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Concert du Trio Kanade: à la découverte du shamisen

Le 25 octobre dernier, l’équipe de WalloNihon et moi-même assistions à un sublime concert du Trio Kanade et diffusé sur la page TV de l’Arboretum Studio.

Tout au long de cet événement, les instruments entrèrent en communion et nous offrirent un moment magique. Toutefois, lorsqu’Aki Sato entama se performance solo au shamisen, le temps sembla se figer… Telle une fenêtre ouverte sur le passé, je n’assistais plus à un concert mais à la transmission d’un héritage culturel, musical qui prend naissance dans des temps reculés…

Source : photo personnelle.

Mais pour le moment, laissons de côté l’histoire et concentrons-nous un instant sur le présent. Je vous invite à découvrir l’extrait vidéo ci-dessous, témoin de la maitrise technique d’Aki Sato.

Crédit vidéo: Arboretum Studio

Le shamisen est un instrument surprenant, n’est-ce pas ? Comme vous avez pu le constater dans cet extrait, Aki Sato utilise un plectre afin de gratter les cordes.

Simple en apparence, il est capable de produire une grande variété de notes différentes. Mais qu’est-ce qu’un shamisen ?

Un peu de vocabulaire…

Il existe plusieurs types de shamisen mais tous répondent à la même structure de base. De ce fait, nous pourrions le définir simplement comme un corps creux traversé par un manche et muni de trois cordes.

Shamisen réalisé par Takechi Matsukawa, 1891

Source : Takechi Matsukawa | Shamisen | Japanese | The Metropolitan Museum of Art (metmuseum.org) (Domaine public)

Entamons notre découverte par le corps de l’instrument, dô (胴). Celui-ci est composé de quatre pièces de bois issues de différentes essences : bois de santal rouge/kôki (紅木), bois de rose/shitan (紫檀) ou encore padoauk/karin (花梨). Chaque essence possède des spécificités qui peuvent influencer le son produit par le shamisen.

Dans l’article sur le koto, j’avais mentionné la présence de motifs sculptés à l’intérieur du corps et connus sous le nom d’ayasugi (綾杉). Il est intéressant de souligner que ces motifs peuvent également se retrouver sur la face interne du corps des modèles de shamisen destinés aux concerts. Motifs qui, rappelons-le, améliorent considérablement la tonalité de l’instrument.

Traditionnellement, la partie externe du corps est recouverte d’une peau de chat ou de chien, kawa (皮). La peau de chat, plus fine, offrirait un son plus léger alors qu’à l’inverse, la peau de chien, plus épaisse, donnerait un son plus lourd.

À la lecture de ces dernières lignes, certains pourraient trouver cette pratique condamnable mais c’est un débat sur-lequel je ne m’étendrai pas car ce n’est pas mon but. Néanmoins, notons qu’il existe des peaux synthétiques même si celles-ci offrent une tonalité nettement inférieure à celle des peaux naturelles. Toutefois, ces dernières sont notamment conseillées aux amateurs ou aux personnes qui ne souhaitent pas entrer dans un apprentissage approfondi du shamisen.

Pour protéger la peau des coups du plectre, bachi (撥), une pièce de peau, bachigawa (撥皮) est ajoutée sur la partie supérieure du corps. Enfin, une pièce de tissu mais qui peut aussi prendre la forme d’une coque laquée, le doûkake (胴掛け) recouvre un côté du corps pour protéger la peau et supporter la main qui tient le plectre lorsque la personne joue.

Source : Takechi Matsukawa | Shamisen | Japanese | The Metropolitan Museum of Art (metmuseum.org) (Domaine public)

Passons maintenant au manche du shamisen, sao (棹). La composition de ce dernier peut varier. En effet, il peut être réalisé en une seule pièce ou constitué un assemblage de trois morceaux de bois qui peuvent être désassemblés pour en faciliter le transport, permettre des réparations locales et réduire la déformation du bois. Tout comme le corps de l’instrument, l’essence utilisée pour la fabrication du manche va avoir un impact sur le son produit.

