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Interview de Francesco Serafini: Japan Film Festival de Bruxelles

Le rideau est sur le point de se fermer sur cette première édition du Japan Film Festival de Bruxelles… Toutefois, nous ne pouvions pas vous laissez partir sans vous proposez l’interview que nous a accordé Francesco Serafini, l’un des organisateurs de cet événement.

Sans plus attendre, voici le résultat de cette entrevue très conviviale et surtout très riche !

W : Quel est votre parcours ? Comment est né l’intérêt que vous portez au cinéma japonais ou, plus largement, à la culture japonaise ?

F : Je suis photographe de formation et de profession. J’ai eu l’occasion de collaborer comme photographe avec l’Institut de culture du Japon pour les 150 ans de l’amitié belgo-japonaise. Toujours avec ce même Institut, j’ai eu le plaisir de présenter mon travail lors d’un vernissage. En outre, il y a 5 ou 6 ans, l’Institut proposa des rétrospectives gratuitement. Grâce à cela, j’ai découvert de vrais bijoux, notamment une trilogie « Always – sunset on third street » qui est elle-même basée sur un manga.

F : Étant marié avec une citoyenne japonaise, j’ai eu l’occasion d’effectuer de nombreux voyages. Je suis également un cinéphile et sans fausse modestie, j’ai une grande connaissance du cinéma. Dans mon parcours, je me suis retrouvé au Bifff où j’ai fait la connaissance de Freddy et je lui ai exposé mon point de vue. En effet, on parle de cinéma coréen, chinois mais il n’y avait rien sur le cinéma japonais. Grâce au Bifff, j’ai pu rencontrer plusieurs metteurs en scène japonais et je me suis rendu compte qu’en Europe on ne connaissait que les grands maitres du cinéma japonais : Kurozawa, Mizoguchi, etc. mais qui peut me citer un grand nom du cinéma contemporain ?

W : Quels étaient les objectifs que vous poursuiviez au travers de ce festival ?

F : L’objectif principal était de faire de ce festival un événement familial et donc de montrer un énorme éventail des capacités cinématographiques japonaises.

F : Un second objectif était de mettre en avant de nouveaux metteurs en scène car le cinéma japonais continue d’évoluer même si près de 99% du cinéma japonais est basé sur des animés, des manga, comme l’exemple que je citais tout à l’heure. Le lien entre le cinéma et les manga est encore très présent.

F : Outre le cinéma, un troisième objectif était de montrer que la culture japonaise n’est pas que réservée aux citoyens japonais mais qu’il y un échange avec notre culture belge et que nous pouvons également l’intégrer.

W : Comment avez-vous mis en œuvre votre projet ?

F : Cela a été très difficile pour plusieurs raisons. Au début, tout se mettait en place progressivement, les sponsors étaient très réceptifs puis le Covid est arrivé et ils se sont retirés petit à petit. L’abandon progressif des sociétés qui souhaitaient nous soutenir m’a choqué. Ce qui nous a sauvé, ça été le soutien de Tour & Taxi qui nous a permis de raviver un sursaut d’intérêt mais le festival était déjà bien avancé. Bien que la Japan Fondation et la ville de Bruxelles nous aient subsidiés, nous avons dû investir des liquidités personnelles. F : La seconde difficulté fut le fait qu’il s’agissait d’une première édition et que cela suscitait une certaine méfiance.

W : Tout au long de votre projet, quels sont les aspects positifs que vous en avez retiré ?

F : Personnellement, j’ai beaucoup appris grâce à Freddy sur la mise en place d’un festival, les pièges à éviter.

F : Un autre point positif tient dans cette première édition. Il y a eu des erreurs et c’est donc l’occasion de les corriger pour la prochaine édition. En outre, j’ai beaucoup apprécié certaines collaborations que j’ai envie de maintenir pour le futur. Par exemple, l’équipe en charge de la gestion de Tour & Taxi car il faut le dire, le site est magnifique et pouvoir entendre les réactions du public lorsqu’ils entraient dans la salle en disant « Wouahh », ce fut gratifiant. F : J’ai eu la chance de voir énormément de films et l’ambassade du Japon en Belgique a été très satisfait de la programmation proposée lors de ce festival.

