qui abordent le sujet dans toute sa complexité. J’ai le sentiment qu’elles se partagent en deux groupes. Il y a celles qui occultent très largement, voire complètement, le mal-être que peuvent ressentir les personnes non-hétérosexuelles lorsqu’elles subissent l’opprobre de la société. Je pense par exemple aux livres ou mangas écrits par le genre opposé pour le genre opposé, dans lesquels les personnages évoluent au sein d’univers où l’homosexualité est la norme. Bien que cela parte d’un bon sentiment, on sous-estime les dommages collatéraux qu’ils peuvent causer, notamment pour les plus jeunes.

De l’autre côté, il y a les œuvres où l’orientation sexuelle des personnages constitue une forme de malédiction qui ne pourra déboucher que sur des amours impossibles, des maladies incurables et, finalement, la mort. Je ne dis pas qu’il faut proscrire ces œuvres, loin de là : elles constituent pour beaucoup des témoignages précieux qui ne doivent jamais être oubliés. On ne pourrait pas traiter de l’épidémie du SIDA, par exemple, en prétextant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Mais en l’absence de récits plus optimistes pour contrebalancer, il me semble qu’on entretient une forme de cercle vicieux qui a nécessairement une incidence sur le regard qu’un individu porte sur lui-même et sur les relations affectives qu’il entretient. La culture et l’éducation ont un rôle primordial à jouer ici. J’ai donc voulu écrire un livre que j’aurais souhaité lire, en m’efforçant de lui attacher un message le plus équilibré possible : ni trop défaitiste, ni trop tendre. Enfin, je souhaitais que ce sujet constitue une porte d’entrée vers une réflexion plus large, à la fois sur notre rapport à l’imaginaire culturel, et sur notre condition humaine.

JEN : Parlons du cadre de l’histoire, le Japon… En vous lisant, on s’y croirait ! D’où vous viennent cet amour et cette connaissance de l’Archipel ? Y avez-vous vous-mêmes séjourné ?

Aurélien GOUTTENOIRE : Tout d’abord, merci beaucoup ! Je suis ravi que le roman apporte un peu de dépaysement. Au même titre que le personnage principal, à l’origine, j’ai entrevu le Japon par le prisme des mangas et des anime, à commencer par Naruto. Je doutais néanmoins que les Japonais courent sur les toits et crachent des boules de feu (encore que…). A mesure que je me suis intéressé au pays qui se dissimulait derrière, j’y ai découvert toute une société fascinante, raffinée et terriblement complexe. Pour une personne qui, comme moi, a besoin d’analyser et comprendre l’être humain dans toute sa diversité, le Japon se présentait comme un vaste terrain de jeu. Je suis bien loin d’avoir appréhendé l’archipel entier, mais je m’efforce de le déconstruire pièce par pièce, afin d’en avoir une compréhension la plus fine possible.

J’ai eu la chance, il y a six ans, de pouvoir y trouver un boulot d’été et d’être hébergé par une famille d’accueil, ce qui m’a permis de côtoyer ce Japon authentique. Je n’y suis jamais allé à l’automne cependant ; vous aurez deviné, pour avoir lu Acer japonicum, que c’est l’un de mes rêves !

JEN : Avez-vous pratiqué vous-même l’Ikebana dont il est tant question ?

Aurélien GOUTTENOIRE : Au risque de vous décevoir, je ne m’y suis essayé qu’une seule fois ! En réalité, dans sa toute première version, l’histoire n’avait pas l’ikebana comme cadre principal. Il n’intervenait que plus tard : à mesure que le personnage français s’intéressait à Ryûji, le protagoniste japonais, il apprenait que celui-ci était un compositeur chevronné. L’atelier d’ikebana devenait une sorte de jardin secret dans lequel s’introduisait le personnage principal, de la même manière qu’il s’immisçait dans l’intimité nipponne. Finalement, j’ai trouvé intéressant de me focaliser davantage sur cette discipline, comme un point de repère dans ce récit où l’espace et le temps se défilent.

C’est dans ce contexte que je me suis aventuré dans un atelier d’ikebana, non pas au Japon, mais en Italie, car j’y vivais à ce moment-là. Ma première composition a été un désastre (elle m’a d’ailleurs inspiré un passage du roman). J’étais motivé à persévérer, mais les frais d’inscription étaient complètement prohibitifs. Je rassure néanmoins les lecteurs : certains ateliers sont bien plus abordables. Du reste, pour l’écriture de l’histoire, je me suis inspiré de ressources et d’images publiées en ligne.

JEN : Concernant l’édition de votre livre, pourquoi avoir choisi l’autoédition ?

Aurélien GOUTTENOIRE : Comme j’évoquais un peu avant, je ne suis pas un grand connaisseur du monde littéraire. J’imaginais qu’un roman devait nécessairement être retenu par une maison d’édition pour pouvoir exister. J’avais donc envoyé le manuscrit à quelques maisons dont la ligne éditoriale était susceptible de correspondre. Nous étions toutefois au sortir des périodes de confinement et les Français, calfeutrés chez eux, s’étaient mis à écrire en masse. Le raz-de-marée a été tel que certaines grandes maisons ont dû fermer leur service des manuscrits. Je ne me faisais pas d’illusion et, resté sans réponse durant plusieurs mois, j’ai cherché une alternative.

