Atelier de fabrication de miso chez Nuu Miso

Bonjour à tous,

En octobre 2021, Ombline et moi avons eu la chance de participer au tout premier atelier de fabrication de miso organisé par Nuu Miso. Ce fut une très belle expérience gustative, l’accès à une multitude d’informations et surtout, une belle rencontre.

Nous avons été accueillies par Hiro san qui a eu à cœur de nous transmettre sa passion, ses connaissances et sa gentillesse.

Je vous présente Hiro san

Elle a commencé par nous expliquer comment est née l’aventure « Nuu Miso ».

Dans nos contrées, le seul miso qu’on peut trouver est importé du Japon, soit il est pasteurisé ou s’il ne l’est pas, il a subi un traitement ou un ajout d’additif qui stoppe la fermentation.

L’équipe de nuu miso a donc voulu retrouver le vrai bon miso traditionnel et vivant, d’abord par passion plus que pour le côté commercial. Ils souhaitent avant tout partager leur savoir-faire. Ils ont également fait le choix de n’utiliser que des ingrédients bio.

TOUT D’ABORD, QU’EST-CE QUE LE MISO ?

Le miso ( 味噌・みそ) est un aliment qui se présente sous forme de pâte fermentée, à haute teneur en protéines, de goût plus ou moins prononcé selon la fermentation et relativement salé.

Il y a trois grandes catégories de miso : le miso de riz (riz et soja), le miso d’orge (orge et soja) et le miso de soja (uniquement soja). Et il y a encore plusieurs sous catégories selon la région ou la durée de fermentation (blanc, rouge, jeune, mi-vieux, vieux, doux, brut, etc.). On peut également fabriquer du miso avec d’autres légumineuses telles que le pois chiche ou les lentilles.

La fabrication du Miso est un savoir-faire particulier : c’est une alimentation vivante, incluant des procédés qui évoluent selon les conditions de fabrication. Le miso est fermenté dans une pièce où il y a des fluctuations de température qui influencent le miso, lui-même étant composé de bactéries vivantes .

Anciennement au Japon, chaque foyer et chaque région avait sa propre recette de miso.

Particularité propre à nuu miso, les fûts de fermentation :

Traditionnellement, les fûts de Saké en bois étaient toujours recyclés par les ateliers de fabrication de shoyu ou miso. La vie du fût en bois durait environ 30 ans chez le fabriquant de saké, puis 100-150 ans dans les ateliers de miso ou de shoyu. Ainsi, les artisans pratiquaient le recyclage des fûts de bonne qualité.

Nuu miso fait renaître cette pratique traditionnelle avec des fûts de vin en bois : les fûts s’enrichiront de plus en plus de bonnes bactéries au fur et à mesure de leur utilisation, donnant un goût particulier au miso. Cela donne ainsi un miso unique, « travaillé » avec du vin européen !

PASSONS A LA FABRICATION…

PREMIERE ETAPE : LE KOJI

Préparer le miso n’est pas une mince affaire ! Il faut commencer par une étape très difficile mais importante : la préparation du koji. L’équipe de Nuu Miso doit le produire elle-même car on n’en trouve pas chez nous.

Le koji est du riz cuit à la vapeur puis ensemencé à l’aide du champignon microscopique Aspergillus oryzae qu’on ne trouve qu’au Japon. La fermentation du koji dure 3 jours et il faut respecter une procédure, une température et un niveau d’humidité précis.

Notons qu’il est possible de faire du koji avec d’autres plantes comme l’orge ou le soja…

Avant qu’on lui ajoute du sel pour stabiliser sa fermentation, le koji a un étonnant goût sucré qui m’a beaucoup plu personnellement.

Le koji est capital car il sert d’amorce à la fermentation du miso mais il a également beaucoup d’autres applications importantes telles que l’élaboration de l’amazaké (boisson de riz pas ou peu alcoolisée), le mirin, le shoyu (sauce soja) et bien sûr, le célèbre saké ! Il y a encore beaucoup d’autres possibilités gourmandes ! Le koji est donc vraiment fondamental dans la gastronomie japonaise.