W : D’un point de vue organisationnel, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

F : Le fait que ce soit une première édition. C’était une nouveauté, cela n’existait pas avant. À cela est venu s’ajouter le Covid. Maintenant, nous avons ouvert une porte avec ce festival et la refermer maintenant serait un gâchis phénoménal.

F : Un autre point est que nous étions deux organisateurs et avec le recul, cela fut une difficulté hors norme.

W : Nous avons assisté aux activités mais par moment, nous avons été choqués par le manque de respect de certaines personnes.

F : Le cyclisme, c’est très bien mais certains cyclistes n’ont pas du tout été respectueux, c’est vrai. Tour & Taxi et moi-même en avons discuté et avons décidé de bien corriger cette erreur pour la prochaine édition.

W : Si c’était à refaire, quels changements apporteriez-vous changeriez-vous ?

F : J’aimerais raccourcir la prochaine édition et la ramener à une durée de 5 jours incluant un week-end. J’aimerais également inclure une thématique pour canaliser toute l’énergie japonaise et pour répondre à cette volonté d’échange entre le Japon et la Belgique/l’Europe. Ainsi, j’ambitionne de développer la cuisine l’année prochaine. À première vue, cela pourrait passer pour un sujet passe-partout mais que connaissons-nous en Europe de la cuisine japonaise ? Les sushi, les sashimi… Je pense que l’on ne connait que 10% de la cuisine japonaise.

F : Le festival mettra en parallèle films récents et vieux films et ces derniers seront consacrés à la cuisine. Par exemple, il y a « Tampopo » de Itami Juzo qui est un magnifique film et dans lequel on peut découvrir plusieurs acteurs qui ont connu un grand succès par la suite ! 

F : Mon fils de 7 ans m’a également soufflé une idée que j’ai envie de réaliser : une compétition de mangeur de sushi. En Europe, cela n’existe pas alors que ça pourrait être génial ! Il y a énormément de possibilités !

W : Voudriez-vous vous exprimer sur un autre sujet ?

F : Je pense qu’il faut connaitre ses pairs, connaître les grands maitres du cinéma japonais mais il ne faut pas oublier ses contemporains.

F : À côté de la seconde édition de ce festival, j’ai l’intention de créer un Pokemon Day en février 2022. Cela n’existe pas non plus ! Cela se fera à Tour & Taxi avec projection de films Pokemon, échange de cartes, etc…

F : La seconde édition est déjà en route et j’ai plusieurs idées. J’aimerais monter deux autres sections : les court-métrages et les documentaires en mettant en parallèle la vision japonaise et européenne. Par exemple, une heure de court-métrage européen ou belge sur la vision du Japon et inversement. Je pense que cela serait très parlant pour mettre en avant les échanges entre nos deux cultures.

F : Mon but maintenant est de réunir une équipe de passionnés, de personnes qui ont envie de faire un festival tout en liant la culture et le marketing qui, je le pense, sont tout à fait conciliables.

W : Merci pour le temps que vous nous avez accordé. L’équipe de WalloNihon ne manquera pas de suivre avec la plus grande attention la prochaine édition.

Si le cinéma japonais vous passionne et que vous souhaitez vous investir dans cette seconde édition, n’hésitez pas à prendre contact avec notre équipe qui ne manquera pas de relayer vos souhaits !

Vous pouvez également trouver plus d’informations sur la page Facebook du festival et son compte Instagram.

Facebook: Japan Film Festival Brussels | Facebook

Instagram: japanfilmfestivalbrussels

Si vous souhaitez découvrir les trailers des œuvres cinématographiques citées lors de cette interview, n’hésitez pas à consulter les liens ci-dessous.

Découverte du film « Hokusai » au Japan Film Festival in Brussels

Cher Lecteur,

Nous n’arrêtons pas de te parler du Japan Film Festival à Bruxelles et des activités culturelles autour de celui-ci mais on ne t’a pas encore présenté de film ! Voici donc le film que j’ai eu le bonheur de découvrir pour sa première diffusion en Europe : Hokusai.

Et pour commencer, voici un bref rappel de qui est Hokusai en quelques périodes-clé…

Autoportrait de Hokusai sous les traits d’un vieillard (1840-1849)
Encre de chine et sanguine sur papier • RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Katsushika Hokusai (葛飾 北斎), qui se surnomme lui-même « Vieux Fou de dessin » est un peintre, dessinateur et graveur. Il est né dans la province Edo (qui deviendra Tokyo) en 1760 de parents qui nous sont inconnus. Il fut adopté très jeune par un oncle, fabricant de miroirs en bronze. Dès l’enfance, le petit Tokitarô Kawamura de son vrai nom, montra des aptitudes certaines pour le dessin.