C’est à ce moment-là que j’ai découvert le monde de l’autoédition. Une fois encore, j’y voyais plutôt un lot de consolation pour espérer toucher deux ou trois lecteurs. Sur les conseils d’un proche, j’ai toutefois décidé de faire de la promotion sur les réseaux sociaux, ce qui m’a permis de gagner rapidement en notoriété. Bien utilisées, ces plateformes permettent de court-circuiter les intermédiaires habituels de l’écosystème littéraire. Je suis bien entendu loin d’avoir constitué un lectorat de trois cent mille personnes, mais je ne pensais pas toucher autant de monde en un mois et demi de publication. Je reste également titulaire des droits d’auteur sur mon roman, ce qui me permet de garder la main sur sa diffusion.

JEN : Prévoyez-vous d’écrire encore un autre livre ou même plusieurs ? Si oui, avez-vous déjà une idée de la trame principale ?

Aurélien GOUTTENOIRE : J’ai en effet de nombreuses histoires en tête qui ne demanderaient qu’à prendre vie ! Elles partageraient toutes deux points communs.

Sur la forme, elles auraient chacune un végétal en guise de symbole, au même titre que l’érable du Japon représente (littéralement) Acer japonicum. Mon intention est de constituer une sorte de jardin botanique où derrière chaque plante, chaque étiquette, s’épanouirait un récit.

Sur le fond, elles s’attacheraient à questionner notre imaginaire collectif. Il s’agit d’un thème qui me passionne et que j’aimerais appréhender sous toutes ses coutures.

Parmi toutes ces idées, il y en a une qui me tient particulièrement à cœur, car elle aborderait ce sujet de manière assez frontale. Je crains néanmoins que ce soit le genre de livre qu’on ne peut écrire qu’à soixante ou septante ans, avec le recul d’une vie. Mais, qui sait ?

JEN : Avez-vous envie d’ajouter quelque chose ?

Aurélien GOUTTENOIRE : Je souhaiterais vous remercier une fois encore pour l’intérêt que vous portez à Acer japonicum et pour l’article que vous vous apprêtez à écrire. La communauté Wallonihon a l’air très sympathique ; si je n’habitais pas aussi loin, je vous aurais rejoints avec plaisir !

Enfin, pour les personnes curieuses d’en savoir plus sur mon travail, je les invite à consulter mon site internet : www.aurelien-gouttenoire.com

Vous pourrez également retrouver Aurélien Gouttenoire sur

Facebook: Aurélien Gouttenoire

Instagram: Aurélien Gouttenoire

Fiche technique du livre :

Titre : Acer Japonicum

Auteur : Aurélien Gouttenoire

Editions : BoD, Books On Demand

Date de parution : Septembre 2021

ISBN : 9782322396931

Nombre de pages : 168

Immersion dans l’univers du Furoshiki

La fin d’année approche et tout doucement, un air de fête imprégnera l’air tandis que les vitrines se pareront de leurs plus belles décorations. Viendra ensuite le moment des cadeaux et à ce moment-là, nous aurons le choix de rivaliser d’ingéniosité afin de proposer des emballages originaux ou au contraire, d’opter pour la facilité et de nous reposer sur le savoir-faire des employés des différents magasins.

Si comme moi vous avez deux mains gauches, la solution de facilité est sans aucun doute celle que vous choisirez d’emblée.

Toutefois, j’ai eu la chance de découvrir une méthode originale, élégante et très écologique : le Furoshiki (風呂敷) qui n’est rien de moins qu’une technique traditionnelle de pliage et de nouage du tissu. D’ailleurs, ce terme désigne à la fois la technique que le tissu utilisé.

L’atelier

Après l’accueil chaleureux que nous a réservé Jacklyne, la fondatrice de Degrève’s Workshops, nous avons pu faire connaissance avec les autres membres du groupe tout en savourant de délicieux mochi accompagnés d’un thé excellent.

S’en est suivie une présentation très intéressante de l’histoire du Furoshiki avant d’entrer véritablement dans le vif du sujet. Nous avons pu nous essayer à différentes techniques et j’ai été agréablement surpris par Jacklyne qui n’a pas hésité à prendre le temps avec chacun, dépassant même la durée initialement prévue.

Sous ses enseignements, nous avons pu réaliser différents types de Furoshiki. De l’emballage simple en passant par celui à un nœud puis deux et en terminant par différents types de sacs. Il est intéressant de souligner qu’un syllabus nous a rapidement été envoyé par mail et contenant, entre autre, des mini-tutoriel.

L’apprentissage a-t-il fait ses preuves ? Comme tout apprentissage, il faut de la pratique. C’est ainsi que je me suis de nouveau exercer à plier, nouer le tissu mais un peu tardivement, je l’admets. Toutefois, voici le résultat. Alors, qu’en pensez-vous ?

Hirazutsumi (平包み)
Otsukaizutsumi (お使い包み)
Yottsumusubi (四つ結び)

Un peu d’histoire…

L’histoire du Furoshiki présente des zones d’ombre et il existe différentes hypothèses. Parmi les plus courantes,  son utilisation remonterait à l’époque de Nara, au VIIIe siècle. Il était alors employé pour protéger et transporter les objets de valeur comme les robes des prêtres, stockées encore aujourd’hui au Shôsôin (正倉院), le bâtiment utilisé pour conserver les trésors du temple Tôdai-ji (東大寺) de Nara. À ce moment-là, il portait le nom de Kesazutsumi (袈裟包み), Koromozutsumi (衣包み) ou encore Oozutsumi (大包み) et fonction du type d’objet à emballer.

C’est véritablement au cours de la période Edo, au XVIIIe siècle, qu’il prit le nom que nous lui connaissons actuellement. En effet, les kanji composant le mot Furoshiki peuvent être décomposés de la façon suivante : Furo (風呂), le bain et Shiki, du verbe Shiku (敷く), étendre. C’est ainsi que sous l’essor des bains publics, les japonais l’utilisait pour transporter leur nécessaire de toilette, leurs vêtements et s’en servait aussi comme tapis de bain.