Classiquement, les trois cordes utilisées sur le shamisen sont en soie bien que des cordes en nylon existent également. Celles-ci sont attachées à un cordier, neo (音緒) fixé à l’extrémité inférieure du corps à l’aide de chevilles en bois ou en ivoire. La sommet du manche prend une forme incurvée appelée ebio (海老尾). Dans celui-ci, on retrouve un espace ajouré qui contient le cheviller, l’itogura (糸蔵). Les trois cordes sont enroulées autour de ce dernier et sont tendues sur le haut du manche par le biais de chevilles qui traversent la pièce de bois. Celles-ci portent le nom de itomaki (糸巻). Exercer un mouvement de rotation sur ces dernières permet de régler la tension des cordes.

Source : photo personnelle.

Apporter une modification à ces différentes pièces va avoir un impact considérable sur le ton et le son du shamisen. En outre, il existe de multiples combinaisons de pièces, cordes et plectres qui vont également produire les mêmes changements.

De surcroît, vous l’avez sûrement remarqué dans l’extrait vidéo mais à la différence d’une guitare, le shamisen ne dispose pas de frettes, les ligatures permettant de changer les notes avec une plus grande précision. Ce détail témoigne du haut niveau d’habileté nécessaire afin d’obtenir la hauteur spécifique des notes.

Au regard de ces éléments, le shamisen est simple en apparence mais d’une grande complexité. Sur la photo ci-dessous, vous pouvez retrouver les différents éléments que je viens de citer.

Légende :

  • 1 : Dô (胴)
  • 2 : Kawa (皮)
  • 3 : Bachi (撥)
  • 4 : Doûkake (胴掛け)
  • 5 : Sao (棹)
  • 6 : Neo (音緒)
  • 7 : Ebio (海老尾)
  • 8 : Itogura (糸蔵)
  • 9 : Itomaki (糸巻)

Retournons maintenant dans le passé et découvrons l’histoire de cet instrument dont les racines sont enfouies au-delà de l’archipel nippon.

Histoire

Bien que de nombreuses hypothèses entourent l’histoire du shamisen (三味線), son origine semble s’enraciner en Chine. Sous la dynastie Qin (221-206 aCn) apparut le Xiantao qui évolua progressivement vers ce que l’on appelle le Sanxian sous la dynastie Ming, entre les XIIIe et XIVe siècle. Cet dernier est très intéressant car il possède différentes similitudes avec le shamisen au travers notamment de sa forme générale et de la présence de trois cordes,  la caractéristique dont il tire son nom.

Sanxian, XIXe siècle

Source : Sanxian (三弦 ) | Chinese | Qing dynasty (1644-1911) | The Metropolitan Museum of Art (metmuseum.org) (Domaine public)

Il serait ensuite arrivé dans le Royaume de Ryûkyû, la région actuelle d’Okinawa, à la fin du XIVe siècle. À ce moment-là, l’instrument portait le nom de sanshin (三線), littéralement trois cordes ou encore jamisen (蛇味線), une référence à la peau de serpent qui recouvre le corps de l’instrument et que possède également son homologue chinois. Il arriva finalement dans le port de Sakai, près d’Osaka dans la seconde moitié du XVIe siècle avant d’évoluer progressivement et d’adopter, dans le courant du XVIIe siècle, la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.

Une évolution notable se produisit entre le jamisen et l’instrument que l’on connait aujourd’hui. Celle-ci concerne la matière qui recouvre le corps de l’instrument. Comme je l’ai mentionné précédemment, le corps du shamisen est recouvert d’une peau de chat ou de chien mais il n’en fut pas toujours le cas puisque son ancêtre était recouvert d’une peau de serpent. L’explication est due à deux facteurs. Le premier fut la difficulté d’approvisionnement. Le second est en lien avec cette première explication car pour répondre à cette difficulté et dans une volonté d’amélioration, les japonais découvrirent que les peaux de chats et de chiens répondaient à cet objectif.

Sur la carte ci-dessous, vous pouvez voir le trajet parcouru par ce formidable instrument.

Source : monprof carte chine japon | patricia m | Flickr (Domaine public)

Mais son parcours ne s’arrêta pas là… Au fil du temps, il accompagna différents styles musicaux. C’est ainsi qu’il fut le partenaire idéal des chansons populaires mais il accompagna également le théâtre Kabuki, le bunraku et fut l’un des trois instruments composant le sankyoku : la réunion du shamisen, du koto et du kokyû, ce dernier étant un autre instrument à cordes et archet.