Il commence sa formation artistique vers 16 ans dans un atelier de xylographie. Dès 1778, il se forme auprès de Katsukawa Shunshô, peintre d’estampes ukiyo-e et portraitiste d’acteurs de kabuki. En hommage à celui-ci, le futur Hokusai adopte son premier pseudonyme d’artiste « Katsukawa Shunrô ».

A la mort de son maître (1792) et suite à un désaccord avec son successeur, Hokusai quitte l’atelier Katsukawa. S’ensuit une période de sa vie où il vit pauvrement et illustre notamment des romans bon marché pour assurer sa survie.

En 1794, il continue sa formation grâce à une école plus classique ayant pour maître Tawaraya Sôri. Au décès de celui-ci, il utilisera ce nom pour créer un autre de ses pseudonymes les plus connus « Sôri »

A partir de 1796, il forge son style personnel bien qu’influencé par l’art de la Chine et de l’Occident de par les Hollandais (seuls autorisés à commercer avec le Japon à cette époque). Fidèle de la secte bouddhique « Nichiren », il adopte le fameux nom qu’on lui connaît le mieux : « Hokusai » (ce nom signifie : Atelier du nord) en hommage à Bodhisattva Myôken, l’incarnation de l’étoile polaire.

En 1814, le premier tome de ses Hokusai Manga est publié, il y en aura 15 au total. Notons qu’il est l’inventeur de ce mot « manga » que l’on peut traduire par « dessin libre ». Les Hokusai Manga sont un recueil de ses croquis concernant divers sujets (plantes, animaux, personnages, scènes de vie, etc.). Ces ouvrages donnent une idée intéressante de la vie à cette époque.

L’artiste atteint l’apogée de son art à partir des années 1830 et suivantes. C’est à cette époque qu’il engendre ses estampes parmi les plus connues : « Les 36 vues du Mont Fuji », « Les remarquables vues des ponts de différentes provinces » ou encore « Les cascades des différentes provinces ».

Hokusai meurt en 1849 après une carrière impressionnante où il réalisa une quantité vraiment considérable de dessins et peintures (environ 30.000 !). Ses dernières paroles sur terre furent : « Si le ciel m’avait accordé encore dix ans de vie, ou même cinq, j’aurais pu devenir un véritable peintre. ».

Différentes identités…

Faisons une parenthèse sur les principaux pseudonymes d’artistes qu’il utilisa au cours de sa carrière (il en aurait utilisé plus d’une centaine au total !) :

  • Katsukawa Shunrô (1778-1794),
  • Sôri (1794-1798),
  • Katsushika Hokusai (1798-1810),
  • Taito (1811-1819),
  • Iitsu (1820-1834),
  • Gakyô Rojin Manji (1834-1849)

Postérité…

Hokusai influença de nombreux artistes européens, en particulier Gauguin, Vincent van Gogh, Claude Monet et plus largement le mouvement artistique appelé japonisme.

Il inspira également beaucoup de créations artistiques tournées sur sa personne telles des mangas, des films, une quantité immense de livres dédiés, etc.

Quelques œuvres :

Illustrations de livres, collection du MET Museum
Transmettre l’esprit, révéler la forme des choses: Hokusai Manga, volume 5
collection du MET Museum
Transmettre l’esprit, révéler la forme des choses: Hokusai Manga, volume 11, collection du MET Museum
La grande vague de Kanagawa (神奈川沖浪裏) souvent appelé simplement « La vague » est issue de la série « Les 36 vues du Mont Fuji » et est sans doute l’œuvre la plus connue en Occident (image dans le domaine public)
Le Fuji par temps clair, aussi appelé « Fuji rouge » ( 凱風快晴) est également une œuvre issue de la série « Les 36 vues du Mont Fuji » (image dans le domaine public)
Pont Yahagi à Okazaki sur le Tokaido (諸國名橋奇覧 東海道岡崎矢はぎのはし), œuvre issue des « Remarquables vues des ponts de différentes provinces »
(image dans le domaine public)
La cascade de Kirifuri sur le Mont Kurokami dans la province de Shimotsuke
(image dans le domaine public)