J’espère que ce petit article vous aura plu.

Pour toute information complémentaire, je vous invite à suivre les liens ci-dessous.

Vous pouvez suivre Jacklyne via :

  • Instagram : @Degrevesworkshops

Vous pouvez également consulter son site Internet pour vous tenir informé de l’agenda des ateliers à l’adresse suivante : Degrève’s Workshops | Ateliers créatifs | (wixsite.com)

Interview de Francesco Serafini: Japan Film Festival de Bruxelles

Le rideau est sur le point de se fermer sur cette première édition du Japan Film Festival de Bruxelles… Toutefois, nous ne pouvions pas vous laissez partir sans vous proposez l’interview que nous a accordé Francesco Serafini, l’un des organisateurs de cet événement.

Sans plus attendre, voici le résultat de cette entrevue très conviviale et surtout très riche !

W : Quel est votre parcours ? Comment est né l’intérêt que vous portez au cinéma japonais ou, plus largement, à la culture japonaise ?

F : Je suis photographe de formation et de profession. J’ai eu l’occasion de collaborer comme photographe avec l’Institut de culture du Japon pour les 150 ans de l’amitié belgo-japonaise. Toujours avec ce même Institut, j’ai eu le plaisir de présenter mon travail lors d’un vernissage. En outre, il y a 5 ou 6 ans, l’Institut proposa des rétrospectives gratuitement. Grâce à cela, j’ai découvert de vrais bijoux, notamment une trilogie « Always – sunset on third street » qui est elle-même basée sur un manga.

F : Étant marié avec une citoyenne japonaise, j’ai eu l’occasion d’effectuer de nombreux voyages. Je suis également un cinéphile et sans fausse modestie, j’ai une grande connaissance du cinéma. Dans mon parcours, je me suis retrouvé au Bifff où j’ai fait la connaissance de Freddy et je lui ai exposé mon point de vue. En effet, on parle de cinéma coréen, chinois mais il n’y avait rien sur le cinéma japonais. Grâce au Bifff, j’ai pu rencontrer plusieurs metteurs en scène japonais et je me suis rendu compte qu’en Europe on ne connaissait que les grands maitres du cinéma japonais : Kurozawa, Mizoguchi, etc. mais qui peut me citer un grand nom du cinéma contemporain ?

W : Quels étaient les objectifs que vous poursuiviez au travers de ce festival ?

F : L’objectif principal était de faire de ce festival un événement familial et donc de montrer un énorme éventail des capacités cinématographiques japonaises.

F : Un second objectif était de mettre en avant de nouveaux metteurs en scène car le cinéma japonais continue d’évoluer même si près de 99% du cinéma japonais est basé sur des animés, des manga, comme l’exemple que je citais tout à l’heure. Le lien entre le cinéma et les manga est encore très présent.

F : Outre le cinéma, un troisième objectif était de montrer que la culture japonaise n’est pas que réservée aux citoyens japonais mais qu’il y un échange avec notre culture belge et que nous pouvons également l’intégrer.

W : Comment avez-vous mis en œuvre votre projet ?

F : Cela a été très difficile pour plusieurs raisons. Au début, tout se mettait en place progressivement, les sponsors étaient très réceptifs puis le Covid est arrivé et ils se sont retirés petit à petit. L’abandon progressif des sociétés qui souhaitaient nous soutenir m’a choqué. Ce qui nous a sauvé, ça été le soutien de Tour & Taxi qui nous a permis de raviver un sursaut d’intérêt mais le festival était déjà bien avancé. Bien que la Japan Fondation et la ville de Bruxelles nous aient subsidiés, nous avons dû investir des liquidités personnelles. F : La seconde difficulté fut le fait qu’il s’agissait d’une première édition et que cela suscitait une certaine méfiance.

W : Tout au long de votre projet, quels sont les aspects positifs que vous en avez retiré ?

F : Personnellement, j’ai beaucoup appris grâce à Freddy sur la mise en place d’un festival, les pièges à éviter.

F : Un autre point positif tient dans cette première édition. Il y a eu des erreurs et c’est donc l’occasion de les corriger pour la prochaine édition. En outre, j’ai beaucoup apprécié certaines collaborations que j’ai envie de maintenir pour le futur. Par exemple, l’équipe en charge de la gestion de Tour & Taxi car il faut le dire, le site est magnifique et pouvoir entendre les réactions du public lorsqu’ils entraient dans la salle en disant « Wouahh », ce fut gratifiant. F : J’ai eu la chance de voir énormément de films et l’ambassade du Japon en Belgique a été très satisfait de la programmation proposée lors de ce festival.

W : D’un point de vue organisationnel, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

F : Le fait que ce soit une première édition. C’était une nouveauté, cela n’existait pas avant. À cela est venu s’ajouter le Covid. Maintenant, nous avons ouvert une porte avec ce festival et la refermer maintenant serait un gâchis phénoménal.

F : Un autre point est que nous étions deux organisateurs et avec le recul, cela fut une difficulté hors norme.

W : Nous avons assisté aux activités mais par moment, nous avons été choqués par le manque de respect de certaines personnes.

F : Le cyclisme, c’est très bien mais certains cyclistes n’ont pas du tout été respectueux, c’est vrai. Tour & Taxi et moi-même en avons discuté et avons décidé de bien corriger cette erreur pour la prochaine édition.

W : Si c’était à refaire, quels changements apporteriez-vous changeriez-vous ?