Il est temps de plonger à nouveau dans la musique d’Aki Sato et de découvrir ce qu’elle dissimule…

Tanuki

Elle nous emmena à la découverte d’une chanson intitulée Tanuki et qui est très représentative d’un autre style musical, le sakumono (作物). Mais de quoi s’agit-il ? Regardez la vidéo ci-dessous et vous pourrez en voir un aperçu.

Crédit vidéo: Arboretum Studio

Comme vous l’avez remarqué, Aki Sato accompagne son jeu avec un côté narratif qui est très présent dans ce style. Caractérisé par un contenu comique, ce genre musical n’en reste pas moins extrêmement difficile car il nécessite une diversité technique extrêmement riche.

En outre, le sakumono fait partie de ce que l’on appelle le jiuta (地歌) qui est un morceau de musique joué au shamisen et qui a vu le jour dans les régions de Kyôto et d’Osaka à la fin du XVIe siècle.

Notre aventure touche doucement à sa fin mais terminons sur une dernière note. Lors du concert, nous avons eu l’occasion de voir le parcours musical de chaque artiste et je n’ai pu m’empêcher de m’intéresser au parcours d’Aki Sato, Maitre de shamisen de l’École Nogawa (野川流). Cette dernière a été fondée par Nogawa Kenkô (… – 1717) entre les XVIIe et XVIIIe siècle. Durant sa vie, il édita 32 chansons et les transmit en tant que style Nogawa. Actuellement, il n’existe que deux écoles de jiuta dont l’école Nogawa qui perpétue la transmission de son fondateur.

À la lumière de ces informations, je pense qu’il n’est pas exagéré de dire qu’Aki Sato nous a offert bien plus qu’une performance, elle nous a permis d’entrer dans l’essence même de sa pratique musicale et nous a plongé au cœur même d’un héritage d’une valeur inestimable.

N’étant pas spécialiste de la musique traditionnelle japonaise, ce n’est pas un avis d’expert que je vous livre ici mais celui d’un passionné. Ainsi s’achève notre histoire qui, je l’espère, vous aura plu.

Je tiens à remercier le Trio Kanade et plus particulièrement Aki Sato ainsi que l’Arboretum Studio pour m’avoir permis de donner vie à cet article.

Je souhaite également remercier l’équipe de WalloNihon qui m’a soutenu dans son écriture, non sans peine.

Si vous souhaitez suivre ces artistes talentueuses, suivez les liens suivants :

Pour revoir le concert et découvrir le programme qui était proposé, une seule adresse, celle indiquée ci-dessous :

Immersion dans l’univers du Furoshiki

La fin d’année approche et tout doucement, un air de fête imprégnera l’air tandis que les vitrines se pareront de leurs plus belles décorations. Viendra ensuite le moment des cadeaux et à ce moment-là, nous aurons le choix de rivaliser d’ingéniosité afin de proposer des emballages originaux ou au contraire, d’opter pour la facilité et de nous reposer sur le savoir-faire des employés des différents magasins.

Si comme moi vous avez deux mains gauches, la solution de facilité est sans aucun doute celle que vous choisirez d’emblée.

Toutefois, j’ai eu la chance de découvrir une méthode originale, élégante et très écologique : le Furoshiki (風呂敷) qui n’est rien de moins qu’une technique traditionnelle de pliage et de nouage du tissu. D’ailleurs, ce terme désigne à la fois la technique que le tissu utilisé.

L’atelier

Après l’accueil chaleureux que nous a réservé Jacklyne, la fondatrice de Degrève’s Workshops, nous avons pu faire connaissance avec les autres membres du groupe tout en savourant de délicieux mochi accompagnés d’un thé excellent.

S’en est suivie une présentation très intéressante de l’histoire du Furoshiki avant d’entrer véritablement dans le vif du sujet. Nous avons pu nous essayer à différentes techniques et j’ai été agréablement surpris par Jacklyne qui n’a pas hésité à prendre le temps avec chacun, dépassant même la durée initialement prévue.

Sous ses enseignements, nous avons pu réaliser différents types de Furoshiki. De l’emballage simple en passant par celui à un nœud puis deux et en terminant par différents types de sacs. Il est intéressant de souligner qu’un syllabus nous a rapidement été envoyé par mail et contenant, entre autre, des mini-tutoriel.