Et maintenant que nous avons grossièrement brossé le portrait du génialissime Hokusai, revenons à ce film qui lui est consacré

Affiche du film

Détails :

Réalisation : HASHIMOTO Hajime

Scénario : KAWAHARA Len

Casting : YAGIRA Yûya (Hokusai jeune), TANAKA Min (Hokusai vieux), ABE Hiroshi (Tsutaya Juzaburo), KAWAHARA Len (Oi, Fille de Hokusai) NAGAYAMA Eita (Tanehoko Ryutei), entre autres

Production : Len Kawahara (Stardust Pictures / SDP Inc)

Distribution: Free Stone Productions Co., Ltd.

Découvrez le trailer sous-titré en français ici :

Il y a même un site internet officiel où vous trouverez beaucoup d’information concernant ce film. Pas de problème de compréhension car, en plus de la langue japonaise, ce site est traduit en français, anglais et chinois. Cliquez ICI.

Synopsis sur le site officiel du Japan Film Festival:

18ème siècle, ère Edo : un jeune artiste impécunieux dans le centre-ville. Il est minable et vit au jour le jour avec l’argent qu’il gagne en vendant ses tableaux dans les rues. Un jour, un éditeur populaire le découvre et l’amène à libérer son potentiel … Mais le shogunat d’Edo interdit bientôt les divertissements et son talent risque de le mener à l’échafaud …

Petit résumé personnel :

Le personnage, jeune, semble plutôt imbu de lui-même et peu agréable à fréquenter. Bien que très productif, il éprouve des difficultés à vivre de son art mais il persévère.

L’éditeur d’estampes populaires Tsutaya Juzaburo chez qui Hokusai cherche à vendre ses estampes le met à l’épreuve. Il pousse le jeune artiste dans ses retranchements pour lui faire prendre conscience de la raison pour laquelle il peint.

Il faudra attendre un événement tragique où Hokusai a failli perdre la vie pour que celui-ci comprenne enfin l’essence de son art.

Hokusai se lie d’amitié avec Tanehoko Ryutei dont il illustre les livres. Cet homme, bravant l’interdit du shogunat, écrivait des romans malgré son statut de samouraï. Il le paiera d’ailleurs de sa vie.

Malgré la perte de son ami et malgré l’attaque d’apoplexie dont il a survécu avec quelques séquelles, Hokusai continuera coûte que coûte à peindre…

Mon avis :

J’ai beaucoup aimé ce film que j’ai trouvé très intéressant et instructif quant à cette période de l’histoire du Japon. On y apprend les rigueurs imposées par le shogunat sur la production artistique et les sanctions infligées, jusqu’à la condamnation à mort ! Il en fallait du courage pour rester un artiste entier, ne rabotant pas son inspiration pour convenir à la loi !

Concernant le personnage principal, on y découvre un Hokusai comme un être humain avec ses défauts et ses doutes et non pas seulement comme le génie qu’il est devenu ensuite. Cela le rend plus proche du spectateur même s’il paraît imbuvable dans sa jeunesse…

On y voit le cheminement d’un homme qui se cherche lui-même et qui ne se lasse pas de travailler encore et encore afin de s’améliorer et atteindre le sommet de son talent. Cette persévérance est touchante et aussi, très encourageante.

Sincèrement, ce film biographique est vraiment très inspirant et je vous conseille de le regarder au cinéma dès que l’occasion se (re)présentera. C’est pour des perles comme ce film que je suis si heureuse que le Japan film festival à Bruxelles ait vu le jour. Quelle belle initiative !

Merci pour cette découverte culturelle !

Pour visiter le site du Japan Film Festival in Brussels, c’est par ici : https://www.jffb.org/

Et pour la page Facebook, c’est ici: https://www.facebook.com/Japanfilmfestivalbrussels

Jennifer pour Wallonihon

Concerts au Japan Film Festival de Bruxelles

« Par une sereine nuit de lune, sans un nuage, la vue de la surface calme de la mer éveilla chez le Prince le souvenir des étangs familiers de son ancienne demeure, et une indicible nostalgie l’envahit pour tout ce qu’il avait laissé, mais seule l’île d’Awaji s’offrait à son regard. Évoquant le poème :

de l’île d’Awaji

à l’écume pareille

la poignante beauté

dévoile et mon émotion la nuit de lune limpide

Il tira de son étui la cithare que depuis longtemps il n’avait touchée, et le voyant effleurer les cordes d’un air absent, ses compagnons furent saisis d’une tristesse inquiète. Et quand il interpréta, en entier et de toute son âme, le morceau intitulé Kôryo, cette musique qui parvenait à la maison de l’orée des collines, mêlée au froissement des pins et au bruit des vagues, dut pénétrer jusqu’au cœur la sensible jeune personne. » [1]