F : J’aimerais raccourcir la prochaine édition et la ramener à une durée de 5 jours incluant un week-end. J’aimerais également inclure une thématique pour canaliser toute l’énergie japonaise et pour répondre à cette volonté d’échange entre le Japon et la Belgique/l’Europe. Ainsi, j’ambitionne de développer la cuisine l’année prochaine. À première vue, cela pourrait passer pour un sujet passe-partout mais que connaissons-nous en Europe de la cuisine japonaise ? Les sushi, les sashimi… Je pense que l’on ne connait que 10% de la cuisine japonaise.

F : Le festival mettra en parallèle films récents et vieux films et ces derniers seront consacrés à la cuisine. Par exemple, il y a « Tampopo » de Itami Juzo qui est un magnifique film et dans lequel on peut découvrir plusieurs acteurs qui ont connu un grand succès par la suite ! 

F : Mon fils de 7 ans m’a également soufflé une idée que j’ai envie de réaliser : une compétition de mangeur de sushi. En Europe, cela n’existe pas alors que ça pourrait être génial ! Il y a énormément de possibilités !

W : Voudriez-vous vous exprimer sur un autre sujet ?

F : Je pense qu’il faut connaitre ses pairs, connaître les grands maitres du cinéma japonais mais il ne faut pas oublier ses contemporains.

F : À côté de la seconde édition de ce festival, j’ai l’intention de créer un Pokemon Day en février 2022. Cela n’existe pas non plus ! Cela se fera à Tour & Taxi avec projection de films Pokemon, échange de cartes, etc…

F : La seconde édition est déjà en route et j’ai plusieurs idées. J’aimerais monter deux autres sections : les court-métrages et les documentaires en mettant en parallèle la vision japonaise et européenne. Par exemple, une heure de court-métrage européen ou belge sur la vision du Japon et inversement. Je pense que cela serait très parlant pour mettre en avant les échanges entre nos deux cultures.

F : Mon but maintenant est de réunir une équipe de passionnés, de personnes qui ont envie de faire un festival tout en liant la culture et le marketing qui, je le pense, sont tout à fait conciliables.

W : Merci pour le temps que vous nous avez accordé. L’équipe de WalloNihon ne manquera pas de suivre avec la plus grande attention la prochaine édition.

Si le cinéma japonais vous passionne et que vous souhaitez vous investir dans cette seconde édition, n’hésitez pas à prendre contact avec notre équipe qui ne manquera pas de relayer vos souhaits !

Vous pouvez également trouver plus d’informations sur la page Facebook du festival et son compte Instagram.

Facebook: Japan Film Festival Brussels | Facebook

Instagram: japanfilmfestivalbrussels

Si vous souhaitez découvrir les trailers des œuvres cinématographiques citées lors de cette interview, n’hésitez pas à consulter les liens ci-dessous.

Découverte du film « Hokusai » au Japan Film Festival in Brussels

Cher Lecteur,

Nous n’arrêtons pas de te parler du Japan Film Festival à Bruxelles et des activités culturelles autour de celui-ci mais on ne t’a pas encore présenté de film ! Voici donc le film que j’ai eu le bonheur de découvrir pour sa première diffusion en Europe : Hokusai.

Et pour commencer, voici un bref rappel de qui est Hokusai en quelques périodes-clé…

Autoportrait de Hokusai sous les traits d’un vieillard (1840-1849)
Encre de chine et sanguine sur papier • RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Katsushika Hokusai (葛飾 北斎), qui se surnomme lui-même « Vieux Fou de dessin » est un peintre, dessinateur et graveur. Il est né dans la province Edo (qui deviendra Tokyo) en 1760 de parents qui nous sont inconnus. Il fut adopté très jeune par un oncle, fabricant de miroirs en bronze. Dès l’enfance, le petit Tokitarô Kawamura de son vrai nom, montra des aptitudes certaines pour le dessin.

Il commence sa formation artistique vers 16 ans dans un atelier de xylographie. Dès 1778, il se forme auprès de Katsukawa Shunshô, peintre d’estampes ukiyo-e et portraitiste d’acteurs de kabuki. En hommage à celui-ci, le futur Hokusai adopte son premier pseudonyme d’artiste « Katsukawa Shunrô ».

A la mort de son maître (1792) et suite à un désaccord avec son successeur, Hokusai quitte l’atelier Katsukawa. S’ensuit une période de sa vie où il vit pauvrement et illustre notamment des romans bon marché pour assurer sa survie.

En 1794, il continue sa formation grâce à une école plus classique ayant pour maître Tawaraya Sôri. Au décès de celui-ci, il utilisera ce nom pour créer un autre de ses pseudonymes les plus connus « Sôri »

A partir de 1796, il forge son style personnel bien qu’influencé par l’art de la Chine et de l’Occident de par les Hollandais (seuls autorisés à commercer avec le Japon à cette époque). Fidèle de la secte bouddhique « Nichiren », il adopte le fameux nom qu’on lui connaît le mieux : « Hokusai » (ce nom signifie : Atelier du nord) en hommage à Bodhisattva Myôken, l’incarnation de l’étoile polaire.

En 1814, le premier tome de ses Hokusai Manga est publié, il y en aura 15 au total. Notons qu’il est l’inventeur de ce mot « manga » que l’on peut traduire par « dessin libre ». Les Hokusai Manga sont un recueil de ses croquis concernant divers sujets (plantes, animaux, personnages, scènes de vie, etc.). Ces ouvrages donnent une idée intéressante de la vie à cette époque.

L’artiste atteint l’apogée de son art à partir des années 1830 et suivantes. C’est à cette époque qu’il engendre ses estampes parmi les plus connues : « Les 36 vues du Mont Fuji », « Les remarquables vues des ponts de différentes provinces » ou encore « Les cascades des différentes provinces ».