L’apprentissage a-t-il fait ses preuves ? Comme tout apprentissage, il faut de la pratique. C’est ainsi que je me suis de nouveau exercer à plier, nouer le tissu mais un peu tardivement, je l’admets. Toutefois, voici le résultat. Alors, qu’en pensez-vous ?

Hirazutsumi (平包み)
Otsukaizutsumi (お使い包み)
Yottsumusubi (四つ結び)

Un peu d’histoire…

L’histoire du Furoshiki présente des zones d’ombre et il existe différentes hypothèses. Parmi les plus courantes,  son utilisation remonterait à l’époque de Nara, au VIIIe siècle. Il était alors employé pour protéger et transporter les objets de valeur comme les robes des prêtres, stockées encore aujourd’hui au Shôsôin (正倉院), le bâtiment utilisé pour conserver les trésors du temple Tôdai-ji (東大寺) de Nara. À ce moment-là, il portait le nom de Kesazutsumi (袈裟包み), Koromozutsumi (衣包み) ou encore Oozutsumi (大包み) et fonction du type d’objet à emballer.

C’est véritablement au cours de la période Edo, au XVIIIe siècle, qu’il prit le nom que nous lui connaissons actuellement. En effet, les kanji composant le mot Furoshiki peuvent être décomposés de la façon suivante : Furo (風呂), le bain et Shiki, du verbe Shiku (敷く), étendre. C’est ainsi que sous l’essor des bains publics, les japonais l’utilisait pour transporter leur nécessaire de toilette, leurs vêtements et s’en servait aussi comme tapis de bain.

J’espère que ce petit article vous aura plu.

Pour toute information complémentaire, je vous invite à suivre les liens ci-dessous.

Vous pouvez suivre Jacklyne via :

  • Instagram : @Degrevesworkshops

Vous pouvez également consulter son site Internet pour vous tenir informé de l’agenda des ateliers à l’adresse suivante : Degrève’s Workshops | Ateliers créatifs | (wixsite.com)

Interview de Francesco Serafini: Japan Film Festival de Bruxelles

Le rideau est sur le point de se fermer sur cette première édition du Japan Film Festival de Bruxelles… Toutefois, nous ne pouvions pas vous laissez partir sans vous proposez l’interview que nous a accordé Francesco Serafini, l’un des organisateurs de cet événement.

Sans plus attendre, voici le résultat de cette entrevue très conviviale et surtout très riche !

W : Quel est votre parcours ? Comment est né l’intérêt que vous portez au cinéma japonais ou, plus largement, à la culture japonaise ?

F : Je suis photographe de formation et de profession. J’ai eu l’occasion de collaborer comme photographe avec l’Institut de culture du Japon pour les 150 ans de l’amitié belgo-japonaise. Toujours avec ce même Institut, j’ai eu le plaisir de présenter mon travail lors d’un vernissage. En outre, il y a 5 ou 6 ans, l’Institut proposa des rétrospectives gratuitement. Grâce à cela, j’ai découvert de vrais bijoux, notamment une trilogie « Always – sunset on third street » qui est elle-même basée sur un manga.

F : Étant marié avec une citoyenne japonaise, j’ai eu l’occasion d’effectuer de nombreux voyages. Je suis également un cinéphile et sans fausse modestie, j’ai une grande connaissance du cinéma. Dans mon parcours, je me suis retrouvé au Bifff où j’ai fait la connaissance de Freddy et je lui ai exposé mon point de vue. En effet, on parle de cinéma coréen, chinois mais il n’y avait rien sur le cinéma japonais. Grâce au Bifff, j’ai pu rencontrer plusieurs metteurs en scène japonais et je me suis rendu compte qu’en Europe on ne connaissait que les grands maitres du cinéma japonais : Kurozawa, Mizoguchi, etc. mais qui peut me citer un grand nom du cinéma contemporain ?

W : Quels étaient les objectifs que vous poursuiviez au travers de ce festival ?

F : L’objectif principal était de faire de ce festival un événement familial et donc de montrer un énorme éventail des capacités cinématographiques japonaises.

F : Un second objectif était de mettre en avant de nouveaux metteurs en scène car le cinéma japonais continue d’évoluer même si près de 99% du cinéma japonais est basé sur des animés, des manga, comme l’exemple que je citais tout à l’heure. Le lien entre le cinéma et les manga est encore très présent.