Dans cet extrait issu du chapitre XIII du « Genji Monogatari » et intitulé « Akashi », le Prince Genji se remémore les souvenirs, la musique de la cour à Kyoto et se console en jouant de ce magnifique instrument qu’est le koto (琴).

Akashi (Akashi) from Tale of Genji (Genji Monogatari)

Source : Chester Beatty, Akashi (Akashi) from Tale of Genji (Genji Monogatari), [En ligne] https://viewer.cbl.ie/viewer/image/J_1038_13/54/ (Page consultée le 17 octobre 2021).

C’est par cette brève introduction que Jennifer et moi-même souhaitions vous immerger dans un univers musical qui nous incite à la rêverie. Lors du « Japan Film Festival » de Bruxelles, nous avons eu la chance d’assister à deux concerts. Le premier mit en scène deux musiciennes de koto dont Aki Sato tandis que le second nous offrit de belles sonorités supplémentaires de par la présence de deux autres artistes : Yuina Takamizo au saxophone et Tokuko Kakiuchi au piano. Toutes les informations supplémentaires concernant ces trois artistes sont présentes en fin d’article.

Au fait, le koto, de quoi s’agit-il ?

L’origine du koto est sujet à différentes hypothèses mais la plus courante précise que cet instrument aurait été introduit de Chine au Japon durant l’époque de Nara (710-794). Initialement joué dans la vie de la cour à Kyôto, celui-ci disparut dans les turbulences de la période de Kamakura (1185-1333). Bien qu’il soit très difficile voire impossible de redécouvrir la musique originelle de la cour de Kyôto, la littérature classique nous offre divers témoignages éblouissants de cet instrument. Il fallut alors attendre la période Edo et plus précisément la seconde moitié du XVIIe siècle pour que celui-ci puisse connaître une véritable renaissance.

Il se compose de deux pièces de bois assemblées. La première est le corps creux, faisant office de caisse de résonance. La seconde est une planche qui va couvrir le fond. Ces deux parties sont taillées dans du bois de paulownia et l’assemblage final mesure entre 125 et 180 cm de longueur. C’est un bois très intéressant qui a souvent été utilisé dans l’art japonais. En effet, il varie très peu, que ce soit au niveau de son expansion, de sa contraction ou de sa fissuration. En outre, il est léger et peut être facilement travaillé.

À cela s’ajoutent deux particularités qui vont déterminer la qualité du koto. Comme je viens de le préciser, l’instrument est taillé dans le bois. Toutefois, un instrument de qualité présentera toujours à sa surface des motifs circulaires provenant des anneaux de l’arbre. Moins visible mais tout aussi important, des motifs spéciaux sont sculptés à l’intérieur du koto pour en améliorer la tonalité. Ceux-ci portent le nom d’ayasugi (綾杉). Il existe différentes sortes de motifs allant du plus rare et du plus prestigieux au plus courant. Ces différents motifs déterminent également la valeur du koto.

Le koto est accompagné d’un vocabulaire spécifique dont voici quelques exemples :

1. Iso (磯) : le côté du corps du koto.

2. Ryûkaku (竜角): Pièce située à l’extrémité du corps et qui supporte les cordes.

3. Ryûzetsu (竜舌) : Élément situé à l’extrémité droite de l’instrument et qui présente une forme de langue. Cette pièce peut être réalisée dans différentes matières et décorée.

4. Ji (柱) : Sortes de chevalets mobiles dont les rôles sont de maintenir les cordes mais également de régler la longueur de la vibration de ces dernières en les déplaçant sur le corps. 5. Gen (弦): Terme qui désigne tout simplement les cordes en soie ou plus couramment en nylon désormais.