Hokusai meurt en 1849 après une carrière impressionnante où il réalisa une quantité vraiment considérable de dessins et peintures (environ 30.000 !). Ses dernières paroles sur terre furent : « Si le ciel m’avait accordé encore dix ans de vie, ou même cinq, j’aurais pu devenir un véritable peintre. ».

Différentes identités…

Faisons une parenthèse sur les principaux pseudonymes d’artistes qu’il utilisa au cours de sa carrière (il en aurait utilisé plus d’une centaine au total !) :

  • Katsukawa Shunrô (1778-1794),
  • Sôri (1794-1798),
  • Katsushika Hokusai (1798-1810),
  • Taito (1811-1819),
  • Iitsu (1820-1834),
  • Gakyô Rojin Manji (1834-1849)

Postérité…

Hokusai influença de nombreux artistes européens, en particulier Gauguin, Vincent van Gogh, Claude Monet et plus largement le mouvement artistique appelé japonisme.

Il inspira également beaucoup de créations artistiques tournées sur sa personne telles des mangas, des films, une quantité immense de livres dédiés, etc.

Quelques œuvres :

Illustrations de livres, collection du MET Museum
Transmettre l’esprit, révéler la forme des choses: Hokusai Manga, volume 5
collection du MET Museum
Transmettre l’esprit, révéler la forme des choses: Hokusai Manga, volume 11, collection du MET Museum
La grande vague de Kanagawa (神奈川沖浪裏) souvent appelé simplement « La vague » est issue de la série « Les 36 vues du Mont Fuji » et est sans doute l’œuvre la plus connue en Occident (image dans le domaine public)
Le Fuji par temps clair, aussi appelé « Fuji rouge » ( 凱風快晴) est également une œuvre issue de la série « Les 36 vues du Mont Fuji » (image dans le domaine public)
Pont Yahagi à Okazaki sur le Tokaido (諸國名橋奇覧 東海道岡崎矢はぎのはし), œuvre issue des « Remarquables vues des ponts de différentes provinces »
(image dans le domaine public)
La cascade de Kirifuri sur le Mont Kurokami dans la province de Shimotsuke
(image dans le domaine public)

Et maintenant que nous avons grossièrement brossé le portrait du génialissime Hokusai, revenons à ce film qui lui est consacré

Affiche du film

Détails :

Réalisation : HASHIMOTO Hajime

Scénario : KAWAHARA Len

Casting : YAGIRA Yûya (Hokusai jeune), TANAKA Min (Hokusai vieux), ABE Hiroshi (Tsutaya Juzaburo), KAWAHARA Len (Oi, Fille de Hokusai) NAGAYAMA Eita (Tanehoko Ryutei), entre autres

Production : Len Kawahara (Stardust Pictures / SDP Inc)

Distribution: Free Stone Productions Co., Ltd.

Découvrez le trailer sous-titré en français ici :

Il y a même un site internet officiel où vous trouverez beaucoup d’information concernant ce film. Pas de problème de compréhension car, en plus de la langue japonaise, ce site est traduit en français, anglais et chinois. Cliquez ICI.

Synopsis sur le site officiel du Japan Film Festival:

18ème siècle, ère Edo : un jeune artiste impécunieux dans le centre-ville. Il est minable et vit au jour le jour avec l’argent qu’il gagne en vendant ses tableaux dans les rues. Un jour, un éditeur populaire le découvre et l’amène à libérer son potentiel … Mais le shogunat d’Edo interdit bientôt les divertissements et son talent risque de le mener à l’échafaud …

Petit résumé personnel :

Le personnage, jeune, semble plutôt imbu de lui-même et peu agréable à fréquenter. Bien que très productif, il éprouve des difficultés à vivre de son art mais il persévère.

L’éditeur d’estampes populaires Tsutaya Juzaburo chez qui Hokusai cherche à vendre ses estampes le met à l’épreuve. Il pousse le jeune artiste dans ses retranchements pour lui faire prendre conscience de la raison pour laquelle il peint.

Il faudra attendre un événement tragique où Hokusai a failli perdre la vie pour que celui-ci comprenne enfin l’essence de son art.

Hokusai se lie d’amitié avec Tanehoko Ryutei dont il illustre les livres. Cet homme, bravant l’interdit du shogunat, écrivait des romans malgré son statut de samouraï. Il le paiera d’ailleurs de sa vie.

Malgré la perte de son ami et malgré l’attaque d’apoplexie dont il a survécu avec quelques séquelles, Hokusai continuera coûte que coûte à peindre…

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé ce film que j’ai trouvé très intéressant et instructif quant à cette période de l’histoire du Japon. On y apprend les rigueurs imposées par le shogunat sur la production artistique et les sanctions infligées, jusqu’à la condamnation à mort ! Il en fallait du courage pour rester un artiste entier, ne rabotant pas son inspiration pour convenir à la loi !

Concernant le personnage principal, on y découvre un Hokusai comme un être humain avec ses défauts et ses doutes et non pas seulement comme le génie qu’il est devenu ensuite. Cela le rend plus proche du spectateur même s’il paraît imbuvable dans sa jeunesse…

On y voit le cheminement d’un homme qui se cherche lui-même et qui ne se lasse pas de travailler encore et encore afin de s’améliorer et atteindre le sommet de son talent. Cette persévérance est touchante et aussi, très encourageante.

Sincèrement, ce film biographique est vraiment très inspirant et je vous conseille de le regarder au cinéma dès que l’occasion se (re)présentera. C’est pour des perles comme ce film que je suis si heureuse que le Japan film festival à Bruxelles ait vu le jour. Quelle belle initiative !

Merci pour cette découverte culturelle !