Permettez-moi de faire une toute petite parenthèse sur le saké…   
Au Japon, le terme « Saké (酒) » désigne l’alcool au sens large. Ce que nous appelons « Saké » pour indiquer l’alcool issu de la fermentation du riz se nomme en réalité « Nihonshu (日本酒) » et il titre entre 14° et 17°.

Notons encore que le saké japonais (nihonshu) n’a absolument rien à voir avec le saké qui nous est proposé dans les restaurants chinois chez nous. Celui-ci est en réalité du « Baiju » (白酒 – alcool blanc), un alcool distillé qui titre entre 40° et 60°…
DEUXIEME ETAPE : LE SOJA

Maintenant que le koji est prêt, il faut préparer les fèves de soja… Après le trempage durant de longues heures vient le moment de les cuire. La durée de la cuisson est assez longue et dépend surtout des fèves utilisées, leur degré de déshydratation, etc. Le soja est cuit quand on peut l’écraser entre les doigts.

Après l’avoir égoutté et tant qu’il est chaud, il faut le réduire en purée. Pour nous aider, l’usage de mixers est vraiment bienvenue car la fève de soja, même correctement cuite est tout de même un peu résistante. On s’y met ensemble à tour de rôle…

TROISIEME ETAPE : L’ASSEMBLAGE

C’est maintenant l’heure de réunir les différents ingrédients. En plus du koji et du soja, il faut ajouter du sel dans des proportions très précises. La quantité de sel diffère en fonction du poids total du koji (et donc de son taux de sel déjà présent) et du soja (pesé à sec). Il faut également tenir compte de la durée de fermentation souhaitée, moyenne ou plus longue.

Ce sont vraiment des calculs savants pour déterminer le grammage exact de chaque ingrédient. Attention à ne pas oublier d’ajouter un peu de vieux miso pour faciliter et accélérer la fermentation.

Autre point important, chacun doit mettre la main à la pâte, littéralement. Ombline s’est prêtée à mon objectif pour la photo mais nous avons tous malaxé le mélange. Hiro san nous a expliqué que les bactéries présentes sur nos mains (lavées bien sûr) ont une influence notable sur le goût final du miso.

Ainsi, à recette rigoureusement identique, le goût final sera différent selon les personnes qui auront préparé le miso. Hiro san nous a encore dit que dans certains villages du Japon, traditionnellement, lors de la préparation annuelle du miso, il était très important que chacun des habitants participe à cette étape du processus.

Cette information culturelle ouvre sur une dimension communautaire du miso que je ne soupçonnais absolument pas. Cela m’a fait saisir encore plus l’importance du miso, pas seulement dans la cuisine, mais dans la culture japonaise en général et cela m’a beaucoup touchée.

Voici à quoi ressemble le miso à cette étape. Les grains de koji, parfaitement visibles à ce stade, disparaîtront pendant la fermentation
QUATRIEME ETAPE : LA FERMENTATION

Une fois que la préparation a bien été mélangée et malaxée par chaque personne, il faut mettre le tout nouveau miso dans un récipient pour qu’il puisse reposer et fermenter. Lorsque l’on goûte le miso à cette étape, il est extrêmement salé mais bien entendu, son goût va s’affiner avec le temps.

Hiro san nous met en garde au moment de mettre le miso dans le récipient (désinfecté au saké): le miso n’aime pas l’oxygène ! Il faut à tout prix faire en sorte de bien tasser des boulettes de miso progressivement avec le poing afin d’éviter toute bulle d’air à l’intérieur du pot.

Quand le récipient est bien rempli, on ajoute une bonne couverture de sel par-dessus le miso pour le protéger et on ferme avec le couvercle. Ensuite on le place dans un endroit à température ambiante et on n’y touche pas.