6. Unkaku (雲角) : Désigne la partie du koto la plus éloignée de la zone où les cordes sont jouées.

7. Ryûbi (竜尾) : Extrémité arrière du corps.

Ce ne sont là que quelques que quelques exemples liés aux différentes parties d’un koto. Toutefois, vous aurez peut-être remarqué un détail intéressant, la répétition du kanji Ryû (竜), dragon et qui souligne certaines parties. Cela fait référence à une légende selon laquelle la forme de l’instrument provient de celle d’un dragon accroupi.

Le koto moderne compte 13 cordes mais initialement, celui-ci était composé de 5 cordes. Cela dit, il est possible d’en rencontrer munis de 17, 20, ou 25 cordes. Michio Miyagi (1894-1956), l’un des plus célèbres compositeurs pour cet instrument, est l’inventeur du koto à 17 cordes et en a même créé un comportant 80 cordes mais cet unique exemplaire n’est plus utilisé depuis.

Pour jouer, le musicien pince les cordes avec 3 plectres enfilés à sa main droite (pouce-index-majeur) et les doigts nus de sa main gauche. Il peut aussi gratter les cordes, les frapper ou les frotter. La table elle-même peut produire des sons de percussion. Cet instrument aux allures simples mais avec un maniement complexe offre décidément beaucoup de possibilités.

Notre ressenti

Le mariage du koto, du saxophone et du piano fut enchanteur. Chaque artiste apporta son talent au service d’un concert de toute beauté. Pour les amoureux de la musique japonaise que nous sommes, ce fut une très belle découverte ! Elles ont ainsi réussi à enchanter ce dimanche après-midi avec leur délicieuse musique.

Néanmoins, nous regrettons le manque de respect de certains spectateurs qui étaient véritablement incapables de garder le silence pour profiter de ces belles mélodies. De plus, le lieu étant un endroit de passage très fréquenté, les conditions n’étaient pas optimales pour savourer pleinement la musique en raison du flot continu de passants.

Malgré cela, les prestations de ces musiciennes furent remarquables, quel professionnalisme ! Nous imaginons aisément que ce contexte dut leur demander un effort considérable de concentration afin de fournir, malgré tout, un travail musical de qualité !

Les voir jouer dans des conditions habituelles de concert doit être une expérience magnifique qu’on attend de pouvoir vivre avec impatience ! Toutefois, réjouissons-nous car ce lundi 25 octobre à 20h, ce trio sera à nouveau réuni pour nous offrir un concert en ligne ! Vous trouverez tous les détails de ce concert ci-dessous.

Vous pouvez suivre les différentes artistes via leur page personnelle :

Aki Sato :

  • Facebook : @Koto&Shamisen AKI SATO

Yuina Takamizo :

  • Facebook : @yuinatakamizosaxophoniste
  • Instagram: yuinatakamizosaxophone

Le trio réuni via la page Facebook : @triokanade

Lien vers le concert prévu le 25 octobre 2021 : (1) Trio KANADE *** Live Concert Streaming @ArboretumStudio | Facebook

[1] SIEFFERT R. (2008). Le Dit du Genji illustré par la peinture traditionnelle japonaise du XIIe au XVIIe siècle. Paris : Diane De Seilliers,  p. 351.

Démonstration de kimono au Japan Film Festival in Brussels

Konnichiwa,
Il est temps de vous parler de ce que nous avons découvert avec beaucoup de plaisir lors des activités culturelles organisées autour du Japan Film Festival in Brussels.


Il y a beaucoup de choses à dire et c’est pourquoi nous avons pris la décision, Sébastien et moi, pour ces articles à 4 mains, de vous présenter une activité à la fois.

Pour commencer, celle pour laquelle nous avons fait le déplacement : la démonstration de Kimono avec Madame Hiromi Fujiwara avec l’aide du CISM.be. Vous trouverez toutes les données de contact à la fin de l’article.

Une chose est sûre, on n’a pas du tout regretté d’être venus ! Cette démonstration de kimono était vraiment instructive et intéressante, sans parler de la beauté des tissus…


Je tiens à souligner que les Japonaises venues donner les explications, pendant que madame Hiromi s’affairait, ont fait l’effort de présenter à la fois en français et en néerlandais. Cela m’a beaucoup touché car cela démontrait une volonté de rendre l’art de porter le kimono accessible au plus grand nombre !