Pour visiter le site du Japan Film Festival in Brussels, c’est par ici : https://www.jffb.org/

Et pour la page Facebook, c’est ici: https://www.facebook.com/Japanfilmfestivalbrussels

Jennifer pour Wallonihon

Concerts au Japan Film Festival de Bruxelles

« Par une sereine nuit de lune, sans un nuage, la vue de la surface calme de la mer éveilla chez le Prince le souvenir des étangs familiers de son ancienne demeure, et une indicible nostalgie l’envahit pour tout ce qu’il avait laissé, mais seule l’île d’Awaji s’offrait à son regard. Évoquant le poème :

de l’île d’Awaji

à l’écume pareille

la poignante beauté

dévoile et mon émotion la nuit de lune limpide

Il tira de son étui la cithare que depuis longtemps il n’avait touchée, et le voyant effleurer les cordes d’un air absent, ses compagnons furent saisis d’une tristesse inquiète. Et quand il interpréta, en entier et de toute son âme, le morceau intitulé Kôryo, cette musique qui parvenait à la maison de l’orée des collines, mêlée au froissement des pins et au bruit des vagues, dut pénétrer jusqu’au cœur la sensible jeune personne. » [1]

Dans cet extrait issu du chapitre XIII du « Genji Monogatari » et intitulé « Akashi », le Prince Genji se remémore les souvenirs, la musique de la cour à Kyoto et se console en jouant de ce magnifique instrument qu’est le koto (琴).

Akashi (Akashi) from Tale of Genji (Genji Monogatari)

Source : Chester Beatty, Akashi (Akashi) from Tale of Genji (Genji Monogatari), [En ligne] https://viewer.cbl.ie/viewer/image/J_1038_13/54/ (Page consultée le 17 octobre 2021).

C’est par cette brève introduction que Jennifer et moi-même souhaitions vous immerger dans un univers musical qui nous incite à la rêverie. Lors du « Japan Film Festival » de Bruxelles, nous avons eu la chance d’assister à deux concerts. Le premier mit en scène deux musiciennes de koto dont Aki Sato tandis que le second nous offrit de belles sonorités supplémentaires de par la présence de deux autres artistes : Yuina Takamizo au saxophone et Tokuko Kakiuchi au piano. Toutes les informations supplémentaires concernant ces trois artistes sont présentes en fin d’article.

Au fait, le koto, de quoi s’agit-il ?

L’origine du koto est sujet à différentes hypothèses mais la plus courante précise que cet instrument aurait été introduit de Chine au Japon durant l’époque de Nara (710-794). Initialement joué dans la vie de la cour à Kyôto, celui-ci disparut dans les turbulences de la période de Kamakura (1185-1333). Bien qu’il soit très difficile voire impossible de redécouvrir la musique originelle de la cour de Kyôto, la littérature classique nous offre divers témoignages éblouissants de cet instrument. Il fallut alors attendre la période Edo et plus précisément la seconde moitié du XVIIe siècle pour que celui-ci puisse connaître une véritable renaissance.

Il se compose de deux pièces de bois assemblées. La première est le corps creux, faisant office de caisse de résonance. La seconde est une planche qui va couvrir le fond. Ces deux parties sont taillées dans du bois de paulownia et l’assemblage final mesure entre 125 et 180 cm de longueur. C’est un bois très intéressant qui a souvent été utilisé dans l’art japonais. En effet, il varie très peu, que ce soit au niveau de son expansion, de sa contraction ou de sa fissuration. En outre, il est léger et peut être facilement travaillé.

À cela s’ajoutent deux particularités qui vont déterminer la qualité du koto. Comme je viens de le préciser, l’instrument est taillé dans le bois. Toutefois, un instrument de qualité présentera toujours à sa surface des motifs circulaires provenant des anneaux de l’arbre. Moins visible mais tout aussi important, des motifs spéciaux sont sculptés à l’intérieur du koto pour en améliorer la tonalité. Ceux-ci portent le nom d’ayasugi (綾杉). Il existe différentes sortes de motifs allant du plus rare et du plus prestigieux au plus courant. Ces différents motifs déterminent également la valeur du koto.

Le koto est accompagné d’un vocabulaire spécifique dont voici quelques exemples :

1. Iso (磯) : le côté du corps du koto.

2. Ryûkaku (竜角): Pièce située à l’extrémité du corps et qui supporte les cordes.

3. Ryûzetsu (竜舌) : Élément situé à l’extrémité droite de l’instrument et qui présente une forme de langue. Cette pièce peut être réalisée dans différentes matières et décorée.

4. Ji (柱) : Sortes de chevalets mobiles dont les rôles sont de maintenir les cordes mais également de régler la longueur de la vibration de ces dernières en les déplaçant sur le corps. 5. Gen (弦): Terme qui désigne tout simplement les cordes en soie ou plus couramment en nylon désormais.

6. Unkaku (雲角) : Désigne la partie du koto la plus éloignée de la zone où les cordes sont jouées.

7. Ryûbi (竜尾) : Extrémité arrière du corps.

Ce ne sont là que quelques que quelques exemples liés aux différentes parties d’un koto. Toutefois, vous aurez peut-être remarqué un détail intéressant, la répétition du kanji Ryû (竜), dragon et qui souligne certaines parties. Cela fait référence à une légende selon laquelle la forme de l’instrument provient de celle d’un dragon accroupi.

Le koto moderne compte 13 cordes mais initialement, celui-ci était composé de 5 cordes. Cela dit, il est possible d’en rencontrer munis de 17, 20, ou 25 cordes. Michio Miyagi (1894-1956), l’un des plus célèbres compositeurs pour cet instrument, est l’inventeur du koto à 17 cordes et en a même créé un comportant 80 cordes mais cet unique exemplaire n’est plus utilisé depuis.