F : Outre le cinéma, un troisième objectif était de montrer que la culture japonaise n’est pas que réservée aux citoyens japonais mais qu’il y un échange avec notre culture belge et que nous pouvons également l’intégrer.

W : Comment avez-vous mis en œuvre votre projet ?

F : Cela a été très difficile pour plusieurs raisons. Au début, tout se mettait en place progressivement, les sponsors étaient très réceptifs puis le Covid est arrivé et ils se sont retirés petit à petit. L’abandon progressif des sociétés qui souhaitaient nous soutenir m’a choqué. Ce qui nous a sauvé, ça été le soutien de Tour & Taxi qui nous a permis de raviver un sursaut d’intérêt mais le festival était déjà bien avancé. Bien que la Japan Fondation et la ville de Bruxelles nous aient subsidiés, nous avons dû investir des liquidités personnelles. F : La seconde difficulté fut le fait qu’il s’agissait d’une première édition et que cela suscitait une certaine méfiance.

W : Tout au long de votre projet, quels sont les aspects positifs que vous en avez retiré ?

F : Personnellement, j’ai beaucoup appris grâce à Freddy sur la mise en place d’un festival, les pièges à éviter.

F : Un autre point positif tient dans cette première édition. Il y a eu des erreurs et c’est donc l’occasion de les corriger pour la prochaine édition. En outre, j’ai beaucoup apprécié certaines collaborations que j’ai envie de maintenir pour le futur. Par exemple, l’équipe en charge de la gestion de Tour & Taxi car il faut le dire, le site est magnifique et pouvoir entendre les réactions du public lorsqu’ils entraient dans la salle en disant « Wouahh », ce fut gratifiant. F : J’ai eu la chance de voir énormément de films et l’ambassade du Japon en Belgique a été très satisfait de la programmation proposée lors de ce festival.

W : D’un point de vue organisationnel, quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées ?

F : Le fait que ce soit une première édition. C’était une nouveauté, cela n’existait pas avant. À cela est venu s’ajouter le Covid. Maintenant, nous avons ouvert une porte avec ce festival et la refermer maintenant serait un gâchis phénoménal.

F : Un autre point est que nous étions deux organisateurs et avec le recul, cela fut une difficulté hors norme.

W : Nous avons assisté aux activités mais par moment, nous avons été choqués par le manque de respect de certaines personnes.

F : Le cyclisme, c’est très bien mais certains cyclistes n’ont pas du tout été respectueux, c’est vrai. Tour & Taxi et moi-même en avons discuté et avons décidé de bien corriger cette erreur pour la prochaine édition.

W : Si c’était à refaire, quels changements apporteriez-vous changeriez-vous ?

F : J’aimerais raccourcir la prochaine édition et la ramener à une durée de 5 jours incluant un week-end. J’aimerais également inclure une thématique pour canaliser toute l’énergie japonaise et pour répondre à cette volonté d’échange entre le Japon et la Belgique/l’Europe. Ainsi, j’ambitionne de développer la cuisine l’année prochaine. À première vue, cela pourrait passer pour un sujet passe-partout mais que connaissons-nous en Europe de la cuisine japonaise ? Les sushi, les sashimi… Je pense que l’on ne connait que 10% de la cuisine japonaise.

F : Le festival mettra en parallèle films récents et vieux films et ces derniers seront consacrés à la cuisine. Par exemple, il y a « Tampopo » de Itami Juzo qui est un magnifique film et dans lequel on peut découvrir plusieurs acteurs qui ont connu un grand succès par la suite ! 

F : Mon fils de 7 ans m’a également soufflé une idée que j’ai envie de réaliser : une compétition de mangeur de sushi. En Europe, cela n’existe pas alors que ça pourrait être génial ! Il y a énormément de possibilités !

W : Voudriez-vous vous exprimer sur un autre sujet ?

F : Je pense qu’il faut connaitre ses pairs, connaître les grands maitres du cinéma japonais mais il ne faut pas oublier ses contemporains.

F : À côté de la seconde édition de ce festival, j’ai l’intention de créer un Pokemon Day en février 2022. Cela n’existe pas non plus ! Cela se fera à Tour & Taxi avec projection de films Pokemon, échange de cartes, etc…

F : La seconde édition est déjà en route et j’ai plusieurs idées. J’aimerais monter deux autres sections : les court-métrages et les documentaires en mettant en parallèle la vision japonaise et européenne. Par exemple, une heure de court-métrage européen ou belge sur la vision du Japon et inversement. Je pense que cela serait très parlant pour mettre en avant les échanges entre nos deux cultures.