Après 4 mois, il faut enlever la couche de sel et retourner le miso dans sa boîte puis on le laisse à nouveau reposer pendant encore au moins 4 mois. A l’issue de ces longs mois d’affinage, le miso est prêt et peut offrir son goût délicieux et ses bienfaits. Pour stopper la fermentation quand il est « à point », il convient alors de le mettre au frigo.

A l’heure où j’écris ces lignes, mon miso n’a pas encore 4 mois et je ne peux donc pas vous montrer mais je ferai une mise à jour à ce moment-là. Rendez-vous en février 2022 😉

UPDATE: Nous voici en février 2022, mon miso a maintenant 4 mois et je l’ai retourné, comme prévu.

Voici ce que j’ai pu observer en retournant mon miso:

  • La couleur a évolué et il est devenu un peu plus « doré »
  • Le koji est encore visible mais est déjà plus discret par rapport au moment de la fabrication
  • La consistance fait penser à une crème très épaisse et compacte
  • Le miso a une bonne odeur
  • Il a déjà un bon goût même si on sent qu’il est encore trop jeune

Ce miso promet d’être fantastique et j’ai hâte qu’il arrive à maturité ! Je vous donne maintenant rendez-vous entre juin et août 2022 pour voir comment mon miso aura évolué.

Petit aparté :
Après une très longue fermentation, un liquide apparaîtra en plus du miso, ce liquide c’est le tamari. Ce tamari ressemble à s’y méprendre à la célèbre sauce soja (shoyu en japonais) mais quelle est la différence entre les deux ? 

Le shoyu, bien que largement utilisé au Japon, est d’origine chinoise et contient du blé pour adoucir son goût. Le tamari, lui, est un produit d’origine purement japonaise et possède un goût plus riche mais contient également plus de sel. Notons qu'il a l’avantage d’être sans gluten et donc, sans danger pour les intolérants.
CINQUIEME ET DERNIERE ETAPE : LA DEGUSTATION

Hiro san nous a préparé une délicieuse soupe miso avec du bouillon dashi, des haricots de soja, de la patate douce, des champignons et bien entendu… du miso ! Pour cette soupe, elle nous a fait découvrir le miso de pois chiche et c’était vraiment délicieux.

Pour accompagner, nous avions du riz avec du kurumi miso, un condiment à base de miso sucré aux noix, c’était d’une gourmandise incroyable, j’ai adoré !

Bien entendu, le miso de soja est lui aussi à tomber par terre ! J’en ai d’ailleurs acheté un peu pour pouvoir déjà en profiter en attendant que mon bébé miso s’épanouisse… Je ne me vois plus acheter du miso dans le commerce, tant le miso de chez Nuu Miso est sans comparaison. J’en bave rien que d’y penser hi hi hi

D’un point de vue cuisine, sachez que le miso peut remplacer avantageusement le sel ! Il apporte un goût plus complexe, plus riche. On peut par exemple donner du caractère à une sauce bolognaise en ajoutant du miso dedans. N’hésitez pas à faire des expériences !

POUR ALLER PLUS LOIN…

Le miso vivant a beaucoup de bienfaits pour la santé physique : il contient beaucoup d’acides aminés, vitamines, et minéraux. Par la richesse des bactéries qu’il contient, il renforce la flore intestinale.

Les études au Japon ont déjà montré que les personnes qui mangeaient du miso tous les jours avaient moins de chance d’être atteintes de maladies comme : cancer, hypertension, artériosclérose, ulcère gastro-duodénal, de l’estomac, etc. Il a un effet antioxydant, donc anti-vieillissement, qui va renforcer le système immunitaire.

Le miso de Nuu miso est bon pour le côté social et environnemental : « Nuu miso contribue aux circuits courts en privilégiant les matières premières locales et issues de l’agriculture biologique (notre soja bio est cultivé en Belgique). Nous sommes très sensibles à l’économie durable et à l’écologie, qui sont aussi à la base de notre projet : sensibiliser en proposant une solution concrète. En plus, dans la fabrication de miso, il n’y a (quasiment) aucun déchet ! »

Pour en découvrir plus, je vous invite à visiter…

Gochisousama deshita!