Pour jouer, le musicien pince les cordes avec 3 plectres enfilés à sa main droite (pouce-index-majeur) et les doigts nus de sa main gauche. Il peut aussi gratter les cordes, les frapper ou les frotter. La table elle-même peut produire des sons de percussion. Cet instrument aux allures simples mais avec un maniement complexe offre décidément beaucoup de possibilités.

Notre ressenti

Le mariage du koto, du saxophone et du piano fut enchanteur. Chaque artiste apporta son talent au service d’un concert de toute beauté. Pour les amoureux de la musique japonaise que nous sommes, ce fut une très belle découverte ! Elles ont ainsi réussi à enchanter ce dimanche après-midi avec leur délicieuse musique.

Néanmoins, nous regrettons le manque de respect de certains spectateurs qui étaient véritablement incapables de garder le silence pour profiter de ces belles mélodies. De plus, le lieu étant un endroit de passage très fréquenté, les conditions n’étaient pas optimales pour savourer pleinement la musique en raison du flot continu de passants.

Malgré cela, les prestations de ces musiciennes furent remarquables, quel professionnalisme ! Nous imaginons aisément que ce contexte dut leur demander un effort considérable de concentration afin de fournir, malgré tout, un travail musical de qualité !

Les voir jouer dans des conditions habituelles de concert doit être une expérience magnifique qu’on attend de pouvoir vivre avec impatience ! Toutefois, réjouissons-nous car ce lundi 25 octobre à 20h, ce trio sera à nouveau réuni pour nous offrir un concert en ligne ! Vous trouverez tous les détails de ce concert ci-dessous.

Vous pouvez suivre les différentes artistes via leur page personnelle :

Aki Sato :

  • Facebook : @Koto&Shamisen AKI SATO

Yuina Takamizo :

  • Facebook : @yuinatakamizosaxophoniste
  • Instagram: yuinatakamizosaxophone

Le trio réuni via la page Facebook : @triokanade

Lien vers le concert prévu le 25 octobre 2021 : (1) Trio KANADE *** Live Concert Streaming @ArboretumStudio | Facebook

[1] SIEFFERT R. (2008). Le Dit du Genji illustré par la peinture traditionnelle japonaise du XIIe au XVIIe siècle. Paris : Diane De Seilliers,  p. 351.

Démonstration de kimono au Japan Film Festival in Brussels

Konnichiwa,
Il est temps de vous parler de ce que nous avons découvert avec beaucoup de plaisir lors des activités culturelles organisées autour du Japan Film Festival in Brussels.


Il y a beaucoup de choses à dire et c’est pourquoi nous avons pris la décision, Sébastien et moi, pour ces articles à 4 mains, de vous présenter une activité à la fois.

Pour commencer, celle pour laquelle nous avons fait le déplacement : la démonstration de Kimono avec Madame Hiromi Fujiwara avec l’aide du CISM.be. Vous trouverez toutes les données de contact à la fin de l’article.

Une chose est sûre, on n’a pas du tout regretté d’être venus ! Cette démonstration de kimono était vraiment instructive et intéressante, sans parler de la beauté des tissus…


Je tiens à souligner que les Japonaises venues donner les explications, pendant que madame Hiromi s’affairait, ont fait l’effort de présenter à la fois en français et en néerlandais. Cela m’a beaucoup touché car cela démontrait une volonté de rendre l’art de porter le kimono accessible au plus grand nombre !


Sans plus attendre, voyons ensemble quelques informations générales si vous le voulez bien…


Tout d’abord, le mot « kimono » signifie « quelque chose que l’on porte [sur soi] » et désigne un vêtement en forme de T avec des manches tombantes que l’on noue à la taille au moyen d’une ceinture « Obi ».

Historiquement, l’étude du terme de « kimono » est très intéressante. En effet, Madame Nagasaki Iwao, dans l’Introduction du livre intitulé « Kimonos » et paru aux éditions « La bibliothèque des Arts » en 2015, nous dit ceci : « Le terme « kimono » apparait pour la première fois dans les sources documentaires du XIIIe siècle.

Il se réfère alors à l’habillement en général, plutôt qu’à un type particulier de vêtement. Pendant la période Momoyama, le mot figure dans les rapports des missionnaires portugais pour décrire la forme et l’apparence spécifique, suggérant qu’à ce moment-là, le kimono était devenu synonyme de « Kosode ».

Mais qu’est-ce qu’un « Kosode » (小袖) ? Il s’agit d’un terme générique qui désigne tous les vêtements longs fabriqués avant l’ère Meiji (1868-1912) et qui signifie littéralement « petites manches », renvoyant aux ouvertures relativement étroites pour le passage des mains et des bras. De ce fait, il ne fait pas référence à la longueur de celles-ci.

Son emploi remonte à la période Heian et était porté par l’aristocratie comme vêtement de dessous. La mode vestimentaire évolua au fil du temps et le « kosode » incarna le reflet des changements politiques d’une société en mouvement pour devenir petit à petit le principal vêtement extérieur utilisé dans toutes les couches de la société à partir du XVIe siècle.

Comme l’auteure de l’extrait le souligne, on assiste à un glissement de signification entre les termes de « Kosode » et de « Kimono ». Elle poursuit en précisant « Mais c’est véritablement au cours de la période Edo que l’emploi de ce dernier se généralisa ». Au vu de ces informations, il existe donc une filiation directe entre ces deux notions.

Autrefois vêtement quotidien des Japonais, il n’est plus porté, malheureusement, que pour les occasions, les fêtes, les moments solennels, etc. C’est pourquoi, c’est si important de le (re)découvrir !