F : Mon but maintenant est de réunir une équipe de passionnés, de personnes qui ont envie de faire un festival tout en liant la culture et le marketing qui, je le pense, sont tout à fait conciliables.

W : Merci pour le temps que vous nous avez accordé. L’équipe de WalloNihon ne manquera pas de suivre avec la plus grande attention la prochaine édition.

Si le cinéma japonais vous passionne et que vous souhaitez vous investir dans cette seconde édition, n’hésitez pas à prendre contact avec notre équipe qui ne manquera pas de relayer vos souhaits !

Vous pouvez également trouver plus d’informations sur la page Facebook du festival et son compte Instagram.

Facebook: Japan Film Festival Brussels | Facebook

Instagram: japanfilmfestivalbrussels

Si vous souhaitez découvrir les trailers des œuvres cinématographiques citées lors de cette interview, n’hésitez pas à consulter les liens ci-dessous.

Itchiku Tsujigahana : From shadow to light

“Fabric of Light. Itchiku Tsujigahana”, here is the title of the book that caught my eye in the middle of a myriad of bookshelves. It was sitting right there, in a former bookshop of Namur. I went through my precious find quickly and slowly at the same time. That growing feeling of curiosity has been quickly replaced by awe and amazement. A sophisticated, colourful and unexplored world was slowly but surely revealing itself in front of my overwhelmed eyes. This is how I began to discover what was hiding behind this title. The story of a man promoted to the rank of master, along with a method whose name is of obscure significance that will ironically allow him to come out of the shadow and step into the light all the way through Europe.

Let’s start our journey with the master Kubota Itchiku (久保田一竹, 1917-2003). His artistic path began very early in 1931 with the master Kobayashi Kiyoshi (小林清師) via the study of Yûzen (友禅) and Rôkechi (﨟纈) processes. Those two dyeing methods have direct filiation. The first one is characterised by the making of paste resist on the decorative patterns to protect these during the dye baths immersion. It is thus named by the one who modernized it in 1700, the Kyoto fan painter Miyazaki Yûzen (宮崎友禅, active from 1684 to 1703). The second one is older, its usage dating back to the days of Nara and is, for its part, a wax-resist.

Then, in 1934, he increases his artistic knowledge by studying figurative painting under the guidance and instructions of Ohashi Gekko (大橋月皎). Besides, in 1936, he began to study landscape painting, sansuiga (山水画) and suibokuga (水墨画), under the teaching of Kitagawa Shunko (北川春耕). Although at the end of the 18th century, Japanese landscape painting is influenced by Western realism, this movement is usually characterised by the idealized representation of reality with the use of specific shapes such as mountains, clouds, streams, etc. The same applies to the suibokuga painting in which landscapes are made with Chinese ink by playing on gradients to bring light and dark within the composition.

After discovery of his background and amazing career, I cannot help but think of other great names of the Japanese art like Ogata Kôrin (尾形光琳, 1658-1716) or Shibata Zeshin (柴田 是真, 1807-1891). The first one gave origin to the Rinpa school of painting and created lacquers of exquisite quality. The second one, man of many talents, definitely marked the 19th century. I’m neither an art historian nor an expert but, in my opinion, they do have a commonality : their study of painting leaving a mark in their work. Indeed, Louis Gonse (1846-1921) in his book “the Japanese art” described decorative arts as follows: “Any artist is a painter before being carver, lacquerer or ceramicist”. He adds: “Japan has such an amazing quality in the selection of its artists that it led to universality of abilities not often encountered with us”. Those were the words written by the author in 1883, which I believe continue to resonate this day seeing the career of Kubota Itchiku.

His discovery of the Tsujigahana process took place in 1937 at the Tokyo National Museum. There, in a display case, he saw a fragment of fabric whose brilliance sparked a great fascination within himself. The magic happened and never left his mind once. Not while he was doing his military service in 1938, neither during his mobilisation in 1944, or even throughout his detention in Siberia in 1948 after World War II.