Sans plus attendre, voyons ensemble quelques informations générales si vous le voulez bien…


Tout d’abord, le mot « kimono » signifie « quelque chose que l’on porte [sur soi] » et désigne un vêtement en forme de T avec des manches tombantes que l’on noue à la taille au moyen d’une ceinture « Obi ».

Historiquement, l’étude du terme de « kimono » est très intéressante. En effet, Madame Nagasaki Iwao, dans l’Introduction du livre intitulé « Kimonos » et paru aux éditions « La bibliothèque des Arts » en 2015, nous dit ceci : « Le terme « kimono » apparait pour la première fois dans les sources documentaires du XIIIe siècle.

Il se réfère alors à l’habillement en général, plutôt qu’à un type particulier de vêtement. Pendant la période Momoyama, le mot figure dans les rapports des missionnaires portugais pour décrire la forme et l’apparence spécifique, suggérant qu’à ce moment-là, le kimono était devenu synonyme de « Kosode ».

Mais qu’est-ce qu’un « Kosode » (小袖) ? Il s’agit d’un terme générique qui désigne tous les vêtements longs fabriqués avant l’ère Meiji (1868-1912) et qui signifie littéralement « petites manches », renvoyant aux ouvertures relativement étroites pour le passage des mains et des bras. De ce fait, il ne fait pas référence à la longueur de celles-ci.

Son emploi remonte à la période Heian et était porté par l’aristocratie comme vêtement de dessous. La mode vestimentaire évolua au fil du temps et le « kosode » incarna le reflet des changements politiques d’une société en mouvement pour devenir petit à petit le principal vêtement extérieur utilisé dans toutes les couches de la société à partir du XVIe siècle.

Comme l’auteure de l’extrait le souligne, on assiste à un glissement de signification entre les termes de « Kosode » et de « Kimono ». Elle poursuit en précisant « Mais c’est véritablement au cours de la période Edo que l’emploi de ce dernier se généralisa ». Au vu de ces informations, il existe donc une filiation directe entre ces deux notions.

Autrefois vêtement quotidien des Japonais, il n’est plus porté, malheureusement, que pour les occasions, les fêtes, les moments solennels, etc. C’est pourquoi, c’est si important de le (re)découvrir !

Bon à savoir…

Précisons que, contrairement à notre habitude occidentale, le mot kimono ne doit pas être confondu avec le nom des vêtements utilisés pour les arts martiaux (judôgi, karategi,…).

Il est important de savoir qu’il faut impérativement mettre le pan de tissu gauche par-dessus le droit ! Le contraire est réservé aux personnes défuntes…

Kimono ou Yukata?

N’étant pas habitués, nous, Occidentaux, pourrions facilement confondre le kimono et le yukata qui sont pourtant bien différents !

Le kimono est fait dans un tissu précieux, généralement de la soie et richement décoré. Il se porte obligatoirement par-dessus un sous-vêtement nommé « nagajuban » qui a pour mission de protéger le kimono de la transpiration entre autres.

D’ailleurs, on l’aperçoit au niveau du col, c’est la doublure blanche sous le beau tissu du kimono.

Avec le kimono, on porte également des tabi blanches (chaussettes avec une séparation entre le gros orteil et les autres) et des geta (sandales en bois avec une lanière passant entre le gros orteil et les autres). Le kimono est porté pour des occasions formelles.

Le yukata, en revanche, est un vêtement décontracté, généralement en coton qui se porte sans « nagajuban » ; les tabi ne sont pas obligatoires.

Pour encore un peu corser l’histoire, sachez qu’il y a plusieurs sortes de kimono mais nous n’allons pas toutes les détailler ici. Retenons déjà celles-ci :

  • Kurotomesode : kimono noir avec des motifs uniquement sous la taille, réservé aux femmes mariées. Utilisé pour les occasions très formelles.
  • Tomesode : Kimono d’une autre couleur que le noir avec des motifs uniquement sous la taille, réservé aux femmes mariées. Utilisé pour les occasions formelles
  • Furisode : Kimono aux motifs plus colorés, ayant de plus longues manches, réservé aux femmes célibataires et jeunes (avant la trentaine). Utilisé pour les occasions formelles
A gauche : yukata – A droite : kimono furisode

Arrêtons-nous un instant sur les motifs décoratifs. Reconnaissez-vous la fleur ci-dessous ? Il s’agit de l’espèce considérée comme la reine des fleurs, la pivoine, « Botan » (牡丹).