Bon à savoir…

Précisons que, contrairement à notre habitude occidentale, le mot kimono ne doit pas être confondu avec le nom des vêtements utilisés pour les arts martiaux (judôgi, karategi,…).

Il est important de savoir qu’il faut impérativement mettre le pan de tissu gauche par-dessus le droit ! Le contraire est réservé aux personnes défuntes…

Kimono ou Yukata?

N’étant pas habitués, nous, Occidentaux, pourrions facilement confondre le kimono et le yukata qui sont pourtant bien différents !

Le kimono est fait dans un tissu précieux, généralement de la soie et richement décoré. Il se porte obligatoirement par-dessus un sous-vêtement nommé « nagajuban » qui a pour mission de protéger le kimono de la transpiration entre autres.

D’ailleurs, on l’aperçoit au niveau du col, c’est la doublure blanche sous le beau tissu du kimono.

Avec le kimono, on porte également des tabi blanches (chaussettes avec une séparation entre le gros orteil et les autres) et des geta (sandales en bois avec une lanière passant entre le gros orteil et les autres). Le kimono est porté pour des occasions formelles.

Le yukata, en revanche, est un vêtement décontracté, généralement en coton qui se porte sans « nagajuban » ; les tabi ne sont pas obligatoires.

Pour encore un peu corser l’histoire, sachez qu’il y a plusieurs sortes de kimono mais nous n’allons pas toutes les détailler ici. Retenons déjà celles-ci :

  • Kurotomesode : kimono noir avec des motifs uniquement sous la taille, réservé aux femmes mariées. Utilisé pour les occasions très formelles.
  • Tomesode : Kimono d’une autre couleur que le noir avec des motifs uniquement sous la taille, réservé aux femmes mariées. Utilisé pour les occasions formelles
  • Furisode : Kimono aux motifs plus colorés, ayant de plus longues manches, réservé aux femmes célibataires et jeunes (avant la trentaine). Utilisé pour les occasions formelles
A gauche : yukata – A droite : kimono furisode

Arrêtons-nous un instant sur les motifs décoratifs. Reconnaissez-vous la fleur ci-dessous ? Il s’agit de l’espèce considérée comme la reine des fleurs, la pivoine, « Botan » (牡丹).

Emblématique du printemps, ces pétales créent une impression de grande dignité et de prospérité.

C’est bien beau tout ça mais comment le porte-t-on, ce kimono ?

Grâce à Hiromi-san et ses amies du CISM.be, on a vu à quel point c’est technique et précis de revêtir un kimono. Voyez plutôt :

Notez le Kurotomesode porté par Hiromi-san

Elles nous ont expliqué que la silhouette idéale pour que le kimono tombe bien est une silhouette cylindrique.

Pour cette raison, on attache des essuies à la taille de cette jeune dame pour combler le creux naturel à ce niveau. On utilise des cordons pour bien les fixer, il ne faudrait pas qu’ils tombent !

A l’étape suivante, on ferme le nagajuban en prenant bien soin de croiser le pan gauche au-dessus du droit. On utilise de longues et fines bandes de tissu pour bien le fermer.

Il est temps de mettre le kimono proprement dit. Notons que le tissu est trop long et arrive au sol. C’est tout à fait normal, cela permet d’ajuster le vêtement à la hauteur de la personne qui le porte.

Pour se faire, on utilise de nouveau de longues bandes de tissus, deux pour être exact. Une par-dessous pour ajuster la hauteur et une par-dessus pour bien maintenir le tissu et que le tout ne s’ouvre pas.

Remarquons les très belles fleurs de cerisier qui ornent ce kimono.

Du fait de sa durée de vie éphémère, elle est souvent comparée aux samouraïs qui étaient prêts à mettre leur vie en péril pour leur maître, ce qui en fait donc un important symbole de loyauté.

Dans les représentations artistiques, les fleurs de sakura ressemblent à s’y méprendre aux fleurs de prunier mais la différence la plus facilement reconnaissable est que la fleur de cerisier présente un léger retrait au centre de chaque pétale, tandis que les pétales de la fleur de prunier sont parfaitement ronds. Maintenant, vous ne pourrez plus vous tromper 😉

Reprenons notre premier mannequin pour voir la dernière étape de l’habillage avec le kimono : la mise en place de la ceinture obi et de son noeud à l’arrière.

On utilise un obi-makura, petit coussin (ici en vert pâle) afin de donner du volume au noeud de l’obi et aider à le maintenir. On termine en nouant l’obijime (dans les mains de Hiromi-san), un cordon décoratif en soie. Il termine joliment la tenue et maintient en place l’obi.

Voici le noeud de l’obi terminé. C’est beau n’est-ce pas?

Pour aller plus loin…

Il faut beaucoup de savoir-faire pour réussir à bien mettre en place le kimono et nouer joliment l’obi.

Hiromi-san donne d’ailleurs des cours pour enseigner cela et se fait un plaisir de partager ainsi sa culture. Qui parmi vous voudrait assister à l’un de ces cours ?

Si vous êtes intéressé(e)s par le sujet des kimono, voici quelques liens pour pouvoir prendre contact avec Hiromi-San ou ses amies du CISM.be:

Instagram de Madame Himori: https://www.instagram.com/kimono_madamehiromi/?hl=fr

Boutique de Madame Himori sur Instagram: https://www.instagram.com/lartdukimono/?hl=fr

Compte Facebook de Madame Himori: https://www.facebook.com/hiromi.fujiwara.902

Boutique de Madame Himori sur Facebook: https://www.facebook.com/search/top?q=l%27art%20du%20kimono

Page Facebook du CISM.be:

https://www.facebook.com/cism.be