Upon his return, and for about twenty years, he devoted himself to bring that lost in time process back to life. However, he didn’t want to meticulously use the original method step by step. His goal was the rebirth of its beauty via modern dyeing techniques, which gave rise to the Itchiku Tsujigahana. By combining tradition and modernity, the master paid tribute to this forgotten know-how.

Let’s continue our discovery with the original Tsujigahana (辻が花). It made its début at the beginning of the Edo period (1615-1868) and enhances the Yûzen process. Shrouded by an aura of light and mystery, the origin of the name itself is unclear.  The author Helen Benton Minnich, in her book “Japanese Costume and the Makers of Its Elegant Tradition” published in 1963 put forward two main hypotheses. The first one refers to an intertwined flowers pattern which finds its meaning in the kanji « 辻 » and the flower « 花 ». The second one, for its part, is related to “Tsutsujigahana” (つつじが花) which refers to objects dyed in red, similar to azalea flowers.

From a technical perspective, this one is based on the tie and dye method which consists of coloured patterns being produced in the fabric by gathering together many small portions of material and tying them tightly with string before immersing the cloth in the dyebath. However, the Tsujigahana pushed the method to the pinnacle of its aesthetic outcome by adding additional techniques to bring more nuances and details. The use of golden and silver leaves or ink, drawings and embroideries for a better rendition can also be noticed.

Let us now return to the master’s creation: the Itchiku Tsujigahana. There are different production methods and the following explanations are a short summary of the different steps explained in the book presented in the introduction of this article. The preparation of the silk kimono and its homemade background pattern mark the beginning of the process. Then, different parts of the fabric are assembled and tied with yarns to form small bumps. The next step may vary depending on the desired aesthetic goal, but generally, colours are placed on the small bumps before being covered with yarns. Thus, the colour is protected from the dye bath.

After the dye bath, the kimono is steamed, aiming to stabilize the colour. Then ensues a series of rinses followed by drying periods. The purpose of this sequence of operations is twofold. Firstly, draining the silk will allow it to absorb other colours. Indeed, silk can only absorb a certain amount of dye. For an Itchiku Tsujigahana, the author specifies that the silk is rinsed about fifteen times.

However, to achieve the desired effect, the colour is applied thirty times, which means that the material is rinsed nearly four hundred times. Secondly, stretch drying will prevent the silk from shrinking. At last, the yarns are carefully removed to avoid damages on the fabric. Then, embroideries and gilding are added as the final touch. As you will have gathered, creating a kimono takes a lot of time.

The final pieces definitely are unique items. A kimono isn’t simply a piece of clothing anymore but rather a true masterpiece. A striking and disconcerting beauty in which all aspects of nature are unveiled before our eyes in a poetry of colours. Plunge into the heart of Japanese aesthetics and feel the connection between nature, its beauty and Japanese society while admiring one of those kimonos.

The Master passed away in 2003 and could not achieve what seems to be the greatest project of his life: the “Symphony of Light”. It would be easy for me to explain his purpose but I urge you to explore the world of Itchiku Tsujigahana on your own. Imagine the different aspects of nature as an inseparable whole because when you look at a landscape, it is impossible to have an overview of everything that is taking place before your eyes. Take a look at the picture below and it will probably lead you to an awakening moment.

Our journey draws to a close, but the Tsujigahana Itchiku, for its part, travelled the world through multiple exhibitions that allowed the Western world to discover this extraordinary art. Thus, our beautiful country welcomed this unique collection several times. Firstly, in 1985, a first exhibition took place in Brussels at the INNO store. Secondly, in 1989, as part of the international exhibition Europalia. Finally, in 2016, at the Antwerp Fashion Museum.

This adventure of a lifetime was full of successes along with difficulties and while the work of the Master almost sadly vanished like its creator, Patokh Chodiev acquired the collection in 2010 and saved the Kubota Museum to promote and protect this unique art of the Japanese culture.

Nowadays, the Itchiku Kubota Art Museum, located near Lake Kawaguchi in the Yamanashi prefecture, opens its doors to visitors and allows everyone to enter the world of Itchiku Tsujigahana.

I would like to express my warmest thanks to Mr. Mudretsov Victor, a member of the International Chodiev Foundation, for all the photographs that illustrate this article and for sharing his knowledge.

Author: Sébastien Bourgeois

Translator: Flore Wiame

You can find further information on the collection and the International Chodiev Foundation via the following links:

Photo credits: The Kubota Collection