Emblématique du printemps, ces pétales créent une impression de grande dignité et de prospérité.

C’est bien beau tout ça mais comment le porte-t-on, ce kimono ?

Grâce à Hiromi-san et ses amies du CISM.be, on a vu à quel point c’est technique et précis de revêtir un kimono. Voyez plutôt :

Notez le Kurotomesode porté par Hiromi-san

Elles nous ont expliqué que la silhouette idéale pour que le kimono tombe bien est une silhouette cylindrique.

Pour cette raison, on attache des essuies à la taille de cette jeune dame pour combler le creux naturel à ce niveau. On utilise des cordons pour bien les fixer, il ne faudrait pas qu’ils tombent !

A l’étape suivante, on ferme le nagajuban en prenant bien soin de croiser le pan gauche au-dessus du droit. On utilise de longues et fines bandes de tissu pour bien le fermer.

Il est temps de mettre le kimono proprement dit. Notons que le tissu est trop long et arrive au sol. C’est tout à fait normal, cela permet d’ajuster le vêtement à la hauteur de la personne qui le porte.

Pour se faire, on utilise de nouveau de longues bandes de tissus, deux pour être exact. Une par-dessous pour ajuster la hauteur et une par-dessus pour bien maintenir le tissu et que le tout ne s’ouvre pas.

Remarquons les très belles fleurs de cerisier qui ornent ce kimono.

Du fait de sa durée de vie éphémère, elle est souvent comparée aux samouraïs qui étaient prêts à mettre leur vie en péril pour leur maître, ce qui en fait donc un important symbole de loyauté.

Dans les représentations artistiques, les fleurs de sakura ressemblent à s’y méprendre aux fleurs de prunier mais la différence la plus facilement reconnaissable est que la fleur de cerisier présente un léger retrait au centre de chaque pétale, tandis que les pétales de la fleur de prunier sont parfaitement ronds. Maintenant, vous ne pourrez plus vous tromper 😉

Reprenons notre premier mannequin pour voir la dernière étape de l’habillage avec le kimono : la mise en place de la ceinture obi et de son noeud à l’arrière.

On utilise un obi-makura, petit coussin (ici en vert pâle) afin de donner du volume au noeud de l’obi et aider à le maintenir. On termine en nouant l’obijime (dans les mains de Hiromi-san), un cordon décoratif en soie. Il termine joliment la tenue et maintient en place l’obi.

Voici le noeud de l’obi terminé. C’est beau n’est-ce pas?

Pour aller plus loin…

Il faut beaucoup de savoir-faire pour réussir à bien mettre en place le kimono et nouer joliment l’obi.

Hiromi-san donne d’ailleurs des cours pour enseigner cela et se fait un plaisir de partager ainsi sa culture. Qui parmi vous voudrait assister à l’un de ces cours ?

Si vous êtes intéressé(e)s par le sujet des kimono, voici quelques liens pour pouvoir prendre contact avec Hiromi-San ou ses amies du CISM.be:

Instagram de Madame Himori: https://www.instagram.com/kimono_madamehiromi/?hl=fr

Boutique de Madame Himori sur Instagram: https://www.instagram.com/lartdukimono/?hl=fr

Compte Facebook de Madame Himori: https://www.facebook.com/hiromi.fujiwara.902

Boutique de Madame Himori sur Facebook: https://www.facebook.com/search/top?q=l%27art%20du%20kimono

Page Facebook du CISM.be:

https://www.facebook.com/cism.be

Explore Japan

Nos réunions en ligne thématiques

Retrouvez-nous dès ce vendredi 14 août à 20H00 via notre page Facebook pour la présentation de notre nouvelle activité.

Régulièrement nous nous retrouverons pour débattre autour d’un thème, présenter un projet, une expérience de vie ou de voyage au Japon.

Ce sera l’occasion pour chacun(e)s d’entre nous de rencontrer d’autres passionne(e)s de cette culture.

Ce vendredi 14 nous vous présenterons au cours de la soirée :

  • L’ASBL WalloNihon.
  • Sa mission
  • Les membres qui la compose
  • Les différentes activités
  • L’implication des membres au sein des activités
  • Le futur de WalloNihon et les différents projets à venir

Pour une gestion optimale de cette réunion nous vous invitons à vous inscrire via notre page Facebook.

Le lien d’accès à la réunion sera communiqué aux participants.